Chine – Internet : le nouvel eldorado pour les investisseurs…
Décidemment, la Chine n’a pas
fini de donner du tournis aux pays en développement. Car, après le textile,
l’automobile… et les autres branches technologiques, c’est désormais
l’Internet qui devient la nouvelle cible pour les investisseurs occidentaux,
et ce aux dépens des autres pays en développement.
En effet, le portail américain Yahoo vient de s’offrir 40% du numéro un
chinois du commerce en ligne Alibaba.com pour la bagatelle de un milliard de
dollars. Cet accord de prise de participation a été signé hier 11 août entre
Yahoo et Alibaba.com.
Il est clair que le marché de l’Internet chinois fait aujourd’hu l’objet de
toutes les convoitises des investisseurs, ainsi que le témoigne l’entrée en
Bourse triomphale du moteur de recherche chinois Baidu.com. Et ce n’est pas
fini, puisque les autres géants de l’Internet comme Google, MSN, eBay et
Amazon seraient sur le point d’amarrer sur le marché chinois, qui compte
depuis juillet dernier 103 millions d’internautes (contre 90 millions en
janvier).
Cette opération fait de Yahoo! avec 40 % du capital et 35% des droits des
votes, le plus important investisseur d’Alibaba. Cette start-up qui emploie
près de 2 000 personnes, est avant tout un site commercial s’adressant aux
entreprises chinoises et étrangères. Mais il propose également des services
d’enchères pour les consommateurs avec son site Taobao.com, à l’image du
site américain de ventes aux enchères eBay, dont il est devenu l’un des
concurrents.
La Chine derrière les Etats-Unis, mais pour
combien de temps !
Avec cette transaction, Yahoo!
met ainsi fin à son aventure en solitaire. Ce mariage avec Alibaba devrait
donner naissance à un nouveau géant chinois des services en ligne en
combinant les sites de commerce grand public et professionnels d’Alibaba au
moteur de recherche Yahoo!, déjà numéro deux chinois derrière Baidu.com. Ce
dernier a fait, vendredi 5 août, une entrée triomphale sur le Nasdaq, le
marché américain des valeurs technologiques. Introduit à 27 dollars, le
titre «Baidu» a atteint un maximum de 151,21 dollars dans le cours de la
journée pour terminer la séance à 122,54 dollars, soit un gain de 354%.
Baptisé le «Google chinois», le moteur chinois de recherche Baidu.com, créé
il y a cinq ans, se présente comme le sixième site web le plus visité au
monde et le deuxième en termes de fréquentation en Chine. Baidu a bâti sa
croissance sur un modèle économique déjà éprouvé par Google, à savoir un
moteur de recherche alimenté par les revenus publicitaires en ligne. Mais le
site a d’ores et déjà une panoplie de services bien plus diversifiée,
puisqu’il propose notamment le téléchargement payant de films et de musique
en format MP3.
Après l’introduction de Baidu sur les marchés financiers, la prise de
participation dans Alibaba traduit l’intérêt grandissant des investisseurs
pour l’Empire du milieu, un marché encore embryonnaire mais au potentiel
énorme. Car si la Chine se classe deuxième derrière les Etats-Unis par le
nombre d’usagers de la Toile, le taux de pénétration de l’Internet est dans
cette population de 1,3 milliard de personnes encore faible, à seulement
7,9% des foyers.
Rappelons qu’en mai dernier, le leader de la recherche sur le Net Google et
la division Internet de Microsoft MSN se sont installés, rejoignant le site
aux enchères eBay et le cybermarchand Amazon. Mais cette euphorie pour
l’Internet chinois ne doit pas masquer les difficultés d’adaptation pour les
entreprises occidentales. Car si depuis 2002, la Chine s’est lancée dans un
développement accéléré du réseau, elle n’a pas renoncé pour autant à
contrôler son contenu. Incapable de tout surveiller, le gouvernement chinois
s’est donc engagé dans une stratégie de dissuasion de contenus. Au terme de
la réglementation mis en place par le pouvoir, les éditeurs de sites web et
les fournisseurs d’accès sont tenus pour responsables de la diffusion de
toute information sensible (comme les droits de l’homme, le Dalaï-Lama,
Taiwan ou le mouvement spirituel de Falungong).
T.B.
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