Textile : TX7, un consortium sans lendemain ?

Par : Autres
 

Textile

TX7, un consortium sans lendemain ?

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Par
Moncef
MAHROUG

 

 

textil.gifOpérationnel depuis seulement quelques mois, le «Consortium Textile Tunisia
TX7» montre des signes à la fois prometteurs et inquiétants.

Premier groupement d’intérêt économique (G.I.E.) à avoir vu le jour il y a
près d’une année dans l’industrie textile, grâce aux encouragements du Famex
en la personne de son patron, M. Slim Chaker, le «Consortium Textile Tunisia
TX7» -composé de cinq entreprises (Zetex, Etiquettes & Accessoires, Covet,
Sportex et Guhmetex)- n’a pas connu une naissance facile. Comme toutes les
nouveautés, il n’a pas été immédiatement compris et accepté par un
environnement assez conservateur et, surtout, sous-informé.

En effet, le premier obstacle contre lequel ce groupement a buté est
imputable aux différents interlocuteurs de l’entreprise (tribunal, finances,
banques, etc.) qui, devant les représentants de TX7 chargés d’effectuer les
formalités de création de cette entité, ont eu la réaction de quelqu’un qui
se trouve devant un O.V.N.I. (objet volant non identifié). Cela parce que
les représentants des administrations et organismes assimilés avec lesquels
les responsables de TX7 ont eu à traiter n’avaient entendu parler du texte
portant création des G.I.E.

Il a donc fallu aux représentants légaux du groupement faire preuve de
patience et de pédagogie, -«ce qui nous a fait perdre de deux à trois
semaines à chaque étape», se plaint Ridha Mahjoub, conseiller en exportation
qui accompagne le consortium dans sa quête de marchés à l’étranger et en
assure en même temps l’administration.

Mais les difficultés les plus sérieuses sont le fait du Consortium lui-même
ou, plus précisément, de certains parmi ses cinq membres.

La première est imputable au principe «d’exclusivité pour chaque produit»
sur lequel les cinq entreprises se sont entendues. Or, pour Ridha Mahjoub,
«ce n’est pas la meilleure formule». Car pour qu’un G.I.E. «ait du poids, il
faut une masse critique au niveau de la capacité de production» -ce qui fait
défaut actuellement à TX7.

En raison de cette faiblesse, et même s’il a déjà décroché des contrats en
Espagne et en Grande-Bretagne, le groupement «ne répond pas au besoin, avec
sa formule et sa taille actuelle», estime Ridha Mahjoub.

Un avis que les associés de TX7 ne partagent pas, qui répondent qu’il est
possible «en cas de besoin de recourir à la sous-traitance». Une idée que le
conseiller trouve inopérante d’autant que «certains donneurs d’ordre
internationaux ne l’aiment pas aussi».

Autre problème, crucial, voire grave : la propension de certains membres du
consortium –du reste à l’image d’un grand nombre d’entreprises à l’échelle
du pays- à minimiser l’importance des services et notamment des conseils et,
partant, à ne pas les rémunérer correctement –voire pas du tout. Car, aussi
invraisemblable que cela puisse paraître, deux des cinq membres du
consortium refusent de payer leur part de la facture pour les services
rendus par l’expert lors des premiers mois de mise en place du consortium.

Ce travers se manifeste aussi dans la relation avec les prestataires de
services étrangers, dont les démarcheurs. «Trouver un bon représentant sur
les nouveaux marchés n’est pas évident. Et quand on déniche l’oiseau rare,
imposer le paiement de commissions et non pas d’honoraires ne mène pas loin.
Car ces messieurs, qui font du lobbying et de la communication pour les
G.I.E., sont en position de force pour exiger un montant fixe par mois,
d’autant qu’ils sont très sollicités», tranche Ridha Mahjoub. Or, certains
membres du Consortium TX7 refusent de rémunérer les intermédiaires autrement
qu’à la commission.

Habitués à des rapports clairs et fluides avec ses clients, Ridha Mahjoub ne
cache pas, à propos de son expérience avec TX7, qu’il «commence à être
fatigué» et, même, à ressentir de l’amertume. Car les Tunisiens «qui n’ont
pas réalisé que le marché a changé et nécessite aujourd’hui une grande
réactivité», sont parfois à côté de la plaque.

Or, Ridha Mahjoub constate que non seulement «les wagons de TX7 ne roulent
pas tous à la même vitesse», mais que «certains ont la volonté d’aller de
l’avant, alors que d’autres bloquent parfois pour une dépense de 500
dinars». Et les statuts eux-mêmes du groupement ne favorisent guère le bon
fonctionnement du consortium puisqu’ils prévoient que les décisions sont
prises à une majorité de 70% des voix. «Ce qui veut dire qu’il suffit qu’un
associé sur cinq ne soit pas d’accord pour qu’on ne puisse rien faire»,
explique le conseiller.

Pour autant, Ridha Mahjoub, ancien conseiller commercial de l’ambassade
britannique, ne se laisse pas abattre. Il se dit parfois que la situation
actuelle de TX7 est peut-être imputable au fait que cette expérience est
encore à ses débuts et que «les difficultés vont s’aplanir».

Bien que le premier consortium dans l’industrie textile ne soit encore qu’à
ses débuts, Ridha Mahjoub est d’avis qu’il est aujourd’hui nécessaire d’en
revoir certains aspects si l’on veut que l’expérience se poursuive et
réussisse.

Premier changement recommandé : augmenter le nombre des entreprises
associées dans le groupement. «Avoir 4 ou 5 entreprises sur le même produit
ne devrait pas poser de problème», pense Ridha Mahjoub.

 

Deuxième
changement, ou plutôt une véritable révolution, appelée de tous ses vœux par
le conseiller en exportation : un changement de mentalité.

En tout cas, il attend d’une grande réunion prévue dans les prochains jours
qu’elle clarifie les choses. Dans tous les cas de figure, elle sera
déterminante pour l’avenir immédiat de cet homme qui semble déjà mentalement
prêt à tourner la page.

 

 

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