Les banques travaillent, en très grande partie, avec l’argent de leurs
clients. Sur un total de 16.383 MDT en ressources monétaires et
quasi-monétaires des banques commerciales au cours de l’année 2003, une peu
plus de 15.021 MDT sont en effet constitués par les dépôts à vue et à terme des
résidents, les comptes d’épargne et l’épargne logement exception faite de
ces deux derniers types d’épargne, rares, très rares sont les banques qui
rémunèrent les dépôts à vue ou même les dépôts à terme, bien au contraire.
Dès que l’argent des clients est déposé dans une banque et pour tout
mouvement sur un compte courant bancaire, il commence à payer un loyer. Sur un total du produit net bancaire (PNB) pour l’ensemble du secteur
bancaire commercial de 926,6 MDT en 2003, les commissions sur les opérations
bancaires ont représenté un montant de 208 MDT, un chiffre en augmentation
de 3,7 MDT par rapport à 2002. Cela représente un peu plus de 22% du total
du PNB des banques commerciales.
Nous avons pu comparer les conditions de banques de 9 institutions
financières. Notre choix s’est volontairement porté sur les plus anciennes banques commerciales de la place. Nous avons ensuite
choisi de comparer les coûts ou tarifs d’opérations bancaires ordinaires
quotidiennes, pour un commerçant ou un homme d’affaires ou un simple
client. Des opérations telles que le crédit, les opérations par chèques ou par
effets, les virements ou les frais de tenue de compte, ainsi que la
commission d’affiliation sur les cartes bancaires. Les informations n’étant
pas toujours disponibles, sur les documents relatifs aux conditions de banques telles que publiées
sur le site de l’APTBEF, la comparaison s’est faite sur la base du tarif
maximum.
De la tenue de compte au virement
Pour les comptes chèques, la commission de tenue de compte la moins chère se
trouve à la STB où elle est de 3 DT par trimestre ; ces frais peuvent
atteindre chez certaines banques privées 20 et 22,5 DT par trimestre. Pour les comptes courants, la plus chère
la facture à 25
DT. Pour l’encaissement d’un chèque
en local, la BS reste la plus, «originale» on va dire, puisqu’elle résiste
encore et persiste à appliquer la commission de télécompensation. La banque
la plus chère la facture à 1 DT et la banque la moins chère semble être
la STB et la BNA avec les 0,3 DT affichée. Le reste du secteur oscille entre
0,5 et 1 DT par opération.
Les effets, à l’encaissement ou à l’escompte en local font aussi l’objet
d’une rude concurrence. La banque la plus chère la facture à 6 DT par opération, l’escompte en local peut
atteindre les 12 DT. Mais la majorité des banques facturent cette opération entre 1,5
et 4 DT. Côté virement, s’il est reçu, il peut être facturé jusqu’à 5 DT,
chez la plupart des banques le seuil est à 0 DT et le plafond
est généralement à 1,5 DT. Pour un virement émis, le coût
moyen est de 1,5 DT.
A toute cette panoplie de commissions, et elles remplissent plusieurs pages sur Internet et vont de 30 à plus de 90 types de commissions, il
faudra ajouter d’autres. A chaque mouvement d’entrée, de sortie, de
mouvement, de changement de quelque chose que ce soit, votre argent doit
payer des frais. La banque reçoit votre argent, ne le rémunère pas
et vous fait payer toutes les opérations.
Du nombre de ces commission qu’on trouve rarement sur les conditions
de banques (telles que publiées sur le site de l’APB), il y a celle de clôture
de compte, comme si elle était faite pour vous rendre difficile l’idée
d’aller faire jouer la concurrence chez une autre banque. Et pourtant, on
est bancarisé de force, puisqu’il est obligatoire d’avoir un compte bancaire
pour recevoir son salaire ! La gratuité des services ne devrait-elle pas
être la compensation logique de cette obligation ? Les banques ne
vivent-elle pas, même en partie, grâce à cet argent qui travaille chez eux
et génère des commission et des intérêts, sans pour autant qu’il soir
rémunéré ?
Les crédits
les plus chers
En matière de crédits aussi (Tous types confondues, court, moyen et
long terme) les taux ne sont pas loin les uns des autres, bien qu’il y ait
des produits pour lesquels ces taux peuvent descendre jusqu’à TMM+1,25%.
Avec un maximum de TMM (Taux du marché monétaire) majoré de 5,5 points,
exception faite de la BNA qui affiche un TMM +4%. A noter que les taux
oscillent, théoriquement, entre TMM+0,5% et TMM+5,5%.
Autre opération et non des moindres, puisqu’elle fait partie des mesures
prises pour la promotion de l’utilisation des cartes bancaires, celle
relative à la commission d’affiliation que doit payer le commerçant sur
chaque transaction payée par la carte bancaire. On en avait beaucoup parlé
et la Société Monétique Tunisie a «crié sur tous les toits» et assuré
qu’elle n’était plus que de 1%. Sur les 9 banques comparées, 3 ne
l’indiquent pas sur leurs conditions de banques. La
seule banque à appliquer la mesure d’encouragement à l’utilisation des
cartes et à l’affiliation des commerces dans ce processus de promotion de la
monétique, est la BT. Pour toutes les autres
cela dépasse de loin le 1% annoncé par la SMT, il peut même atteindre les 6%, alors que
la majorité tourne autour des 5%.
Et le consommateur dans tout cela ?
Dans un autre classement, fait par la Steg et relatif à la commission
bancaire sur les factures d’électricité, on se retrouve avec des commissions
qui peuvent atteindre un maximum de 1,180 DT et un minimum de 0,590 DT. Mais là, il s’agit de la Steg et elle a les
ministères de l’industrie et des finances pour la défendre ! Les grosses
entreprises peuvent, également et de leur côté négocier pour avoir des commissions de
faveur et parfois, ne pas payer de commission tout court. Le client normal,
devrait avoir une ODC plus engagée qu’elle ne l’est actuellement dans sa
défense.
Ailleurs en effet, les associations de défense des
consommateurs engagent des actions pour pousser les banques à diminuer leurs
commissions sur les opérations bancaires et la commission européenne
planche, actuellement, sur la question de la rémunération des dépôts de la clientèle.
En Tunisie, il a fallu l’intervention de la tutelle, pour que les banques
diminuent les commissions perçues sur les comptes spéciaux d’épargnes et qui
arrivent à dépasser les taux de rémunération de cette même épargne. Lorsque les
pompistes portent plainte contre la commission de télécompensation, les
banques lui trouvent un vice de forme, changent la commission de nom et
continuent à la percevoir, bien qu’elle soit classée parmi les commissions
non récupérables.
La comparaison des conditions de banques des différentes institutions,
publiées sur le site de l’APTBEF et mis à jour au 1er juillet 2004, s’avère
être une véritable galère, on se retrouve avec des documents qui vont d’1 page à
12 pages, selon les banques. Sur les 9 banques de notre comparatif, 4
banques ne mentionnent pas, par exemple, les taux applicables aux
découverts, 3 banques seulement indiquent les taux appliqués aux crédits à
la consommation, … Ne serait-il pas plus simple d’imposer un model unifié,
permettant aux utilisateurs de retrouver, rapidement et quelque soit la
banque, les conditions relatives aux différentes opérations bancaires. Un
document qui permettrait de retrouver les mêmes rubriques et aux mêmes
endroits.