Parce
que le groupe n’a pas encore commencé à rembourser ses dettes, comme le
prévoyait le plan de relance élaboré par le mandataire judiciaire Ali Debaya,
les banques ont fermé le robinet.
Les banques veulent-elles mettre en faillite Batam ? Trois ans après
l’éclatement de la crise financière qui a entraîné le départ des frères Ben
Ayed, fondateurs et principaux actionnaires, et la mise du groupe sous
mandat judiciaire, les péripéties que Batam -ou ce qui en reste- a connues
depuis la fin de la mission de M. Ali Debaya, en tant que mandataire
judiciaire, incitent à se poser la question.
Durant les douze mois passés à ce poste, M. Debaya s’était employé à
assainir la situation du groupe. Ses efforts ont notamment permis de réduire
les charges de 50% et de baisser le seuil de rentabilité à 170.000 dinars
par jour.
Si l’on excepte 21 entreprises -qui se sont avérées être de véritables
coquilles vides- sur les 35 que le groupe comptait officiellement, toutes
les autres ont subi une restructuration, notamment financière. En
particulier, Héla Batam, la société-mère, a vu son capital réduit à zéro
puis porté à 38,6 millions de dinars, grâce à l’apport des nouveaux
actionnaires -qui sont les créanciers du groupe, c’est-à-dire les banques et
les fournisseurs-, avec un apport en argent frais de 20 millions de dinars
et le reste sous forme de reconversion de créances.
Mais ce ne devait être que le début d’un processus, car l’ancien p-dg de la
Société Tunisienne de Banque (S.T.B.) avait conçu tout un plan de
redressement dont l’application devait être assurée par son successeur à la
tête de Batam, en l’occurrence M. Abdelmajid Hessairi, administrateur
délégué, arrivé aux commandes le 22 septembre 2004.
Le déclenchement du processus de relance impliquait que les banques -qui
contrôlent aujourd’hui 48,9% du capital- fassent bénéficier Batam de
facilités financières, sous la forme d’une ligne de crédit destinée
principalement à l’escompte. Or, cela n’a pas été fait à ce jour.
De même, le groupe devait disposer de deux lignes de crédits, respectivement
de 24 et de 3 millions de dinars (revolving), servant, la première pour
l’escompte des traites, et la seconde pour l’approvisionnement.
Finalement, Batam n’a pu disposer que de 2,1 sur les 3 millions de dinars de
la ligne revolving, alors que les 24 millions de dinars n’ont pas été
débloqués à ce jour. Et d’après un banquier de la place, ils ne pourront pas
l’être «parce que le plan de relance n’a pas marché, du moins en ce qui
concerne un point essentiel : le remboursement des dettes», que Batam n’a
pas encore commencé à l’appliquer.
Devant cette situation, l’administrateur délégué a adressé, le 22 juillet
2005, un rapport à M. Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale de
Tunisie, pour l’informer de l’état des lieux.
Dans son rapport, l’administrateur délégué propose, en particulier, de
procéder à une réactualisation du plan de redressement «parce que certaines
mesures préconisées il y a une année ne seraient plus opérantes dans leur
forme actuelle», observe un cadre supérieur de Batam.
Ainsi, M. Abdelmajid Hessairi propose de faire bénéficier le groupe d’un
rééchelonnement d’un peu moins de la moitié de la dette du groupe, soit 115
millions de dinars sur un total avoisinant les 300 millions de dinars. Batam
devrait ainsi pouvoir rembourser cette dette sur une période de 15 ans au
lieu de 12 initialement prévus.
L’administrateur délégué suggère, également, l’abandon de la dette fiscale
et de des intérêts du crédit de relance d’un montant de 17 millions de
dinars -dont le remboursement serait lui aussi étalé sur 10 ans, contre
seulement quatre ans pour l’instant. Enfin, la direction de Batam souhaite
l’augmentation du montant de la ligne d’aval de 3 à 6 millions de dinars.