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Stratégie
Réhabiliter les bureaux d’études
Il y a quelques jours, nous
avons été particulièrement émus par le cri du cœur de l’un des
professionnels tunisiens du secteur du textile/habillement, justement parce
qu’il ne se lamentait pas sur son sort (comme le font, avec une facilité
déconcertante, certains patrons), mais parce que ses propos étaient à la
fois critiques et décidés, identifiant courageusement le mal et s’affirmant
résolu à faire face.
Ce qui a suscité notre admiration, c’est que ce chef d’entreprise a dépassé
très rapidement la dénonciation de la sous-traitance, comme l’une des
principales origines des maux du secteur, pour se concentrer sur l’essentiel
constructif : «L’avenir des entreprises du secteur textile/habillement est
avec les bureaux d’études, les bureaux de méthode… Tous ces spécialistes du
détail de ce qui doit très précisément constituer le produit», souligne avec
une conviction totale M. Hassen Boussaâda, patron d’une société exportatrice
de production et de distribution du textile.
Selon lui, l’erreur de nos entreprises a été d’avoir choisi la facilité et
d’avoir travaillé toutes ces années sur la base du ‘’tout conçu d’avance’’
par les donneurs d’ordre. Et c’est cela que la sous-traitance laisse en
héritage : des entreprises dont beaucoup pourront très difficilement
s’adapter aux concepts radicaux qui font désormais les règles des marchés.
La seule échappatoire fait d’ailleurs l’unanimité dans le monde. Elle
implique que seuls pourront s’en sortir les entreprises (ou groupes
d’entreprises) qui maîtrisent le plus de segments dans le processus qui
prend son départ dans la production des matières premières pour finir dans
les rayons des boutiques.
A tous les niveaux de cette chaîne, les bureaux d’études ont aujourd’hui une
place centrale en ce qu’ils permettent de clarifier tout cela, de le
disséquer en une multitude de séquences, d’en déterminer les temps et les
prix, d’en proposer les styles et les designs… Et si le textile/habillement
tunisien souhaite prendre le train d’un métier mondialisé, il doit mettre
ses pas dans ceux de ses prédécesseurs occidentaux et asiatiques et se
mobiliser pour réhabiliter la mission de ces bureaux.
Maryam OMAR
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