Flambée des prix du pétrole
Le plaidoyer de Donald Kaberuka pour l’Afrique
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Le
président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, qui
assiste actuellement à Washington aux assemblées générales de la Banque
mondiale et du FMI, a exhorté la communauté du financement du développement
à faire plus de cas de l’impact, sur les économies africaines, de la flambée
du prix du pétrole.
Lors de la conférence de presse qu’il a tenue à Washington, le tout nouveau
président de la BAD, M. Donald Kaberuka a estimé que si rien n’était fait
pour aider à court terme les pays de la région, certains d’entre eux
verraient leur capacité à faire des progrès pour atteindre les objectifs de
développement du Millénaire (ODM) sérieusement compromise.
C’est pourquoi il a appelé aussi bien institution que la banque, le FMI mais
également les autres bailleurs de fonds à faire front commun pour accélérer
la mise au point de facilités qui aideraient les pays africains à résister
au choc en même temps qu’ils se préparent à la nouvelle tendance à long
terme du marché, les prix devant selon toute vraisemblance se maintenir
au-delà de leur niveau de 2005.
Par ailleurs, M. Donald Kaberuka n’a pas manqué de souligner que l’Afrique
connaissait une heure pleine d’opportunités. «Il y a des nouvelles
encourageantes qui viennent d’Afrique, et la communauté internationale a
exprimé des engagements qui devraient maintenant se traduire dans la
réalité», a-t-il déclaré à son audience. Mais il ne s’arrête pas à ce
constat, puisqu’il a appelé «la communauté internationale et les
gouvernements africains à faire valoir leur pacte de responsabilité
mutuelle, avertissant au passage que cela ne pourra se réaliser qu’à trois
conditions: que la communauté internationale respecte ses engagements de
Gleeneagles et de la Commission pour l’Afrique, que le round de Hongkong sur
les accords commerciaux de Doha fonctionne à présent, et que les
gouvernements africains continuent à faire des progrès dans les domaines de
la gouvernance, de la gestion économique et du renforcement des capacités».
Un consortium africain pour l’infrastructure
En outre, répondant à une question sur la situation de l’infrastructure en
Afrique, M. Kaberuka a annoncé le lancement imminent d’un Consortium
africain pour l’infrastructure qui, a-t-il déclaré, devrait être entièrement
opérationnel dans les prochains mois. Il a également indiqué que la BAD
jouerait dans les années à venir un plus grand rôle dans le domaine de
l’infrastructure.
Le président de la Banque avait estimé, à l’issue d’un entretien qu’il avait
précédemment eu avec le secrétaire d’Etat au Trésor John Snow, que les
institutions internationales gagneraient à revoir leurs agendas de
développement pour identifier les domaines où leurs actions se chevauchent
et pour rechercher une plus grande complémentarité dans leur travail. «Il
est important, a-t-il déclaré, de savoir qui fait quoi et qui devrait faire
quoi en matière de réduction de la pauvreté, d’analyse macroéconomique, de
surveillance financière, d’infrastructure, etc.»
Il a annoncé que la BAD s’attellerait très rapidement à déterminer quels
sont ses avantages comparatifs pour améliorer davantage ses performances.
Les deux hommes se sont également entretenus de l’importance d’un plus grand
rôle de la BAD dans la région et des réformes qui étaient nécessaires pour
accroître son efficacité, combattre la corruption dans les opérations
financées par la banque, s’ouvrir davantage au secteur privé et prêter
assistance aux PME, et aider les pays africains à mettre en place un
environnement favorable aux affaires.
Ces propos du président de la BAD reflètent ceux d’un homme de terrain,
longtemps confronté aux réalités quotidiennes au moment où il occupait le
portefeuille des Finances de son pays, le Rwanda.
Tallel BAHOURY (d’après la BAD)
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