Inutile de comparer avant d’acheter, on le fait pour vous !
Avec la multitude des grandes surfaces et les pressions faites par les
centrales d’achat sur les distributeurs, le consommateur désirant acheter au
plus bas prix ne sait plus vers qui se diriger et où faire ses emplettes
tant les prix varient entre deux unités.
Les avis divergent sur les prix
d’un même article dans les différents magasins, les uns considérant qu’un
tel article est plus cher dans un magasin que dans l’autre. Et à l’examen,
ce qui semblait évident dans le subconscient collectif n’est que fausse
vérité.
Face à ce qui commence par devenir un imbroglio pour le consommateur et
avant l’ouverture de l’hypermarché Géant (que nous présenterons bientôt dans
un prochain article), l’Organisation de Défense du Consommateur a décidé
d’éditer un hebdomadaire qui sera vendu à deux dinars et ne comportant
aucune page de publicité afin d’informer le public sur les prix des
différents produits de consommation courante dans les différentes grandes
surfaces. Quelques étudiants de l’Institut de Presse et des Sciences de
l’Information sont lancés sur cette enquête des prix permanente et leurs
travaux leur serviront dans les études. Il n’y pas de mieux que de se lancer
à la vérification et comparaison des prix pour nos futurs journalistes. Les
heures de travaux pratiques se feront désormais dans les supermarchés !
Ainsi, et pour le compte de l’ODC, chaque groupe d’étudiants est censé
relever discrètement les prix de quelques 250 produits. Avec un carnet les
répertoriant, un groupe se dirige vers Carrefour (par exemple) et note les
prix des yaourts de 90 grammes et de 10 cl (le yaourt chez nous se mesure
chez certains en grammes et chez d’autres en centilitres !), des chocolats
de 100 grammes, des berlingots de lait d’un litre, des produits de
vaisselle, des dentifrices, des savonnettes, des cirages, des huiles
solaires. On fait attention de ne prendre qu’une marque à la fois. Un autre
groupe relève les prix des mêmes modèles de la même marque chez Monoprix,
d’autres chez Bonprix et ainsi de suite. Les prix relevés, les étudiants
rentrent à l’ODC avec des tableaux qu’un opérateur saisit tout de suite et
le magasine est bouclé ! Au final, le lecteur retrouve un magazine d’une
centaine de pages avec les produits qu’il consomme couramment et leurs prix
dans chacun de nos grands supermarchés.
Comme les prix varient d’une période à une autre et comme on n’est jamais à
l’abri des promotions, le magazine est édité chaque vendredi, soit la veille
du week-end lorsque les consommateurs se ruent vers les grandes surfaces.
L’ODC ne gagne pratiquement rien au change puisque le tarif de vente couvre
à peine le prix du papier, le coût d’impression et les déplacements et
forfaits encourageants offerts aux étudiants. Le consommateur, lui, pour
deux dinars, gagne un «manque à perdre» conséquent ! Restent les grandes
surfaces qui voient d’un très mauvais œil ce nouveau venu qui arrive pour
imposer une transparence à tout le monde !
La transparence, à vrai dire, existe puisque le législateur impose
l’affichage des prix sur les produits. Seulement, quand chez X le yaourt A
est moins cher que chez Y, soyez certains que chez ce même X, le fromage B est
plus cher que chez son concurrent Y !
Et c’est là le problème, car même avec son guide des prix de l’ODC, le
consommateur ne se trouve pas mieux fixé vers qui il va se diriger. S’il
doit aller vers X et Y pour acheter le fromage et le yaourt, il va perdre en
carburant et au prix où va l’essence, ça ne l’arrange pas ! Vu de ce côté,
l’ODC a fini par abandonner le projet et les responsables des grandes
surfaces ont respiré ouf ! C’est l’un d’eux d’ailleurs qui nous a raconté ce
cauchemar.
Happy end : l’ODC n’a jamais songé publier ce support
et les consommateurs continueront à croire que leur supermarché préféré
est le moins cher de la place !