L’Afrique
de l’Ouest, avec un ciel constellé de compagnies nationales connaissant des
fortunes diverses, voudrait bien tenter à nouveau l’expérience d’une
compagnie aérienne supranationale, et ce quelques jours après que certains
pays européens, France, Belgique et Italie notamment, ont publié une liste
de compagnies indésirables sur leur sol.
Personne n’ignore que le transport aérien international traverse un moment
de crise : catastrophes par-ci, montée du prix de carburant par-là. Ces
difficultés actuelles donnent donc plus d’importance aux tentatives qui se
dessinent dans la sous-région ouest-africaine pour mettre sur pied une
compagnie aérienne de dimension sinon continentale, du moins,
sous-régionale. C’est surtout la BCEAO et la BIDC qui ont relancé le projet
ECO-Air. Cette nouvelle société devrait couvrir l’ensemble de la sous-région.
International Air Service (Liberia), international Air Tours Limited
(Nigeria), Johnsons Air Limited (Ghana), Air Mauritanie pressentie pour
transporter les pèlerins ivoiriens pour le hadj sont autant de sociétés
frappées par cette mesure qui est intervenue juste au moment devait se
tenir, à Ouagadougou, la première assemblée générale de la société de
promotion d’une compagnie aérienne régionale (SPCAR). La création de cette
société ayant notamment pour objet d’approfondir les études de faisabilité,
de rechercher un partenaire technique et financier ainsi que des
investisseurs privés est l’un des principaux acquis d’une rencontre qui a eu
lieu fin août dernier à Dakar et à laquelle plusieurs institutions de la
Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont pris part. Elles
avaient, en effet, annoncé après ce conclave, “avoir convenu de la nécessité
de la mise en place diligente d’une compagnie aérienne régionale
compétitive, rentable et offrant toutes les garanties de sécurité”.
Le texte publié à l’issue de cette rencontre est on ne peut plus clair :
“Après un tour d’horizon, des difficultés du transport aérien en Afrique
subsaharienne, les participants ont convenu que le capital social reste
ouvert aussi bien aux compagnies aériennes régionales qu’à tout investisseur
privé”, souligne le texte final. Le Secrétariat exécutif de la CEDEAO, la
Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO, la Commission de
l’UEMOA, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), la
Banque ouest-africaine de développement (BOAD), avec en plus des
investisseurs du secteur privé, selon le texte ont pris part à cette
importante rencontre qui vient relancer ce projet communautaire de création
d’une compagnie régionale de transport aérien.
A côté de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dont le
gouverneur, Charles Konan Banny, s’est fortement impliqué dans la création
d’une compagnie aérienne qui remplacerait la défunte Air Afrique, des
particuliers africains et européens veulent s’investir dans la création
d’une compagnie aérienne qui couvrirait plusieurs pays.
Des sources biens informées soulignent que l’UEMOA voudrait justement que
cette compagnie en gestation puisse être opérationnelle dès l’année
prochaine. C’est Pourquoi d’ailleurs les initiateurs auraient décidé de la
création de la Société de promotion d’une compagnie aérienne régionale (Spcar),
dotée d’un capital initial de 200 millions de francs Cfa, selon les
révélations faites par le président d’Ecobank, Gervais K. Djondo, au cours
d’une conférence de presse tenue récemment à Dakar.
Cette institution financière est aussi fortement engagée, avec la Bceao dans
ce projet que ses promoteurs voient comme une entreprise absolument privée.
Ils ont annoncé que le siège de la société de promotion en question sera
basé à Dakar. Ils considèrent également qu’elle sera un outil d’intégration
africaine, rentrant dans le volet transport aérien du Nepad (Nouveau
partenariat pour le développement de l’Afrique). D’où l’intérêt que tous
portent à ce projet. Pour une fois le chronogramme d’exécution semble
respecté.
Ainsi la première assemblée générale de la SCPAR s’est effectivement tenue
comme initialement programmée, le jeudi 15 septembre 2005 au siège de l’UEMOA
à Ouagadougou, en présence du président de la Commission de l’UEMOA, M.
Soumaïla Cissé, du BECAO, M. Konan Banny, ainsi que du président de la BOAD,
M. Boni Yayi.
A l’issue de cette assemblée, M. Soumaïla Cissé a déclaré que “le projet de
création répond au souci d’apporter une réponse aux défis qui se présentent
dans ce sous-secteur’’, tout en ajoutant que ‘’cela permettra le
désenclavement des Etats membres de l’UEMOA et de la CEDEAO et d’assurer une
desserte aérienne optimale, en offrant des services réguliers, compétitifs
et sûrs. ‘’Ce projet est viable et il ne s’agira pas de faire du surplace.
Cette compagnie de transport aérien qui se veut d’abord sous-régionale
(l’Afrique de l’Ouest) est appelée à devenir africaine’’, a renchéri M.
Charles Konan Banny…
Rappelons que depuis la disparition, en 2002, d’Air Afrique, qui appartenait
à 11 pays africains (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, République du
Congo, Centrafrique, Niger, Togo, Mauritanie, Tchad, Sénégal, Mali) et à Air
France, il n’existe plus de compagnie multinationale africaine.
Depuis cette date, les dessertes ouest-africaines ne sont en majorité
assurées que par des compagnies internationales, tandis que les compagnies
nationales de la sous-région ouest-africaine peinent à concurrencer les
grandes sociétés occidentales, notamment sur les dessertes internationales.
La solution réside certainement dans une compagnie sous-régionale forte et
ayant tiré toutes les leçons de la disparition de la défunte Air Afrique.