Depuis juin 2004, le malaise était perceptible. A l’occasion de la
présentation des résultats semestriels provisoires et en dépit de résultats
en baisse, le management de l’entreprise avait, peut-être, eu tendance à
minimiser les risques d’impact négatif sur les résultats définitifs de
l’exercice 2004.
On sait pourtant que depuis plusieurs mois, le secteur des
télécommunications enregistrait des mutations importantes. Une concurrence
directe plus organisée disposant de moyens plus importants et des
conditions d’attribution de marchés, basées sur la règle du moins disant, qui
font perdre des marchés à la SOTETEL et tirent les marges vers le bas.
En novembre 2004, la SOTETEL annonce des résultats en baisse de 55% qu’elle
explique par la baisse de l’activité sur les Réseaux Lignes d’Abonnés «RLA»,
par la baisse du volume d’affaires et par « l’intensification de la
concurrence directe sur le segment des communications d’entreprises et des RLA, agissant sur les prix ».
L’évolution du marché des télécommunications, les changements à la tête du
management de l’entreprise, des communications financières qui ont donné
l’impression d’être contradictoires, en tout cas pas très rassurantes, ont
fini par créer un certain malaise autour de l’action SOTETEL. Le management
de l’entreprise, certainement plus proche des réalités de l’entreprise,
avait probablement, eu raison d’informer le marché de ses
prévisions quand à l’évolution des résultats
de l’exercice 2004. Le CMF l’a d’ailleurs soutenu dans cette démarche
d’information, qu’elle a considérée en conformité avec «la réglementation en
la matière implique la mise à la disposition du marché et des investisseurs,
dans les plus brefs délais, de toute information susceptible, si elle était
connue, d’avoir une incidence significative sur le cours du titre concerné.
Cette règle découle du droit de tous les investisseurs à un traitement égal
et de l’obligation de préserver l’intégrité du marché. Le respect de cette
règle relève de la responsabilité des dirigeants de la société».
Un exercice 2004 déficitaire
Cela commence par un retard dans la publication des états financiers au
31-12-2004 que certains, dans les milieux de la Bourse de Tunis, attribuent
à des problèmes liés à l’évaluation des provisions sur certaines créances
clients. Les résultats provisoires pour l’exercice 2004 font apparaître une
baisse de 13,2% du total des revenus (Le résultat provisoire au 30-06-2004
présentait un chiffre d’affaires en augmentation de plus de 5%), un
doublement des dotations aux amortissements et aux provisions, une
augmentation de plus de 60% des charges financières et des charges
salariales stables. Au niveau du bilan, le compte clients présente un solde
élevé de 40 MDT, en comparaison avec un chiffre d’affaires pour 2004 de 44
MDT. Les comptes fournisseurs et passifs courants laissent apparaître un
solde de 23 MDT.
Le déficit atteindra un total de 1,6 MDT au
titre de l’exercice 2004 (Situation provisoire). Dans un communiqué publié sur le Bulletin officiel
de la bourse et sur le site du CMF, le management attribuera ce résultat à
l’importance des provisions constatées au titre de cet exercice. Il ne
s’étalera pour autant pas sur la justification de ce déficit et préférera
insister sur l’importance des fonds propres de la SOTETEL, sur le résultat
moyen de ces dernières années et sur le fait que cette situation était
prévisible compte tenu de certains «signes précurseurs» apparus au cours
de l’année 2003.
Un comité de suivi, des décisions et des prévisions pour fin mars
Le conseil d’administration de la SOTETEL décidera, au vu de ces résultats
et de l’orientation négative de la rentabilité de l’entreprise, la création
d’un comité de suivi composé de trois membres chargés de «veiller au suivi de
l’application de la stratégie adoptée et à la mise en oeuvre des réformes
adéquates et de prendre, en lieu et place du Conseil, toutes les décisions
nécessaires ».
Le conseil d’administration décidera également de :
« – Réduire la part des activités peu rentables et de se focaliser sur les
activités à haute valeur ajoutée pour lesquelles la SOTETEL reste la mieux
dotée en moyens humains et matériels et en maîtrise des nouvelles
technologies de télécommunication et qui procurent une meilleure marge ;
– Moderniser la structure de la SOTETEL pour l’adapter au volume d’affaires
qu’elle brasse depuis quelques années (entre 40 et 50 millions de dinars)
par une meilleure maîtrise des coûts et des délais pour un grand nombre de
marchés conduits sur l’étendue du territoire national nécessitant un suivi
technique (planification, optimisation de la complémentarité des moyens
propres avec la sous-traitance …) et financier (maîtrise des coûts,
recouvrement … ) ».
Dans ce même communiqué le management promet la publication de prévisions
pour l’exercice 2005, d’ici fin mars.