Commerce international
Exorciser les causes de la frilosité
Par
Maryam OMAR
L’organisation
Mondiale du Commerce vient de poser une question d’une grande simplicité ,
question que nous croyons également pouvoir adresser telle quelle à nos
entreprises : « Pourquoi les petits pays en développement ont-ils des
craintes à propos des négociations commerciales multilatérales ? »
Selon l’OMC, on peut classer en gros les sources de ces craintes en trois
catégories génériques :
• La crainte de ne pas saisir l’importance des questions en jeu ou de ne pas
posséder les qualités de négociation ainsi que les ressources nécessaires
pour prendre part, de manière effective, au jeu difficile des négociations.
• La crainte des conséquences négatives des négociations : la perte
d’emplois, des marges préférentielles et de la sécurité alimentaire, la
détérioration (en termes commerciaux) de la balance des importations et les
coûts supplémentaires de l’installation de systèmes complexes de
réglementation comme ceux afférant aux droits de la propriété
intellectuelle.
• La crainte de ne pas être compétitifs en matière de qualité, prix et
gammes de produits.
Pour revenir au secteur privé tunisien, ces trois craintes semblent lui
convenir exactement à cause des trois mots clefs qu’elles véhiculent :
négociations, ressources, qualité/prix. Nous sommes ainsi profondément
convaincus que la soi-disant « frilosité » des entreprises tunisiennes qui
implique si peu d’agressivité à l’égard des marchés étrangers est, en
vérité, un mythe. Nous ne croyons pas le moins du monde que nos entreprises
aient « peur » des marchés étrangers mais, tout simplement, qu’elles ne
s’estiment pas encore prêtes pour l’aventure .
Du moins en ce qui concerne le gros des troupes, puisque certaines d’entre
elles ont déjà montré depuis belle lurette qu’elles n’avaient rien à envier
à quiconque quand il s’agit d’aller frapper aux portes du monde.
Dans le fond de leur cœur, si l’on ose dire, nombre de nos chefs
d’entreprises , craignent que leurs équipes (souvent réduites au minimum )
et que leurs ressources humaines ne soient pas capables de s’imposer face
aux cadres de haut niveau avec lesquels ils auront à négocier , dans les
grands marchés , la place qu’ils convoitent . Ils craignent aussi de ne pas
être suffisamment créatifs alors que les idées naissent et sont mises en
œuvre si d’une manière si fluide sous d’autres cieux. Ils craignent enfin
que leurs produits ne puissent pas parvenir au meilleur rapport
qualité/prix…
Mais, dans tout cela, il faudrait convenir que les craintes ne sont pas
toujours irrationnelles ou inexplicables et que nos entreprises pourraient
devenir aussi actives que celle des pays émergents. Il faudrait seulement,
comme dit l’OMC que les gouvernements, isolent les causes spécifiques de ces
craintes puis les corrigent et les exorcisent.
17- 01 – 2005 ::
07:00
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