Le
bureau directeur de l’Association pour la Sécurité Numérique a des allures
de commando ayant en point de mire un objectif hautement stratégique :
contribuer à l’action visant à permettre à la Tunisie d’assurer sa sécurité
numérique.
«Je sécurise mes
communications, donc j’existe». S’il fallait inventer un credo pour la toute
nouvelle Association pour la Sécurité Numérique, celui-là devrait faire l’affaire.
Car la création de cette association procède de la conviction que dans un
monde «connecté», maîtriser sa sécurité numérique est une question de vie ou
de mort technologique, économique et, partant, politique.
Se fondant sur les
«orientations présidentielles relatives au développement des associations en
général et à la vulgarisation de la culture numérique en particulier», et
convaincus de l’importance de l’innovation technologique dans le domaine de
la sécurité numérique» -pour permettre à la Tunisie de passer du stade de
consommateur à celui de fournisseur de technologies-, Adel Bouhoula et
l’équipe dont il s’est entouré se sont fixés comme mission d’œuvrer à aider
leur pays à se doter des outils lui permettant de mettre en place et, donc,
de maîtriser sa sécurité numérique. Pour ce faire, Adel Bouhoula a réussi à
mobiliser des compétences tunisiennes ayant un savoir-faire avéré en
matière de sécurité numérique.
Ce sont pour la plupart des
responsables d’organismes publics. C’est le cas de Adel Gaaloul (PDG de
l’Agence Tunisienne de l’Internet), Nabil Sahli (DG de l’Agence Nationale de
la Sécurité Informatique), Lamia Chafai (DG de l’Agence Nationale de la
Certification Electronique), Ahmed Khallouli (Directeur des Réseaux
d’Entreprise), Slim Jarraya (Directeur des Technologies de l’Information et
des Réseaux à Tunisie Télécom), Kamal Saadaoui (Directeur technique à l’ATI),
Faten Labbene–Ayachi (Maître assistante à Sup’Com), Sami Soudani
(Sous-directeur des Technologies de l’Information et des Réseaux à Tunisie
Télécom), Zouheir Trabelsi (Maître assistant à Sup’Com) et Kayssar
Benhammadi (étudiant en 3ème cycle à Sup’Com).
A tous ces représentants du
secteur public, s’ajoutent un du privé, en l’occurrence Moez Souabni (PDG
du groupe MRS), et Adel Bouhoula, qui est un peu à cheval sur les deux. Car,
Ingénieur en Informatique, et maître de Conférences à l’Ecole Supérieure des
Communications de Tunis après avoir assuré les fonctions de Directeur
Général de la Sotetel-IT, de Président Directeur Général de l’IRSIT S.a. et
de Directeur des Technologies de l’Information et des Réseaux au sein de
Tunisie Télécom, Adel Bouhoula vient de développer, avec M. Ahmed Friaa, un
système de cryptographie ayant fait l’objet d’un brevet enregistré en
Europe.
Développer sa propre
technologie dans ce domaine est absolument vital, parce que les produits de
sécurité numérique des grands constructeurs sont «inadaptés aux réalités de
nos marchés et de nos besoins. Cette dépendance technologique leur confère
d’ailleurs une mainmise sur nos besoins en termes de livraison de telle ou
telle technologie».
Acheter une solution clef en
main de sécurité numérique, c’est également se mettre dans «une certaine
dépendance technologique vis-à-vis des éditeurs de logiciels de sécurité et
particulièrement au niveau de leurs mises à jour. Cette mainmise octroie à
ces éditeurs une position de monopole technologique et au pays les moins
développés une position passive de consommateur de technologies».
En outre, ces solutions
ne sont pas sûres pour leurs utilisateurs, puisque constituant de
«véritables boîtes noires». Il suffit, pour s’en convaincre, affirme Adel
Bouhoula, de se rappeler «les logiciels espions «spywares» ou autres
processus de types «backdoors» permettant de renseigner et de transmettre
des informations sur nos PC à des concurrents ou à d’autres forces
économiques».
Le Président de l’A.S.N. en
est d’autant plus convaincu qu’il n’a pas oublié une affaire qui a révélé
une autre facette de la domination que les Etats-Unis exercent sur le monde.
Il s’agit de l’affaire ECHELON, un gigantesque réseau anglo-saxon
d’espionnage des télécommunications dont la découverte avait alors poussé le
Parlement européen a adopter en septembre 2001 une résolution encourageant
les pays membres a développer leurs propres outils de cryptage».
La Tunisie, elle, rappelle M.
Adel Bouhoula, n’a pas attendu cette affaire pour se doter de sa propre
solution baptisée Hannibal et enregistrée …. en juin 2001.
Concrètement, l’Association
pour la Sécurité Numérique va œuvrer à créer une synergie fructueuse,
d’autant qu’«en Tunisie le nombre d’experts dans le domaine de la sécurité
numérique est assez réduit, c’est pourquoi la création de l’ATSN est une
idée qui a pour objectif essentiel de réunir le plus grand nombre de
compétences dans ce domaine de technologie de pointe, facilitant ainsi
l’instauration d’une synergie fructueuse entre les différents facteurs
d’incitation à l’innovation technologique».
Pour ce faire, l’Association
entend contribuer au développement de la recherche et de l’innovation
scientifique et technologique dans le domaine de la sécurité numérique, à la
promotion des réalisations nationales et internationales dans le domaine de
la sécurité numérique, à la diffusion de la culture numérique et à la
sensibilisation, essentiellement auprès des jeunes, de l’importance de la
sécurité numérique. Tout cela lors de tables rondes, séminaires et
expositions qui seront organisés et destinés à «la vulgarisation de ce
thème, si stratégique pour la Tunisie».