Tout en soulignant les
insuffisances, députés et gouvernement se sont accordés à trouver
satisfaisants les résultats de dix ans d’application de l’accord
d’association avec l’Union européenne.
Le gouvernement –représenté par MM. Abdelbaki Hermassi et Mohamed Nouri
Jouini, respectivement ministre des Affaires étrangères et du Développement
économique et de la Coopération internationale- et les députés ont procédé,
jeudi 7 juillet 2005, à l’évaluation de dix ans d’application du Traité
d’association conclu par la Tunisie avec l’Union européenne, le 17 juillet
1995. Une vingtaine de députés ont pris la parole pour dresser le bilan de
la coopération tuniso-européenne dans ce cadre, en saluer certains aspects
et, surtout, en critiquer d’autres.
Leurs interrogations et
remarques ont porté en particulier sur les résultats notamment en matière
d’exportation, l’impact de l’élargissement de l’Union européenne sur les
pays de la rive sud de la Méditerranée d’une façon générale et la Tunisie en
particulier sur le flux d’investissements en direction de notre pays, la
consistance de l’assistance financière européenne, la possibilité que
l’Union européenne fasse jouer une clause du traité lui permettant d’en
suspendre l’application au cas où elle jugerait qu’un pays n’en applique pas
pleinement le volet politique -stipulant la protection des droits de
l’homme, de la liberté d’expression et l’instauration de la démocratie.
C’est M. Fouad Mbazaa, président de la Chambre des députés, qui a donné le
ton en soulignant que «des pas importants ont été faits en matière
d’application du traité que notre pays a œuvré à faire réussir», notamment
en accueillant le sommet 5+5 en décembre 2003.
«L’impact du traité a été positif et même très positif, dans la mesure où le
taux de croissance a augmenté d’un point pendant dix ans», a enchaîné M.
Jouini. Une performance «due bien sûr principalement aux politiques que nous
avons mises en œuvre et qui n’était pas facile à obtenir, en particulier
parce que nous avons ouvert notre marché», précise le ministre du
Développement économique et de la Coopération internationale.
Le traité d’association a également beaucoup contribué à «la diversification
de l’économie nationale, ce qui aide à satisfaire les demandes d’emplois
passées de 30.000 par an avant l’accord avec l’Union européenne à 60.000
aujourd’hui», observe M. Jouini.
La Tunisie estime également avoir eu une part consistante du gâteau
financier. «Nous avons obtenu 14% de l’enveloppe totale consacrée par
l’Union européenne aux pays de la rive sud de la Méditerranée, alors que
notre population ne représente que 4% du totale », calcule le Ministre du
Développement économique et de la coopération internationale. Toutefois,
«cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de difficultés et de la déception,
parce que nous aspirions à plus», Plus tant au niveau de l’assistance
financière que de la portée de l’accord d’association «qui ne doit pas se
limiter à l’instauration d’une zone de libre échange».
Mais «avant de faire porter la responsabilité aux autres, nous relevons nos
lacunes», déclare M. Jouini. Certes, «nous avons beaucoup profité (du
traité)», mais «nous aurions pu en tirer un meilleur profit», admet le
ministre du Développement économique et de la Coopération internationale,
notamment en matière d’exportations. Ainsi, «nos échanges commerciaux
restent concentrés sur trois ou quatre pays» et «cela n’est pas imputable à
l’Union européenne, mais relève de notre capacité à diversifier nos
marchés», note M. Jouini.
Néanmoins, l’Union européenne n’est pas irréprochable, juge le ministre du
Développement économique et de la Coopération internationale, car ses
mesures de protection non-tarifaires, ses normes et ses subventions aux
produits agricoles contribuent à freiner les exportations tunisiennes.
M. Jouini reproche également à l’Union européenne de ne pas avoir encouragé
suffisamment l’investissement en direction de la Tunisie et, en particulier,
de ne pas avoir mis en place une convention de garantie des investissements.
Concernant la «conditionnalité»
politique du traité d’association. Une question sur laquelle M. Abdelbaki
Hermassi, ministre des Affaires étrangères, a été très clair. Rappelant que
l’article 5 du traité prévoit la mise sur pied de structures traitant de
diverses questions «dont les Droits de l’homme», le ministre des Affaires
étrangères a déclaré que «la Tunisie a sa propre approche globale de la
question des Droits de l’homme qui ne dissocie pas les trois dimensions que
sont le développement, la stabilité et la démocratie» et «insiste sur la
nécessité de respecter la souveraineté et les spécificités de chacun, dans
le cadre d’un dialogue constructif et global».