L’Expo d’Aichi : Comme si vous y étiez

Par : Autres

(Fin)

 

La visite des
pavillons :

un chemin de
croix ?

 

robot150705.gifLa
visite des pavillons se fait comme nous l’avons dit plus haut en suivant à
pied l’itinéraire du Global Loop, très pratique car de nombreux panneaux
d’indication illustrent le visiteur sur sa propre position et celle des
différents lieux à visiter. Mais cette facilité apparente est contredite par
les contraintes liées à l’affluence du public. Dans ces conditions, la durée
d’attente peut parfois atteindre deux heures et plus en ce qui concerne
certains pavillons « côtés » comme le Pavillon japonais. Les meilleures
périodes restent les horaires proches du moment d’ouverture et de fermeture
quotidiennes de l’espace de l’Expo. Pour ma part je profite d’une visite
organisée pour me rendre à quelques pavillons significatifs dont le pavillon
nippon, qui de l’extérieur ressemble à une termitière à cause de la couleur
brune des bambous dont il est enveloppé. Nous y sommes accueillis par le
Directeur du Pavillon japonais qui nous fait une belle visite guidée en
axant sur les objectifs qui ont guidé le pays dans son choix didactique des
thèmes du pavillon, à savoir le souci de parvenir il sensibiliser l’humanité
aux différents problèmes qui surviennent sur la planète – dont ceux de
l’environnement, et d’examiner les diverses expériences auxquelles il a été
confronté pendant la seconde moitié du 20ème siècle. Il y est
ainsi proposé notamment l’utilisation de nouvelles sciences et technologies
de pointe, et la mise en place de nouveaux styles de vie et de nouveaux
systèmes sociaux à l’avenir. Le Japon ne lésine pas sur les moyens pour
atteindre le but visé : avec une électricité entièrement produite par de
nouvelles formes d’énergie, une climatisation assurée par un toit en plaques
d’acier photo catalyseur et par de l’eau d’irrigation, et des cages en
bambou réduisant l’intensité des rayons solaires, le lieu a pu être
transformé en un site interactif où l’hôte fait l’expérience des nouveaux
matériaux et des nouvelles technologies de l’environnement.

 

La salle de la Terre est en particulier le premier système d’image au inonde
entièrement sphérique sur 360 degrés (on y a l’impression de flotter dans
l’espace!). Après un tour dirigé dans ce lieu, nous nous dirigeons
cahin-caha vers Global House, un espace conçu afin d’imprégner le visiteur
du thème de la sagesse de la nature. Grâce à des présentations sur écrans à
très haute définition et par le biais de présentations d’objets rares
provenant de pays du monde entier. La Global House, tire un parti de sa
structure avec deux installations ingénieuses : une patinoire et une piscine
chauffée. de façon à ce que les visiteurs venant de l’une ou l’autre partie
puissent voir le Laboratoire Mammouth, où sont exposés les restes congelés
du Mammouth de Yukagir. La présence de ce Mammouth à l’Expo est d’ailleurs
symptomatique de la détérioration de la situation environnementale sur la
terre qui a provoqué l’élargissement du trou de lu couche d’ozone, élément
qui a entraîné lui même le réchauffement de la planète et la fonte de la
neige sibérienne qui a permis de ramener à la surface le cadavre du
Mammouth. Une pause est ensuite décrétée pour nous permettre de nous
délecter dans un restaurant typique d’une cuisine étonnante de variété et de
richesse gustative. Nous nous rendons juste après au pavillon de Toyota,
visite qui commence par l’observation d’un robot symbole de mobilité, de
rêve de plaisir et d’émotion au 21ème siècle. Sont découvertes
ainsi les possibilités des véhicules de l’avenir qui sont notamment destinés
à davantage tenir compte de l’évolution des formes urbanistiques et
notamment à donner plus d’autonomie de déplacement aux personnes âgées, qui
constituent au Japon une frange importante de la population compte tenu de a
longévité de la population locale.

 

En outre, des expositions présentent les différentes technologies de pointe
des entreprises du Groupe TOYOTA, en particulier un spectacle qui se compose
de deux parties. Le spectacle de bienvenue est un show d’ouverture, donné
par les robots notamment ceux étant en mesure d’utiliser des instruments de
musique. Le show principal est une mise en scène associant le jeu dynamique
des véhicules, des robots et des acteurs, un grand écran pivotant à 360
degrés et des dispositifs scéniques. Une fois la visite de ces sites
terminée les membres de la délégation reprennent le Bus qui les ramène un
peu étourdis après le spectacle à la zone Global Common 3, et des visites
pédestres sont effectuées au cours desquelles sont admirées la reproduction
impressionnante du fleuve artificiel et de ses canalisations géantes de la
Libye, les parquets en verre du Maroc, les étonnantes vertus curatives des
résidus de la Mer morte rassemblées dans le Pavillon de la Jordanie, les
magnifiques roses enduisant dans une décoration éblouissante les panneaux
externes du Pavillon bulgare et en continuant la randonnée vers le Global
Common 5, les pharaons éternels de l’Egypte.

 

Les affaires…
indirectes

Gérer un Pavillon National correspond au déploiement d’une débauche
d’activités mais implique aussi une capacité de réactivité aux parfois
étonnantes propositions qui sont formulées par les opérateurs locaux et dans
ces conditions une grande capacité d’écoute est nécessaire. En réalité dans
une exposition universelle l’objectif d’un pays n’est pas de vendre ou
d’acheter directement mais plutôt de promouvoir sa propre image. Pourtant
certaines occasions de faire du commerce ou de l’investissement se
présentent et il faut y être attentif. Ceci intervient particulièrement pour
certains produits non traditionnels qui échappent au filtre que l’on opère
pour identifier le potentiel d’échanges avec le pays du Soleil Levant. En
fin de compte les exposants ne font pas de marketing agressif dans ce type
d’Expo mais une promotion « soft » de leur offre à l’exportation de biens et
de services.

 

Communiquer un problème
?

Les chaînes de Télé au Japon prolifèrent : CHU KYO TV, NHK, CBC TV …Le
problème c’est que compte tenu du passé japonais caractérisé par l’isolement
(sa géographie insulaire n’en est pas l’unique raison et ceci tient aussi de
la culture) ces médias  diffusent surtout en Japonais. Mais les
responsables (le chaque Pavillon National doivent être là pour les
accueillir et leur faciliter le travail. Il faut les briefer, laisser les
Cameramen filmer à leur aise et pourquoi pas donner des interviews en ayant
une parfaite connaissance des journaux et quotidiens locaux car cela aide à
faire passer le message que chaque pavillon veut communiquer. Il faut aussi
profiter de la venue d’une troupe musicale ou d’un groupe d’artistes pour
essayer de les faire passer en direct ou même en différé à la télévision.
Occasion qui doit permettre de mieux faire connaître le pays que l’on
représente. En ce qui concerne la Tunisie certains secteurs clé comme le
tourisme ou l’histoire en étant rois en relief sont susceptibles de
provoquer des retombées en matière de visites de la clientèle touristique
,japonaise et c’est pourquoi les organisateurs tunisiens ont énergiquement
appuyé sur le champignon pour les domaines concernés. En général, il faut
aussi faire un grand effort pour essayer de communiquer avec les japonais
dans leur propre langue et on croit à tort qu’il suffit de bien maîtriser
les langues couramment parlées comme la langue anglaise pour s’en sortir.
C’est absolument erroné compte tenu du facteur d’isolement du Japon déjà
évoqué. Il faut savoir, dans ce contexte, que c’est seulement à l’époque du
règne Meiji (19ème siècle) que le Japon a commencé à se
décloisonner. En tout état de cause, les séquelles restent et le Japon
demeure malgré tout en partie recroquevillé sur lui-même. Cela apparaît dans
les pancartes (en japonais uniquement) affichées dans les lieux de transport
en commun, de restauration, etc …Même les supports électroniques comme les
appareils TV, les films vidéo sont la plupart du temps uniquement
utilisables au Japon. C’est pourquoi le visiteur étranger doit accorder une
attention particulière aux notices des appareils qu’il se propose
d’acquérir. Les choses pourraient commencer à changer après l’organisation
de manifestations du type de l’Expo actuelle et de celles qui l’ont précédée
car les critiques qui sont adressées aux japonais commencent à porter leurs
fruits compte tenu du sérieux dont ce peuple fait preuve malgré les
nombreuses épreuves difficiles qu’il a eu à franchir.

 

Une assistance
logistique appréciable

En tout cas les organisateurs de l’Expo ont compris l’importance de la
médiatisation de cette manifestation et ont prévu la création d’une
structure permettant la communication entre les gestionnaires des Pavillons
nationaux et les médias locaux et internationaux. Dans un bureau de
l’association sont ainsi disposés dans des rayons les bulletins de presse
réalisés par les Pavillons où ces derniers indiquent leurs diverses
activités. Cela va de l’organisation de la .Journée Nationale et de son
programme détaillé aux différentes manifestations artistiques et/ou
culturelles pour aminci le Pavillon. Les correspondants de presse y
disposent eux-mêmes d’un espace rédactionnel équipé d’ordinateurs portables
connectés avec internet. Ils peuvent ainsi communiquer directement et
rapidement avec leurs sièges et leur adresser leurs articles et leurs photos
digitalisées ou scannées qui figureront le lendemain au plus tard dans les
journaux écrits ou en ligne. Vive la technologie! Le pavillon tunisien en a
bien profité et à même créé son propre bulletin «News». L’administration
locale permet aussi aux gestionnaires des pavillons d’en photocopier en noir
et blanc à titre gratuit un nombre d’exemplaire raisonnable. Ce support est
également diffusé auprès des visiteurs japonais, en en traduisant en
Japonais les plus significatifs et en transférant de surcroît le bulletin en
PDE sur le site Internet du Pavillon Tunisie de l’expo (voir

http://www.expo2005.or.jp)
. Les choses vont très vite, facilitées sans
doute par la rapidité d’exécution et le professionnalisme des cadres et
agents japonais. Le style de management japonais est en effet très souple.
On n’a pas besoin de recourir au grand patron pour un oui ou pour un non. On
n’a qu’à respecter un certain cadre et s’y conformer, tout le reste
…Occasion pour méditer sur les rapports avec le staff japonais. Pour
commencer quand il viennent vous voir la carte de visite est obligatoire et
ne pas la présenter est presque un sacrilège. Ils .sont toujours souriants
et quand ils vous quittent ils le font à reculons pour que vous ne vous
indisposiez pas. Leur politesse est incroyable et le retour au bercail nous
ramène parfois â une dure réalité que nous mettons du temps à digérer !

 

Une belle capacité
d’étonnement

Quand on visite le Japon, la question primordiale que l’on se pose est de
comprendre la formidable croissance générée par ce pays. La première réponse
que j’ai trouvée était leur amour pour le travail. Les japonais adorent le
travail. Ils en font une valeur essentielle presque sacralisée. Il faut
savoir, en plus, que pour eux ce qui importe ce n’est pas ce que vous
réalisez mais les efforts que voua accomplissez pour y parvenir. Les
exemples cri ce sens abondent, mais ce que j’ai aussi retenu comme
explication à ce phénomène c’est leur extraordinaire capacité à s’étonner et
à découvrir. Quand ils vous posent des questions ils entrent dans les menus
détails et veulent tout savoir. Ce qui vous semble évident et de peu
d’intérêt et pour eux primordial. Ils ont, en plus, un formidable sens
poétique et expriment leur reconnaissance pour les plus petits gestes..

 

Un exemple à cela ? un artisan tunisien avait décidé, en attendant l’arrivée
de son matériel, de s’occuper cri procédant à l’inscription dans les «
passeports » des visiteurs (documents délivrés par l’association pour
marquer avec un tampon également fourni par leurs soins le logo du Pavillon
visité) leurs noms en caractères arabes. Et quelle ne fut ma surprise de
voir la longue file qui s’était formée pour cette opération ! La prestation
du bijoutier et les articles qu’il u exposés un peu plus tard tels ceux en
argent repoussé comme les poignards, les lance parfum (M’rach), les
récipients de Khôl, les coffrets à bijoux, les bracelets et les pendentifs
ont fait le bonheur des visiteurs japonais qui ont été étonnés pur un art
qu’ils ignoraient. Par ailleurs La sollicitude dont sont entourés les
enfants, les personnes âgées et les handicapés au Japon est surprenante et
peut constituer un bon exemple à suivre en Tunisie pour les visiteurs des
espaces d’exposition. En effet, des chaises roulantes et des poussettes sont
prêtées à l’entrée de l’Expo aux usagers qui utilisent généralement des
moyens de transport en commun, ce qui réduit la possibilité de l’usage de
leur propre équipement. Un tel geste est à la fois la preuve d’une grande
civilité et de respect pour toutes les franges de la population sans
exception, facteur de solidarité et de cohésion sociale.

 

D’autres prestations

« Les Plazza », podiums de spectacles équipés. mis par l’association
japonaise à la disposition des pays exposants de toutes les zones de l’Expo
(Global Common 1 à 6 plus les zones de transition) servent à plusieurs
spectacles donnés par les Pavillons d’une zone déterminée et aussi à celles
des troupes situées dans les autres zones selon une périodicité cyclique
programmée. Cependant beaucoup des shows musicaux se déroulent aussi à
l’intérieur des Pavillons nationaux. Ce qui était le cas de la troupe
tunisienne de musique formée de trois personnes (orgue, luth et Darbouka).
Cette performance a drainé les visiteurs à l’intérieur du Pavillon qui était
attirés par le son de la musique, d’autant plus que le Spectacle avait été
annoncé par l’association dans les brochures et dépliants qu’il éditait. Les
ventes de pâtisseries et de gâteaux tunisiens, ainsi que celles de boissons
(café maure, thé vert à la menthe) ont aussi constitué sans conteste des
éléments constants d’animation et le coin café maure du pavillon, exemple de
convivialité, était constamment occupé par les clients japonais qui y
prenaient des photos souvenir tout en dégustant un thé à la menthe ou un «
okachi » (pâtisserie en japonais).

 

La visite du Pavillon italien est impressionnante dans le sens où, d’une
part, l’idée qu’il dégage est la parfaite synthèse de la société italienne
partagée entre la tradition et la modernité (Fiat 500, monuments et statues
romaines, Giro, bicyclettes et nanotechnologie) et d’autre part le souci
constant de préservation du patrimoine historique, archéologique et
civilisationnel dont l’empire romain représente l’apogée. L’application
manifestée dans la mise en relief d’une vieille statue (ombres chinoises,
film sur écran plasma pour retracer les différentes étapes du processus de
conservation technique de l’objet..) montre de façon évidente de ne rien
laisser dépérir du passé glorieux de l’Italie. Pour sa part. l’Australie
attache une grande importance à sa participation aux Expositions
Universelles et notamment à une Expo comme Aichi qui ne se situe pas trop
loin de son aire géographique et aussi de ses préoccupations constantes de
préservation de l’environnement et des espèces en voie de disparition.
L’exemple qui le confirme est la présence dans le pavillon d’un
ornithorynque géant de 11 mètres (duck-bill platypus en anglais) et comme me
l’explique M. Saros le Directeur de ce dernier, cette espèce a pu
miraculeusement survivre car son origine remonte chronologiquement à celle
des Mammouths (il y a 65000 ans!). C’est dire combien l’Australie a collé au
thème et au but de l’ Expo qui sont ceux de rendre le visiteur conscient de
la nécessité de préserver l’écosystème. Quant au Pavillon turc, il est à
prendre en exemple en raison de l’originalité du spectacle qu’il a présenté
aux visiteurs. Les racines culturelles communes que nous possédons avec la
Turquie nous incitent à observer avec plus d’attention la manière dont ce
pays réussit à mettre en valeur son patrimoine. Il est évident que les
moyens mis en oeuvre pour obtenir ce résultat sont importants, mais le
retour d’investissement susceptible d’être généré en termes d’image et
d’impact économique (tourisme..) est aussi sans doute considérable. La
Jordanie est un autre pays émergent dont il faut méditer l’expérience : d’un
niveau économique similaire à celui de notre pays il possède en outre comme
nous des racines arabo musulmanes. Il peut être affirmé que ce pays a réussi
sa participation principalement parce qu’il a fait interférer, comme la
Turquie. d’ailleurs, une conception du pavillon originale et moderne faisant
appel à des compétences confirmées. En fait il a réussi a donner au visiteur
japonais touriste potentiel une image d’un pays d’accueil pouvant répondre à
ses besoins en matière de détente et de repos (bains thermaux,
thalassothérapie..), exploitant les ressources de la mer morte (sel, algues,
huiles). Le Canada est aussi très attaché aux valeurs de l’Expo, ne serait
ce que du fait de ses racines culturelles et de son rapprochement
géographique du territoire japonais. La journée du Canada avait déjà eu lieu
mais malgré cela la Direction du Pavillon conserve le souci d’animer
constamment la participation canadienne à cette manifestation. La visite du
Pavillon Qatari montre par ailleurs que ce pays a avancé à grands pas sur le
chemin de la modernité et de l’avancement technologique. Il se positionne
désormais en Asie comme une plaque tournante et un passage obligé dans la
région. Le Pavillon Espagnol a fait pour sa part montre d’une originalité
dans sa participation non seulement parce qu’il a su mettre en valeur son
patrimoine culturel (Don Quichotte, etc..), mais aussi axer la recherche
d’impact sur le potentiel qu’il offre à l’exportation notamment en matière
de produits alimentaires. L’Espagne futur organisateur de l’Expo de 2008, se
devait de présenter un Pavillon à la hauteur des attentes du public.

 

Une animation continue

L’animation à l’intérieur du Pavillon et dans l’entourage géographique de
l’Expo a été continue et a notamment connu des pics lors des visites des
Ministres tunisiens du Tourisme et des Technologies de lu Communication.
Plusieurs actions programmées ou en gestation sont également prévues pour
animer le Pavillon tunisien. Une échéance, celle du 23 juin au cours de
laquelle interviendra la journée de la Tunisie. Cpar la présence de notre
Premier ministre. Les préparatifs vont bon train et la synchronisation de la
coordination entre notre Ambassade à Tokyo et le Commissariat Général du
Pavillon a été parfaite, la participation tunisienne est appelée à constituer
une belle réussite.

 

 

(Source : La Tunisie-Economique
– Avril 2005 : H.K)

 

18- 07 – 2005 ::
07:00

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