Le développement de la Tunisie dans le miroir de l’AFD
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Véritable «Think tank», en plus
de son activité d’argentier, l’Agence Française de Développement a inauguré
en Tunisie un assez difficile exercice qu’elle compte étendre à d’autres
pays : soumettre à ses partenaires des études qu’elle réalise sur leurs
expériences de développement.
Où en est la Tunisie dans son action de développement, par rapport à ses
objectifs et, également, en comparaison, avec certains pays de la région ?
Pour répondre à cette question essentielle, l’Agence Française de
Développement (A.F.D.) – très active dans notre pays en matière de
financement- a lancé trois études : le Programme de Mise à Niveau, le
système de formation professionnelle et …le groupe Poulina. Les résultats en
ont été dévoilés, mardi 7 juin -lors d’un séminaire traitant des «politiques
publiques et dynamiques d’émergence : quels enseignements pour le Maghreb
?», organisé avec l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (I.A.C.E.)- afin
de susciter un débat sur la manière de résoudre, en Tunisie comme ailleurs
«une équation sociale et commerciale dont la résolution passe par une
croissance accélérée et l’émergence d’activités à plus forte valeur ajoutée
et à contenu important en emplois qualités», expliquent les organisateurs.
De cet exercice, il ressort que la Tunisie s’en tire beaucoup mieux que les
deux pays (Maroc et Sénégal) auxquels elle a été comparée.
«Le bilan du Programme de Mise à Niveau, en matière de productivité et de
créations d’emplois, est globalement positif», estime M. Hervé Bougault.
«Les entreprises ayant fait leur mise à niveau créent plus d’emplois et
réalisent des chiffres d’affaires à l’export et des taux de croissance plus
élevés », note cet expert de l’AFD. Qui signale au passage «les
interrogations soulevées par une étude de la Banque mondiale» sur le choix
fait par les pouvoirs publics de cibler les entreprises déjà performantes,
«la faiblesse des décaissements » et concernant «un impact jugé ambigu sur
les investissements et l’emploi”.
Le PMN s’est également vu reprocher, par M. Mustapha Mosreane, directeur du
cabinet d’études «Stratégies», de ne pas avoir entraîné de transfert de
technologies. Une observation partagée par M. Mohamed Nouri Jouini, ministre
du Développement et de la Coopération internationale, qui explique qu’«en
raison du manque d’investissements dans l’immatériel et du faible taux
d’encadrement, l’entreprise tunisienne n’a pas encore la capacité de
s’approprier du savoir». D’ailleurs, le fait qu’il considère que «le PMN a
réussi», n’empêche pas M. Jouini de formuler le vœu qu’«il contribue
davantage à la réalisation des objectifs de croissance et de création
d’emplois».
Fort utile, l’étude de l’AFD sur la mise à niveau s’est néanmoins vu
reprocher, par M. Samir Marrakchi, directeur général de Général Leasing,
d’avoir omis de vérifier, d’abord, ce qu’il était advenu du tiers des
entreprises tunisiennes pour qui les études menées avant le lancement de la
mise à niveau avaient prédit «de sérieuses difficultés de survie», et,
ensuite, si le PMN a entraîné le flux d’investissements étrangers qu’il
était supposé amener.
La deuxième étude, menée par M. Richard Walther, consultant ITG, a porté sur le
système de formation professionnelle dans huit pays, quatre européens
(Allemagne, Espagne, France et Royaume-Uni), et quatre africains (Algérie,
Maroc, Sénégal et Tunisie). Tout en soulignant qu’«en une dizaine d’années,
la Tunisie dans une nouvelle stratégie de formation professionnelle», avec
la mise en place d’une «gestion partenariale (pouvoirs publics-partenaires
sociaux) du système », cet expert considère qu’il «reste à régler quelques
problèmes dont celui du financement». Fort de nombreux acquis, le système de
formation tunisien n’en est pas moins confronté à des défis, souligne M.
Moncef Ben Saïd, secrétaire d’Etat à la Formation Professionnelle.
En particulier, «les centres de formation doivent aujourd’hui adapter leurs
pédagogies et leurs plateformes» pour faire face à une demande sans
croissante des entreprises, du textile/habillement notamment, mais également
du tourisme et de l’agriculture.
Dédiée au groupe Poulina, et menée par Mlle Héla yousfi, chercheur au CNRS,
la troisième étude visait à démontrer que le développement d’une entreprise
est le fruit de politiques publiques et de «facteurs internes». Plus
précisément, Mlle Yousfi, qui a interviewé 40 dirigeants et cadres de
Poulina, reconnaît «au management un rôle central dans la réussite d’une
entreprise».
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Moncef
MAHROUG
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