Gmamdia, l’autre minerai de M’Dhilla
Dispensé du déplacement à Lyon, Haikel Gmamdia devrait faire dimanche (18h),
face à Monaco, ses grands débuts en Ligue 1.
Il est de M’Dhilla, appelée aussi “Ville de la Mine”. “Dans le temps, il y
avait beaucoup de Français et d’Italiens pour exploiter les mines de
phosphate. C’est vrai que j’ai grandi dans cette ambiance, dans ce mélange
de cultures”, explique Haikel Gmamdia.
Mais pour lui, M’Dhilla rimera plutôt, et tant bien que mal aussi, avec
ballon. “On jouait dans la rue, dit-il avant de sourire. Mais c’était plus
un sport de combat que du football. J’y ai beaucoup appris. Tu joues des
heures et des heures face à des adversaires parfois plus grands, souvent
plus costauds et âgés que toi. Tu apprends à être malin, tu apprends à
éviter les coups aussi.”
Et bien sûr, il y apprendra à jouer des deux pieds, “à marquer des buts”,
lui qui n’a jamais joué ailleurs qu’en pointe. “J’adore ce poste”,
ponctue-t-il simplement.
Une seule idée en tête
Dans cette petite ville, pas loin de Gafsa, au sud de la Tunisie, il
s’inscrira au club de football local. “J’avais un peu plus de onze ans. Mon
père, qui avait été milieu offensif, en était devenu le président.”
Depuis, il n’aura qu’une idée en tête : “devenir footballeur professionnel,
partir un jour en Europe et “de préférence en France”.
Il suivra aussi un moment la voie tracée par Hatem, son frère aîné. “Il
était international dans les catégories de jeunes, mais il a préféré les
études. Il est aujourd’hui professeur de sport comme l’un de mes autres
frères, également professeur, mais de technologie.”
“Je laissais tout derrière moi”
Même s’il ne renie pas les études -“c’est important d’en suivre”-, Haikel
voit plutôt sa vie sur un terrain de foot, comme son petit-frère. “Meher
joue à l’Etoile Sportive du Sahel. Il est aussi attaquant.”
Haikel Gmamdia mettra douze ans et deux voyages pour atteindre son rêve de
gosse. “A 15 ans, je suis parti au CS Sfaxien. Seul. Ça a été très dur. Je
laissais tout derrière moi : ma famille, mes amis et ma ville. Je changeais
de vie. Mais j’allais vers celle dont je rêvais”, reprend
l’international tunisien.
Jours difficiles
Il restera à Sfax huit années, remportera un titre national (2005), une
coupe nationale (2004) et une ligue arabe des Champions (2004), mais “pour
faire carrière et penser à l’avenir”, comme il le souligne, il refera ses
valises, direction l’Alsace.
Histoire de prouver que ses talents de buteur -meilleure gâchette de Tunisie
ces deux dernières saisons- pouvaient s’exporter. “Quand je suis arrivé à
Strasbourg, j’ai un peu vécu la même chose que lorsque j’étais parti à Sfax.
Je laisse, une nouvelle fois, tout derrière moi. Mais à Strasbourg, comme à
Sfax, je me suis adapté, explique-t-il avant d’esquisser un nouveau sourire.
J’ai eu deux jours difficiles ici, les deux premiers. Aujourd’hui, je me
sens très bien”.
Réalisme
Pêle-mêle, à Strasbourg, il a trouvé : “Un club plutôt familial, des joueurs
et un encadrement avec un bon état d’esprit. C’est le club idéal pour moi.”
Dimanche, il a suivi ses nouveaux copains de jeu via un écran de télé. “Ils
ont bien joué, mais les Lyonnais ont été réalistes. Deux occasions, un but.”
Quand on lui dit qu’il est là pour pallier le manque de réalisme constatée à
Lyon, il répond sagement : “Un attaquant doit marquer. Autrement, il ne se
sent pas bien. J’ai envie de beaucoup donner. Je veux créer le danger, faire
des bonnes passes.” Et marquer, donc.
Il prouvera alors que si le phosphate est le minerai le plus extrait de M’Dhilla,
son sol laisse passer quelques filets d’or.
Article paru dans les «Dernières
Nouvelles d’Alsace» le 11/8.
Par Jean-Christophe PASQUA
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