L’article
sur l’importation des véhicules a suscité la réaction d’ un nombre important
de nos lecteurs.
Ce type de réactions ne nous laisse pas indifférents dans la mesure où elles
reflètent une réelle exaspération, voire une certaine colère de la part des
citoyens tunisiens . Et comment donc ? Par exemple ,l’ un de nos lecteurs
nous a affirmé qu’il attendait depuis 4 ans et demi un véhicule type 4CV
(sans faire de publicité à la marque)! «Les délais d’attente avoisinent bien
les 5 ans et non les trois ans que vous avez indiqué» nous a-t-il fait
remarquer. Vérification faite , cette affirmation est, malheureusement,
confirmée : «Cinq ans d’attente, n’est-ce pas un peu trop, quand la
livraison est immédiate dans d’autres pays ? » nous demande-t-il .
Les pays qui pratiquent la livraison immédiate sont très nombreux et il ne
s’agit pas uniquement des pays occidentaux. Au Maroc, pays dont l’économie
est la plus proche de la nôtre, l’achat d’un véhicule se fait en une
journée. Soit moins de 24 heures ! Le client passe sa commande au
concessionnaire le matin, règle son achat (que ce soit en cash ou à crédit),
et il s’en va avec son véhicule l’après-midi même avec sa carte grise, sa
plaque d’immatriculation, son assurance et sa taxe ! Entre quelques heures
et quelques années d’attente, avouons qu’il y a une belle et nette
différence !
En Algérie, les délais d’attente sont supérieurs au Maroc, mais restent bien
inférieurs aux nôtres puisqu’un client peut avoir son véhicule dans un délai
variant de un à deux ans au maximum. Pourquoi ces attentes qui n’avantagent
ni les clients, ni les concessionnaires et qui font que notre parc
automobile soit moins jeune que celui d’autres pays ?
S’il est évident qu’avec plus de 800.000 véhicules circulant actuellement
dans le pays, notre circulation souffre de l’exiguïté de nos routes et de
nos villes comparativement aux autres pays, mais la vétusté du parc
n’est-elle pas dangereuse, polluante et surtout coûteuse ? Par coûteuse, il
ne s’agit pas de le comprendre uniquement en termes de volet finances , mais
également en termes de volet vies humaines. Les statistiques des accidents
de la route sont effrayantes par leur éloquence !
Par ailleurs , un autre lecteur d’un avis contraire semble opposé à ces
importations de véhicules et fait l’éloge des transports en commun. Ce
lecteur semble avoir des problèmes quotidiens de stationnement. Privilégiant
parfaitement les transports en commun et mettant en exergue ses avantages,
il s’interroge sur l’avancement des travaux attendant avec impatience, a
priori, qu’il puisse garer sa voiture loin du centre ville pour prendre
ensuite le métro, le bus, une navette ou encore le train pour aller d’une
ville à une autre à travers le pays. Parmi les avantages qu’il cite des
transports en commun, l’économie en temps et en carburant.
A vrai dire, les deux politiques ne sont pas contradictoires. Le fait
d’encourager les transports en commun ne signifie pas l’arrêt de
l’importation des véhicules. Que les transports en commun en Tunisie ne
reflètent aucunement les avancées extraordinaires de notre pays sur
plusieurs autres plans est indéniable. Il suffit de s’arrêter à une station
de bus ou de métro à une heure de pointe pour s’en apercevoir : délais
d’attente souvent très longs , absence de ponctualité et rames ou bus
bondés. Des bus démarrant la porte ouverte ne sont pas rares, et on en voit
tous les jours et pas seulement à Tunis.
Les accidents ne sont pas rares non plus. Conscients de ces faits , les
autorités publiques ont mis en place une politique pour le Xième et XIième
Plan consistant à allonger les circuits de certaines lignes de métro et la
mise en place d’un transport multimodal avec un moyen de transport
ressemblant au RER parisien. Ainsi, El Ghazala, El Mourouj, Manouba ou
encore Ennasr (pour ne citer que Tunis) seront désormais desservis par des
moyens de transport modernes.
En attendant que ces différents moyens de transport soient opérationnels,
nos villes continuent à souffrir de gros embouteillages. On a mis en place,
face à cela, des programmes d’infrastructures de routes et d’échangeurs. A
ceux de Borj Louzir et de la Soukra et d’Ennasr qui s’achèveront dans les
semaines à venir, sont programmés un échangeur sur le Boulevard 7 Novembre
au niveau de la Clinique Ettaoufik, un autre sur la Z4 au niveau de l’Abou
Nawas Tunis, un pont reliant la Goulette à Radès et bien d’autres projets
encore visant l’allègement des embouteillages et la fluidité de la
circulation.
Toujours est-il bon de souligner que les embouteillages à Tunis restent
nettement moins importants que dans plusieurs autres grandes villes
occidentales : Paris (qui a d’extraordinaires transports en commun) ou Los
Angeles et New-York (qui ont des transports en commun catastrophique).
Autrement dit, il faudrait relativiser nos problèmes sans les minimiser, ni
les exagérer. Il faudrait encourager l’importation des véhicules afin que
chaque citoyen qui le désire ait le sien propre et ne soit pas obligé de
subir les affres des transports en commun, tout en mettant tout en oeuvre
pour que les moyens de transport tunisiens soient à la hauteur de la Tunisie
moderne . D’ailleurs, l’Etat s’active, malgré les réticences actuelles, et
l’on sait parfaitement que la prochaine libération du marché permettra à
plusieurs Tunisiens de concrétiser leur rêve de posséder une voiture !