Mise à niveau : La Tunisie fait toujours mieux que le Maroc !
C’est le titre de notre consoeur
marocaine «l’économiste», un quotidien économique classé numéro un au Maroc
grâce à sa crédibilité et le grand professionnalisme de ses journalistes.
L’article est consacré à la mise à niveau des entreprises au Maroc et, comme
on le voit assez souvent dans ce quotidien, on compare avec le marché
tunisien à qui on donne un point de gagné par rapport au marché du royaume
chérifien. «Encore un point de gagné pour la Tunisie, écrit le journal; pour
la mise à niveau des entreprises, elle fait mieux que le Maroc».
La conclusion est tirée de la publication d’une série d’études
réalisées par l’Agence française de développement (AFD).
La clé de ce succès : efficacité, coordination des étapes… Plusieurs
autres points sont mis en avant dans le modèle tunisien : architecture
simple axée autour du Comité de pilotage, Bureau de mise à niveau et fonds
national, procédures peu contraignantes avec adhésion libre, montage
institutionnel jugé souple et efficace.
Le clou du système, un dispositif incitatif d’octroi de primes communément
appelées carottes. Celles-ci ont constitué le principal moteur des adhésions
en Tunisie. «Au Maroc, compare le journal, la mise à niveau pose encore de
gros problèmes et le regroupement des lignes de crédit étrangères en une
seule agence (Agence nationale pour la PME) pour une plus grande efficacité,
n’a pas donné les résultats escomptés. Les procédures sont interminables et
les fonds, peu garnis, difficilement accessibles» (…)
En Tunisie, le processus a déjà commencé à donner ses fruits et le système
paraît bien parti. Si l’enjeu a été donc identique au niveau des deux pays,
à savoir l’encouragement à l’investissement et le renforcement de la
compétitivité, la distinction s’est jouée sur l’approche de chacun des pays.
Pour la Tunisie, il s’agissait de piloter, d’orienter le programme et les
outils financiers, de réguler et d’interférer au niveau des politiques
d’investissement des entreprises, expliquent les analystes. Si ce n’est en
orientant, par le jeu desdites primes, des choix d’investissement, vers
l’acquisition de nouvelles technologies ou la modernisation des systèmes de
gestion. Le succès du programme tunisien s’explique, selon les chercheurs,
par son application réussie avec, en avant-plan, la flexibilité du marché du
travail, la mise en œuvre en parallèle de la réforme du système de formation
professionnelle, l’incitation à l’investissement immatériel…
Pour le Maroc, la logique était plus libérale, l’approche plus globale et
plutôt sectorielle. Ce choix impliquait donc d’agir pour corriger les
imperfections du marché qui expliqueraient la faiblesse des investissements
et celle de la compétitivité des entreprises. «Et non de positionner l’Etat
comme acteur de mise en oeuvre d’une politique nationale de mise à niveau».
Sans mécanisme de financement national (au Maroc) et sans réelle
appropriation par les acteurs nationaux, le programme était resté, selon les
analystes, dans un premier temps un programme de bailleurs, peu mobilisateur
et soumis aux procédures et financement d’un projet extérieur.
Toutefois, ces derniers reconnaissent que des efforts de dynamisation du
Programme de mise à niveau ont été entrepris au cours des dernières années.
(…)
R.B.H
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