Depuis
l’avènement de la mondialisation, il n’y a plus de frontières “économiques”,
donc plus de dedans et de dehors. Bienvenue dans l’ère de l’interdépendance,
de l’interaction et de la communication à l’échelle planétaire, où tout
s’accélère, même l’Histoire… Nous recevons des images de la ligne du front
en temps réel sur nos écrans, les fluctuations des indices des principales
places boursières du monde ‘on line’ sur nos ordinateurs, les reportages sur
l’actualité mouvementée de la planète en direct, etc.
Quelles observations devrions-nous tirer de ces flux incessants
d’informations ?
La première observation –à notre sens- est de constater que l’information
est la matière première la plus courue et en même temps la plus abondante de
notre époque. Or l’information a une durée de vie éphémère. Comment la
décoder, l’évaluer et la classer par ordre d’intérêt et de pertinence, pour
s’en servir en temps utile, alors qu’elle est périssable ? L’information n’a
de sens que si elle est “fraîche”. Qui accepterait de payer le prix d’un
journal de la veille… Sauf dans un cas : si l’information est transformable
en connaissance !
La deuxième observation –toujours à notre sens- est de prendre conscience de
l’extraordinaire complexité du monde qui nous entoure. Complexité des lois
de la nature, des organismes vivants, de la pensée humaine, mais aussi de
tous ces systèmes artificiels conçus par l’Homme, et qui sont, comme
l’entreprise, à la fois techniques, organisationnels et sociaux. Comment
alors, pour des hommes en charge de responsabilités (dirigeants
d’entreprise, décideurs, experts, etc.) s’orienter et agir dans ce monde de
plus en plus complexe ?
Une démarche existe. Il s’agit de l’approche systémique. Celle-ci permet de
modéliser les systèmes complexes en s’appuyant sur une vision dynamique de
notre réalité. Issue de la biologie, de la cybernétique et de la
thermodynamique, cette discipline trouve maintenant des applications dans le
conseil et l’innovation. Elle bouleverse les modes de pensées traditionnels,
et induit l’émergence d’une nouvelle vision d’entreprise et de nouvelles
pratiques de management favorisant l’innovation et le travail en réseau.
Ainsi, une entreprise vue d’un point de vue systémique, est un ensemble de
valeurs, d’idées et de ressources mobilisées pour la réalisation d’objectifs
prédéfinis. Agir sur ce système conduit nécessairement à voir, d’une part,
les ‘interactions’ et ‘pro actions’ plutôt que les chaînes linéaires de
cause à effet, et à voir, d’autre part, les processus de changement et les
équilibres dynamiques plutôt que des équilibres statiques et instantanés.
L’entreprise qui se voudra performante doit développer sa capacité à voir,
penser et agir dans la complexité. Ceci revient à développer une capacité à
faire face aux imprévus. Faute de quoi, l’entreprise risque d’être
déstabilisée –voire disparaître- au premier événement majeur non planifié ou
envisagé dans son plan stratégique.
Notre réalité est tellement complexe qu’elle reste inachevée et incomplète.
Personne ne peut jamais prétendre la comprendre ou la maîtriser entièrement
ou définitivement. Dès qu’on pense avoir trouvé des schémas explicatifs
globaux, ils se modifient, laissant place à d’autres modèles tout aussi
éphémères.