Notre dernier article sur l’implication du secteur privé dans le Sommet
mondial de la Société de l’Information que Tunis s’apprête à accueillir du
16 au 18 novembre 2005 a fait réagir l’un de nos lecteurs, chef
d’entreprise.
Dans un courrier qu’il nous a adressé, le chef d’entreprise conteste nos
propos quand nous avons écrit que les entreprises privées Tunisiennes ne se
sont impliquées que tardivement dans le processus du sommet. Il nous accuse
carrément de légèreté, précisant que nous avons suivi des insinuations
suggérées !
Selon notre lecteur, «le secteur privé Tunisien s’est très tôt
impliqué dans la préparation du SMSI et les patrons Tunisiens ont bien été
présents aux différents PREPCOM et particulièrement celui de Hammamet du
mois de juin 2004 où pas moins de trente patrons ont été présents ».
«Le GSP (groupe du secteur privé ) a travaillé durant toute l’années 2004 à
la préparation du SMSI et à l’élaboration d’un plan d’action», poursuit-il,
accusant certains patrons de ne pas vouloir s’asseoir avec ceux qui
représentent la base, à savoir le secteur privé lui-même.
Selon ce chef d’entreprise, «le Secteur Privé Tunisien s’est bien mobilisé
et les patrons Tunisiens étaient bien présents aux prepcom’s et cela à leurs
frais !».
Notre lecteur précise que les chefs d’entreprises Tunisiens étaient présents
aux différents Prepcom’s et particulièrement celle de Hammamet. Faut-il
rappeler que les Prepcom’s n’ont pas commencé à Hammamet, ni en 2004 ? Faut-il
rappeler que les Prepcom’s ont débuté bien avant la première phase de Genève
en décembre 2003.
A Hammamet, notre lecteur précise qu’ils étaient une trentaine ! On reste
fortement surpris par ce nombre fort réduit et que notre lecteur tend à
considérer comme important ! 30 chefs d’entreprise présents dans une Prepcom
se déroulant à 60 kilomètres de Tunis est, pour nous et comparativement aux
autres pays, un nombre fort insignifiant quand on sait que le nombre
d’entreprises Tunisiennes se compte par centaines !
Ces 30 présents à Hammamet étaient-ils présents à Genève (Prepcoms et
première phase) ? Etaient-ils présents à Accra, à Marrakech ou au Caire ?
Justement, ceux qui étaient présents (au moins à Accra) sont ceux que notre
lecteur accuse (du moins, ce sont ceux qu’on a compris visés) « qui n’ont
RIEN fait et qui veulent s’écouter parler et donner des leçons aux autres
parce qu’ils croient qu’ils ont la science infuse» !
Faut-il rappeler par ailleurs (et ce problème reste totalement d’actualité)
que le secteur privé qui doit être présent au SMSI n’est pas celui des SSII
? Le SMSI n’est pas un sommet d’ingénieurs et d’assembleurs d’ordinateurs ou
de concepteurs de logiciels uniquement, mais de tous ceux qui peuvent participer à
l’élaboration d’une société de l’information, à savoir les médias et
journalistes (très grands absents), fournisseurs de contenu, fournisseurs de
solutions,…. Il ne semble pas que
notre lecteur (qu’on remercie pour sa participation et son
courrier) ait considéré tous les corps de métiers en dehors de ceux de
l’informatique.
Enfin, dernière phrase de ce courrier, la précision que la participation des
chefs d’entreprise Tunisiens a été à leurs frais. Insinue-t-il que ce soit
le contribuable qui doit payer pour ces hommes d’affaires pour qu’ils
défendent leurs intérêts dans la société de l’information ? Le SMSI est un
sommet où participent les gouvernements, les ONG et le secteur privé et ces
trois parties ne sont pas censées s’entendre. Comment peut-on alors inviter
l’une de ces parties à soutenir l’autre ? L’exception Tunisienne peut-être ?
Le SMSI est le sommet qui va décider de l’avenir de la société de
l’information pour les prochaines décennies et il touche toute la planète.
Le fait que la Tunisie l’accueille est un argument supplémentaire pour que
toutes les parties y participent. Il ne doit pas être l’unique argument et
on ne rend service qu’à soi-même quand on y participe et qu’on contribue à
sa réussite !