Sous la
conduite d’une experte en management de la qualité, les enseignants de
l’Institut Supérieur de Biotechnologie de Sidi Thabet viennent de se livrer,
pendant une année, à une douloureuse mais ô combien utile auto-remise en
question.
Alors bon nombre d’établissements universitaires nationaux renâclent à
s’engager dans la politique d’auto-évaluation lancée par le ministère de
l’Enseignement supérieur, l’Institut Supérieur de Biotechnologie de Sidi
Thabet (ISBST) lance une véritable révolution culturelle en entamant une
réflexion sur «l’enseignement de la qualité au service de la performance
économique», en organisant mercredi 13 septembre un colloque sur ce thème.
Une action entreprise «dans le cadre de la volonté générale de
repositionnement des compétences», explique Mme Rafika Chekir, directrice de
l’ISBST.
Rendant hommage à cet établissement pour «avoir initié cette réflexion», le
ministre de l’Enseignement Supérieur, Lazhar Bououni rappellera que «le
souci de la qualité est à l’ordre du jour dans l’enseignement universitaire»
et qu’il se manifeste à travers la pratique de l’évaluation qui tient compte
de nombreux critères. Dont, en particulier, l’employabilité des diplomés, le
rendement interne de l’établissement, le coût du diplômé, le taux de
passage/redoublement/déperdition, la production scientifique, etc.
D’ailleurs, avertira le ministre, «il est hors de question qu’une
institution universitaire gère à l’avenir ses affaires sans vision
stratégique. Car seule une vision stratégique peut tirer les prestations
vers le haut, pousser les enseignants à mettre à jour leur enseignement et à
s’ouvrir sur leur environnement».
A l’ISBST, la réflexion-action à propos de la qualité est menée par Mme
Leila Chelbi Guellouz. Cet expert Management Qualité, qui a mené pendant une
année une véritable opération de sensibilisation auprès de ses collègues de
l’Institut Supérieur de Biotechnologie de Sidi Thabet, considère que
l’université est une entreprise comme les autres. De ce fait, elle est, elle
aussi, soumise à l’exigence de résultats et doit évoluer pour répondre aux
défis de la mondialisation.
Concrètement, explique Mme Chelbi Guellouz, «l’université est obligée de
définir un nouveau contrat pédagogique portant sur un mode de production,
puisque les étudiants devront, à leur sortie de l’université, être conformes
au cahier de charges».
Ce nouveau contrat pédagogique, note Mme Guellouz, est «un projet
d’entreprise» reposant sur une stratégie qui nécessite une
construction/révision des parcours d’enseignement. «Le plus important dans
cette stratégie, c’est l’évaluation et la revue cyclique des enseignements»,
insiste l’expert. Or, «les enseignants n’aiment pas se remettre en
question», admet Mme Chelbi Guellouz, qui reconnaît, d’ailleurs, avoir eu
toutes les peines du monde à convaincre ses collègues de l’ISBST de se
livrer à ce petit jeu.
Mettant en exergue les nombreuses faiblesses de l’enseignement du management
de la qualité en Tunisie (volumes horaires insuffisants, manques
d’enseignants, mauvaise connaissance du domaine d’enseignement, etc.), Mme
Chelbi Guellouz constate que «le réseau universitaire n’est pas préparé pour
absorber cet enseignement» et commence à peine à prendre conscience que la
mondialisation l’a touchée.