Les deux déclarations ont été communiquées à la Bourse en janvier 2005.
Elles n’ont en apparence aucun lien entre elles. Le lien de cause à effet
existe bien cependant.
En premier lieu, c’est l’UBCI (Union Bancaire pour le Commerce et
l’Industrie), qui annonce un franchissement de seuil à la hausse, dans
le capital de l’UTL (Union Tunisienne de Leasing). Le nombre, le
pourcentage d’actions et de droits de vote détenus directement ou
indirectement par la banque avant le franchissement du seuil, représentaient
54,55 % du capital de la société de leasing. Par cette dernière action,
l’UBCI acquiert 15,34 % du capital. L’UBCI qui détient désormais 69,89% du
capital de l’UTL, déclare envisager de poursuivre l’acquisition de
nouvelles actions et de nouveaux droits de vote. En second lieu, c’est La
Carte (Compagnie d’Assurance et de Réassurance Tuniso Européenne) qui
déclare avoir cédé en bourse, les 9,64 % qu’elle détenait dans le capital de
l’UTL, pour n’en laisser que quelques 0,20%.
Ce qu’il y a lieu de noter, c’est que La Carte avait été l’un des fondateurs
de cette société de leasing. Sa sortie, qui peut sembler incompréhensible, a
certainement soulevé des questions. Elle n’en a pas moins ses raisons et ses
explications. Il y a d’abord cette « bonne résolution », prise lors de la
dernière visite chez La Carte, des experts de Standard & Poor’s de «
continuer à rééquilibrer son portefeuille de placements, au profit de titres
à revenus fixes ». De là, vient cette décision de vente des actions UTL,
dans ce que le management de l’entreprise appelle un «recyclage du
portefeuille» et de mettre désormais l’action sur le placement à court
terme. Décryptage, La Carte investira désormais dans les BTA et dans le
placement monétaire.
Il y a ensuite, ce qui semble être une conviction du management du groupe
Doghri. «On a joué notre rôle d’aide à la création et d’accompagnateur.
Nous considérons que l’activité de leasing a désormais beaucoup plus besoin
d’appui bancaire. De là, Stratégiquement notre présence n’était plus
justifiée» commente le management de La Carte. Cela est d’autant plus vrai,
que le groupe Doghri a l’intention de sortir
de tout le secteur du leasing. Chez l’ATL, La Carte dispose aussi d’une
participation de 4,84% du capital de l’ Arab Tunisian Lease.
L’annonce est officielle, l’entreprise vendra aussi ces 4,84%
Un «BB+» de chez S&P, pour la solidité financière !
C’est l’une des rares entreprises, cotées sur la bourse, qui se fait noter
chez Standard & Poor’s (S&P). Le 13 octobre 2004, l’agence londonienne
confirmait la note « BB+ » de l’assureur tunisien et ses perspectives
stables. Cette note reflète, selon le communiqué de S&P, une flexibilité
financière limitée qu’il explique par la réticence de son actionnariat à
augmenter le capital, une politique d’investissement et une gestion
financière agressives dans la mesure où l’entreprise n’hésite pas à investir
en bourse. L’agence de rating estime toutefois, que «La Carte témoigne de
solides performances opérationnelles et d’une bonne position concurrentielle
sur le marché tunisien et d’une bonne solvabilité ».
Parlant encore de cette entreprise, pourtant classée 4ème pour les
provisions techniques par l’Économiste Maghrébin après la Star notoirement
déficitaire et lourdement sous provisionnée, l’agence de notation estime
aussi que «les fondamentaux techniques sont de bonne qualité et solides à
travers le cycle, soutenus par une moindre dépendance à l’égard des revenus
financiers et une volatilité contrôlée sur les cinq dernières années». Ne
tarissant pas d’éloges (sans pour autant lésiner sur les critiques) envers
cette entreprise, S&P affirme que «les performances opérationnelles (de La
Carte), devraient continuer à être solides avec un ratio combiné net proche
de 100% et les marges opérationnelles, provenant de sa diversification en
assurance vie, devraient progressivement s’accroître ».
L’agence Standard & Poor’s ne manque pas non plus de critiques, parfois
acerbes, à l’égard de cette entreprise. Elle évoque ainsi de modestes fonds
propres en valeur absolue, ou en disponibilités liquides, une flexibilité
financière limitée, au regard de la structure actuelle de son actionnariat,
un poids d’actifs hors titres à revenus fixes dans le portefeuille de
placement élevé pour son profil de risque. Elle ajoute même que « il ne
devrait pas s’améliorer significativement au regard du montant actuel des
fonds propres ».
On notera que le chiffre d’affaires 2004 de cette compagnie d’assurances,
la seconde cotée avec l’Astrée, devrait selon certaines informations,
connaître un léger fléchissement de 3,7%. L’explication pourrait se trouver
dans le retrait d’une importante police d’assurances d’une société publique
confiée à une entreprise d’assurances publique. On croit savoir cependant, que le
résultat technique 2004 de « La Carte », ne devrait pas souffrir de cette
baisse du chiffre d’affaires. Il pourrait même, tout comme le résultat net,
enregistrer une hausse de 10%, selon ces mêmes sources, par rapport à
l’année 2003.