BCT
et marché obligataire
Le vote de confiance
L’émission obligataire de 400
millions d’euros qui vient d’être sereinement menée à bon port par la Banque
centrale de Tunisie, sous la houlette du Gardien du Temple, dépasse
largement le simple cadre du budget de l’Etat pour s’imposer à la fois comme
une attestation et une confirmation de la réputation qui est celle de notre
pays sur le marché des capitaux. Et pas n’importe lequel, car il s’agit en
vérité du saint des saints : le marché obligataire privé.
Pour expliquer la chose en termes simples : la Tunisie propose du papier à
terme (qui porte simplement son nom et la nature de ses engagements) contre
des devises fortes (qui sont au sommet de la chaîne financière et que tout
le monde s’arrache). Ce qui plus est, c’est que tout cet argent n’appartient
pas à des Etats ou à des institutions internationales auxquels nous lient
toutes sortes d’ententes, mais à des investisseurs privés qui sont
uniquement guidés par la logique du marché. Ce n’est pas tout car cette
émission obligataire, qui ne visait au départ qu’une enveloppe de 300
millions d’euros, s’est vue offrir la somme mirobolante de 1538 millions
d’euros. Il y a aussi le fait remarquable que la Tunisie, qui a fini par
porter son émission à 400 millions d’euros, a réussi à remporter une
maturation de 15 années ; une première pour un pays du Moyen-Orient et de
l’Afrique du Nord.
Et une question s’impose : comment un petit pays de dix millions d’habitants
peut-il prétendre à une telle ‘’popularité’’ sur le marché ? Simplement
parce qu’il ne s’agit aucunement de privilège mais plutôt de réputation
enlevée à la force du poignet, construite brique par brique, fignolée au fil
des ans. Une réputation reconnue par les plus grandes enseignes du rating,
de l’évaluation, du risque-pays… justement là où les investisseurs glanent
le plus clair de leurs informations sur la Tunisie.
Et puis, la Banque centrale de Tunisie n’en est pas à son coup d’essai
puisque cette émission est la 19ème du nom. Une authentique saga par les
Samouraï puis s’est étendue aux Yankees et aux Euros, les trois marchés
obligataires privés les plus réputés de la planète. Les vétérans se
rappellent certainement aux débuts, non sans quelque nostalgie, les réponses
de feu Moncef Ben Saïd au Financial Times qui lui demandait les raisons du
positionnement sur le Samouraï : «Nous allons prendre l’argent là où il se
trouve». Une indépendance de mouvement que la Banque centrale a préservée
depuis lors, sans pour autant s’interdire l’intelligence de s’accompagner
chaque fois par des partenaires internationaux de prestige.
Comme l’a décrite avec sa justesse de ton habituelle M. Taoufik Baccar, le
Gardien du Temple, cette 19ème émission est donc encore une fois ‘’un vote
de confiance’’ de la part du marché à l’encontre de la Tunisie. Et ce n’est
pas peu de chose !
Maryam OMAR
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