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BAD-élections : l’Afrique se déchire à Abuja !
Pour choisir son futur Président de la Banque Africaine de Développement les
Africains se sont faits des coups bas, « et en dessous de la ceinture » à en
croire aux révélations des diplomates en poste à Abuja. Mais l’affaire, pour
les derniers rounds, a dévoilé ses véritables enjeux et contours.
Il se dessine entre les trois derniers challengers, les blocs qui se sont
constitués pour conquérir cette éminente position : le bloc de la France,
avec pour poulain le Gabonais Oye Mba, constitué des Africains francophones,
pour la majorité ; celui des Américains, avec pour cheval de bataille le
Rwandais Kaberuka, qui fédère la majorité des occidentaux et quelques Etats
africains; celui du Nigeria, qui regroupe l’Afrique Anglophone et le
Sénégal. De l’affrontement de ces trois manières de voir, on perçoit les
batailles pour le contrôle actuel et à venir des enjeux sur le continent.
Pour la suite, Casimir Oye Mba, le candidat du Gabon, est tombé au troisième
tour. Malgré les promesses et engagements obtenus pendant la période des pré
élections. Un officiel gabonais, à la sortie de ce tour de scrutin, n’a pas
pu retenir son souffle : ” La fourberie des Africains est renversante.
Comment des gens ont-ils pu faire des promesses qu’ils ne tiennent pas ?
Quelle bande de minables ! ” Allusion à peine voilée à un bloc de pays
francophones d’Afrique de l’Ouest qui, pendant ce tour, ont lâché le
Gabonais au profit du candidat nigérian.
France contre Amérique « un match nul » sans prolongation en vue
Puis ce fut le quatrième et dernier tour. De nouvelles alliances se firent
jour : la France, après la chute d’Oye Mba, repart en croisade, cette
fois-ci contre les Américains et leur poulain, Donald Kaberuka du Rwanda. Le
glacis américain se renforce de l’Egypte… Une demi-heure plus tard, les
gouverneurs ressortent de la salle, après avoir effectué les votes.
Ce que redoutaient tous les observateurs est arrivé : une situation de
blocage. En effet, le Rwandais a obtenu la majorité des votes des non
régionaux, et le Nigérian la majorité des votes régionaux. Pour les
départager, le scrutin est ajourné. Des tractations aurront lieu qui, sans
doute, donneront un nouveau président à la Bad. Seulement, il est bon de
savoir que les enjeux ici ont largement dépassé le cadre politique, régional
et sous-régional, pour devenir géopolitiques et même géostratégiques.
En effet, il y a, en filigrane, le siège au conseil de sécurité des Nations
unies qui se joue, derrière le candidat Nigérian. Tout comme l’Amérique
entend conforter de façon claire ses positions en Afrique. Mais les
observateurs ont peur d’une impasse : en effet, si le Jeudi, une majorité
claire ne se dégage toujours pas après un tour de vote, on désignera un
président intérimaire. Et l’élection sera reportée dans douze mois.
M.
Touré
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