Le franc CFA va-t-il connaître une nouvelle dévaluation ?
Depuis le déclenchement de la
crise ivoirienne, le 19 septembre 2002, des observateurs estiment que la
dévaluation du franc cfa est inéluctable. Et pourtant depuis bientôt trois
ans, la monnaie unique mène son petit chemin sans être ébranlée.
Le franc cfa va-t-il connaître une autre dévaluation après celle de janvier
1994 ? Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(Bceao), Charles Konan Banny, est catégorique : « Il n’y en aura pas ».
Selon le grand argentier, aucune personne sérieuse, au vu des statistiques
monétaires, ne peut parler de dévaluation. Le gouverneur explique que la
situation de 1993 n’est en rien comparable à celle de 2005.
Dans une analyse, il affirme que la crise plombe la croissance et c’est la
croissance qui mesure la valeur de l’économie. Avant de préciser que le cfa
est fixe avec une parité fixe. Les économistes pensent que la valeur du Fcfa
ne pouvant pas changer régulièrement comme le dollar ou l’euro, il faut donc
agir sur l’économie. Ceci pour que l’économie soit au même niveau que la
monnaie, que l’économie ne soit pas trop faible par rapport à une monnaie
trop forte.
« C’est sur l’économie qu’il faut donc travailler », indique le banquier
central. Et pour le moment, à en croire Charles Konan Banny, les
statistiques ne l’amènent pas à penser à une dévaluation. Au contraire du
gouverneur, certaines personnes pensent que la dévaluation est inévitable.
Pour eux, avec la crise ivoirienne et la chute des matières premières dans
les autres pays -membres de l’Uemoa, ce sont les mêmes symptômes que ceux
apparus dans les années 1990 qui avaient conduit à la dévaluation de 1994.
Pour rendre les exportations plus compétitives et renflouer les caisses des
Etats, ces experts proposent une dévaluation de 30% au lieu de 50% comme en
1994. Selon eux, la dévaluation viendrait relancer la production endogène,
les consommateurs des pays membres se trouvant dans l’obligation de produire
et de consommer local.
A l’analyse, les indicateurs économiques ne plaident pas pour une
dévaluation. Malgré que le pays soit toujours en crise et coupé en deux, la
Côte d’Ivoire, le moteur de la sous-région (40% du Pib) réussit à payer les
salaires et vient d’avoir un taux de croissance de 1,6%. Le taux de
croissance dans les sept autres pays de l’Union est très positif, avec une moyenne
4%.
La Communauté économique monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se porte
globalement mieux. En 2004, le taux de croissance était d’environ 8% dans
la région. A part la Côte d’Ivoire, la zone franc est au mieux
économiquement. Comme l’affirme le gouverneur de la Bceao, Charles Konan
Banny, les indicateurs macroéconomiques ne penchent pas pour une dévaluation
de la monnaie unique de la zone franc.
BAHOURI Tallel
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