L’ouverture du capital de Tunisie Télécom pose problème !

Par : Autres

L’ouverture du capital de Tunisie Télécom pose problème !

 

telecom23052005.gifLa sélection d’une banque d’affaires chargée d’accompagner l’Etat dans
l’ouverture du capital (à hauteur de 35%) de l’opérateur de
télécommunication historique Tunisie Télécom (officiellement Société
nationale de télécommunication) afin de lui trouver un partenaire
stratégique ne pouvait rester sans susciter un débat. Si ce n’est pas un
débat public, au moins un débat au sein de Tunisie Télécom. Et ce débat a commencé
avec les syndicats de l’opérateur et notamment à Sfax où cette ouverture du
capital n’est pas vue du bon œil.

Ainsi, M. Néjib Kallal, secrétaire général du syndicat de Tunisie Télécom de
Sfax a écrit dernièrement une tribune dans un hebdomadaire de la place pour
critiquer cette ouverture de capital. Dans sa tribune, l’agent s’attaque à
la direction de son entreprise, s’approprie (avec le reste du personnel au nombre de 8.000) les
réussites enregistrées par l’opérateur et les grandes victoires obtenues
face à Tunisiana, et la création d’une filiale de
Tunisie Télécom en Mauritanie (et dont on n’a aucune idée sur ses résultats,
NDLR). L’agent syndicaliste déclare que l’ouverture du capital n’est pas une
demande des agents et évoque les méfaits de l’entrée d’un partenaire étranger
avec son lot de licenciements et de «nettoyages». Enfin, l’agent pense que
Tunisie Télécom doit rester une propriété de l’Etat parce qu’elle évolue
dans un secteur stratégique.

Tout en respectant l’opinion de ce syndicaliste, et tout en espérant qu’il y
a un débat pour expliquer les raisons de l’ouverture du capital de Tunisie
Télécom, on va se permettre de poser quelques questions à cet agent de
Tunisie Télécom (dont on ne doute nullement de son amour et sa loyauté pour
sa société) comme nous le dicte notre devoir de journaliste.

– Si on compare Tunisie Télécom aujourd’hui et cinq ans plus tôt, n’y a-t-il
pas de grandes différences à tel point que l’on a tendance à penser qu’il ne
s’agit pas d’une même entreprise ?

– Ces grands acquis ont été réalisés grâce aux 8.000 agents, certes, mais
est-ce de leur propre chef ou suite à une politique de l’Etat et le bon
management de sa direction en dépit de toutes les critiques qu’on peut faire
à cette même direction ?

– Cette même direction n’est-elle pas à l’origine des grandes
transformations dans l’esprit même des agents de Tunisie Télécom qui parlent
aujourd’hui d’objectifs, de concurrence, de chiffre d’affaires, etc. ?

– Quand on a parlé la première fois de l’entrée d’un opérateur GSM privé,
n’y a-t-il pas eu de voix conservatrices au sein même de Tunisie Télécom
pour protester contre cette concurrence pouvant menacer les intérêts de
l’opérateur historique ?

– Après l’entrée de Tunisiana sur le marché, Tunisie Télécom ne se
porte-t-elle pas nettement mieux ? Son parc d’abonnés n’est-il pas nettement
plus important ? Le travail de son personnel n’est-il pas nettement plus
professionnel et efficace ?

– Tout comme dans les autres pays développés, chaque fois qu’il y a une
concurrence sur un marché, l’opérateur historique se porte mieux. Nettement
mieux. Que pensent ceux alors qui tenaient à leur statut de monopole ?

– Est-ce qu’on se rappelle de la situation des abonnés de Tunisie Télécom
quand l’opérateur avait le monopole ? Voit-on aujourd’hui leur situation
dans le fixe et l’ADSL où ce monopole est toujours de mise ?

– Un partenaire étranger capable de faire bénéficier de son expérience
internationale et de ses marchés Tunisie Télécom est une bonne ou une
mauvaise chose ?

– Les agents de Tunisie Télécom détiennent-ils la science absolue et ont-ils
atteint la perfection pour protester contre l’entrée d’un partenaire plus
expérimenté ?

– A-t-on vu les grandes prouesses réalisées par les opérateurs qui ont eu un
partenaire étranger dans leur capital ? A-t-on vu les excellents résultats
de Maroc Télécom avant et après l’entrée du français Vivendi ?

– Que l’on soit inquiet sur son emploi, c’est légitime, mais si l’on est
professionnel et si l’on travaille sérieusement, peut-on craindre d’être
licencié ?

– Faut-il payer les salaires des agents paresseux (et que l’on ne nous dise
pas qu’il n’en existe pas à Tunisie Télécom) avec les efforts des agents
méritants qui sont au bureau ou sur terrain tôt le matin et tard le soir ?

– L’Etat est-il censé continuer à protéger ses entreprises longtemps ou
faire comme les pays développés qui se sont dégagés de ces entreprises
étatiques et ont profité largement de ce désengagement aussi bien au niveau
financier qu’au niveau de l’intérêt général des citoyens ?

– Est-ce du patriotisme que de voir ses propres intérêts immédiats (et ceux
de ses 8.000 collègues) en omettant l’intérêt de dix millions de personnes
et de tout un pays.

– N’y a-t-il pas plus de chances de voir les intérêts des agents évoluer
après l’entrée d’un partenaire étranger à l’instar de ce qui s’est passé
ailleurs dans plusieurs autres pays ?

– Pourquoi regarde-t-on les quelques cas de licenciements sans voir les très
nombreux cas d’évolution des agents ?

Nous pensons qu’il est temps qu’il y ait un débat avec les agents et
pourquoi pas un débat public de la part de la direction de Tunisie Télécom.
Des efforts techniques et managériales considérables ont été réalisées ces
dernières années par cette direction, il est peut-être temps qu’elle
fasse de même en matière de communication. Quand on fait du bon travail, il
faut peut-être aussi le faire savoir !
 


R.B.H.

 

 23
– 05 – 2005 :: 07:00  –  ©webmanagercenter