Investissement agricole
Le parent
pauvre
En bout de
raisonnement après les débats du 20 septembre sur le secteur agricole, au
sein de la Chambre des députés, on en arrive à constater que si celui-ci
reste en deçà des espoirs fondés sur lui, c’est en bonne partie à cause de
l’intérêt marginal que lui portent nos hommes d’affaires.
Quelque 78 députés ont pris la parole dans le débat sur le budget du
ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques pour commenter et
s’interroger, ne laissant nulle place sans l’ausculter à la loupe. Car, en
Tunisie, le domaine de l’agriculture est plein de vie, bénéficiant de
réformes successives, véhiculant aides et crédits, accueillant des
investissements lourds comme les barrages, les stations de désalinisation…
Cet intérêt justifié de nos législateurs contraste avec l’attitude de ceux
qui devraient pourtant en être les chantres et les défenseurs.
Il faut ainsi se rendre à l’évidence qu’il y a une sorte de malaise quand on
examine les investissements privés. Bien sûr, de nombreux hommes d’affaires
semblent avoir trouvé leur vocation dans le secteur agricole mais un autre
nombre, non moins important, le regarde encore comme entièrement dénué de
plus-value, ignorant que, depuis plusieurs années, l’agriculture a donné
jour à une gamme impressionnante de produits hautement « populaires ».
Dans le barème des meilleures exportations mondiales dans ce domaine, des
produits pratiquement inconnus, marginalisés ou extrêmement localisés, il y
a vingt ans, occupent désormais le devant de la scène. Il s’agit d’abord de
la gamme exotique, et pas seulement les fruits puisque de nombreux légumes
attirent déjà une forte demande. Il y a ensuite la gamme florale qui
s’élargit sans cesse pour dépasser les fleurs à parfum et les fleurs à
sécher vers les fleurs gustatives et les fleurs de pharmacopée. Et puis il y
a tous ces produits bio qui ont même dépassé la dimension alimentaire pour
s’imposer carrément comme une mode, avec ce que cela implique d’engouement
et d’opportunités : le miel bio, le beurre bio, les céréales bio… et la
liste est très longue.
Les chefs d’entreprise tunisiens qui ont décidé de sauter le pas n’en ont
qu’à s’en féliciter aujourd’hui. Et il est dommage que toutes ces
perspectives, qui sont encore largement ouvertes, ne profitent pas au reste.
Maryam OMAR
22- 12 – 2004 ::
08:00
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