Vols charters, agences de voyages et le décret de 1974
L’agence
de voyages, Ennasr Travel & Tours, avait formulé une demande à l’attention
de l’Office l’aviation civile, datée du 05 février 2005, pour pouvoir
affréter 5 appareils charters pour l’été 2005 de la Tunisie vers le Liban et
vice versa pour le transport de 750 touristes libanais en Tunisie. Sans
oublier que de plus en plus de Tunisiens désirent visiter certains pays
comme le Liban, l’Egypte, la Syrie ou la Turquie.
En se basant sur le décret N°74-2567 du 20 mai 1974, qui interdit aux
Tunisiens d’utiliser un charter au départ de la Tunisie, l’Office a notifié
à Ennasr Travel & Tours (le 21 mars 2005) que sa demande n’était pas
recevable, le même décret n’interdit pas pour autant aux Tunisiens de
revenir en Tunisie par charter. L’Office a envoyé cette réponse à Ennasr
Travel & Tours mais, également, à Tunisair, Nouvelair et Karthago Airlines,
comme pour leur signifier que, si elles formulaient pareilles demandes, la
réponse serait identique. Mais alors pourquoi priver les Tunisiens de vols
charters qui coûtent moins cher et permettrait à la profession de développer
l’activité des voyages organisés ?
Comment expliquer que d’un côté on laisse libre choix aux Tunisiens
d’emprunter le mode de transport qu’ils veulent alors que de l’autre on les
limite dans leur choix ? Est-ce pour limiter la sortie de devises de la
Tunisie ? C’est probable ! Est-ce pour limiter le voyage des Tunisiens à
l’étranger ? Sûrement pas. En tout état de cause, si en 1974 cela se
justifiait, il l’est probablement moins en 2005. On en a pour preuve
qu’aujourd’hui, le Tunisien bénéficie d’une allocation voyage qui s’élève à
l’équivalent de 2000 dinars en devise étrangère par personne et par an.
C’est pourquoi, à défaut d’autres raisons qui justifieraient le maintien
d’un décret vieux de 31 ans, les agences souhaitent son assouplissement.
En outre, chaque Tunisien qui part à l’étranger est un ambassadeur de la
Tunisie, et du coup pourrait susciter des envies, des curiosités chez
d’autres à visiter notre pays.
Dans le cadre de l’assouplissement de ce décret, certains agents de voyages
proposent qu’on exige le remplissage du vol charter au départ de Tunis par
des Tunisiens et au retour par des touristes étrangers. Plusieurs autres
formules peuvent être trouvées. Malheureusement, à l’heure actuelle, les
positions semblent diamétralement opposées entre les différentes parties en
présence.
Imaginons qu’une agence de voyages affrète un avion pour aller vide amener
des touristes étrangers en Tunisie, puis les ramener dans leur pays de
départ et revient vide. Dans ces conditions, qel serait le prix du billet
d’avion pour que l’agence réalise une opération financièrement rentable ?
Les agences de voyages considèrent donc que le maintien en l’état de ce
décret prive la Tunisie des touristes étrangers et fait perdre à l’économie
tunisienne d’importantes rentrées de devises plus qu’il ne lui en fait
gagner. Chaque touriste qui entre en Tunisie logera quelque part, consommera
et se déplacera, et par conséquent fera travailler un certain nombre de
personnes, à commencer par le chauffeur de taxi, le groom de l’hôtel
jusqu’au caissier, en passant par le garçon de chambre, le restaurateur, la
femme de ménage, etc.
Au moment où les compagnies aériennes s’orientent vers la commission zéro,
n’est-il pas temps de mettre en place des mesures permettant aux agences de
voyages, de quelque nature qu’elles soient, de pouvoir développer leurs
activités ? Un agent de voyages nous a livré l’analyse suivante : «Parfois,
l’exception fait naître la règle qui, dans le cas des agences de voyages, ne
fera que du bien à l’économie nationale et accroître le nombre de touristes
visitant la Tunisie tout en rentabilisant le transport aérien. Des sens à
vides pour ramener des touristes qui alourdissent les charges aux agences de
voyages et aux compagnies charters, il vaut mieux les gérer d’une manière
plus rationnelle».