Le logiciel libre a bon dos
Il est aisé de casser du sucre sur le dos du logiciel libre mais votre
article énonce une contre vérité flagrante.
Il n’a jamais été interdit à l’acheteur public de s’équiper en postes de
travail munis de Windows, mais aussi bien pour l’anti-virus, la suite
bureautique ainsi que pour d’autres logiciels plus spécialisés (Visio, Acrobat Writer, etc.), l’Etat magnanime, ferme les yeux face à la dérive des
investissements nécessaires conjuguée à l’envolée du cours des devises et de
la facture énergétique.
Imaginons un organisme public ayant 1.000 postes de travail, le surcoût en
licences est de l’ordre de 600 KDT, la maintenance lui revient de l’ordre de
300 KDT annuellement plus l’anti-virus de l’ordre de 50 KDT et diverses
autres applications et nous atteignons allégrement la barre du milliard. Le
budget est “plombé” et il reste absolument rien pour les SSII locales que
l’on voudrait néanmoins protéger et faire vivre.
Il faudrait aussi se pencher sur les grossistes et importateurs de la place
qui, en se livrant une concurrence acharnée sur les prix, livrent aux
particuliers et aux PME/PMI des postes de travail sans OS ou avec Linux
installé et donc encouragent bien malgré eux ou en toute connaissance de
cause ce phénomène.
Et du côté du particulier, faut-il rappeler que le PC familial s’est vendu,
aux alentours de 1.000 dinars, que l’Etat, dans sa volonté de promouvoir
l’équipement des familles, a lancé un appel d’offres pour des PC à 700
dinars toutes taxes comprises, à comparer avec les 660 dinars hors taxes que
coûte la suite office et c’est là que le bât blesse.
Il est évident que ces logiciels à très faible valeur ajoutée sont
aujourd’hui “trop chers” par rapport au niveau de vie. Ils sont d’ailleurs
trop chers dans l’absolu, profitant d’une situation de monopole.
Certains pays ont obtenu (par la vigueur de leur marché et le fort niveau de
concurrence et de piratage) la commercialisation de versions allégées des
produits Microsoft. Faudrait-il encourager Microsoft à faire de même en
Tunisie en ajoutant des produits plus en rapport avec le marché à son
catalogue ?
Il faudrait peut-être faire encore plus de réclame pour les solutions,
alternatives qui, en coûtant moins cher, permettraient de mettre réellement
en place un marché du service à destination des opérateurs locaux.
Que peut-on reprocher à Open Office par exemple si ce n’est son prix
(gratuit), sa disponibilité (multi plateforme), les langues supportées (de
l’ordre de 45 dont l’arabe), la réactivité des développeurs, l’évolutivité
du produit et sa pérennité ? Ou encore Firefox, navigateur en vogue et bien
plus fiable que le sacro-saint Internet Explorer. Et les milliards de
dollars investis par IBM, Intel, ORACLE dans PHP (langage de
programmation en passe de se faire une place au soleil entre JAVA et .net) ?
Ne nous trompons pas de débat, si le piratage est une plaie nécessaire au
développement, la mise en concurrence en est un progrès encore plus
nécessaire.
Cordialement
S.J. Chapoutot
Consultant
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