En marge
de la 4ème conférence internationale intitulée «Sommet de l’énergie en
Afrique», qui vient d’être organisé par le ministère sénégalais de l’Energie
et des Mines, en collaboration avec l’École nationale supérieure du pétrole
et de moteurs de l’Institut français du pétrole de Paris, la décision a été
prise de créer l’Association pour le développement de l’énergie en Afrique (Adea).
L’Adea aura pour objectifs de «favoriser l’accès à l’énergie des Africains,
en proposant des analyses et des recommandations». L’association compte
s’appuyer sur un réseau d’industriels, d’universitaires, de spécialistes et
d’organisations du secteur afin, notamment, de réfléchir sur les enjeux
énergétiques dans le continent noir, déterminer les moyens à mettre en œuvre
pour le développement de la production et de la consommation d’énergie, en
particulier d’électricité, à des coûts compatibles avec le niveau de vie des
populations, et d’élaborer des projets en partenariat.
Le sommet a permis aux principaux responsables du secteur de l’énergie
directement concernés de se concerter en vue de relever le défi du
développement durable en Afrique, conscients qu’ils sont de l’augmentation
considérable de la demande de pétrole alors que les capacités de production
posent problème.
Il faut dire par ailleurs que l’objectif de cette rencontre de Dakar visait
à favoriser la consommation d’énergie dans le cadre d’un développement
durable, en respectant l’environnement et en économisant les ressources.
C’est pourquoi les initiateurs de ce 4ème de l’Énergie en Afrique n’ont pas
manqué de souligner que «l’énergie joue un rôle crucial dans le processus de
développement, d’abord en tant que nécessité pour les foyers, mais surtout
comme facteur de production, dont le coût affecte directement le prix des
autres biens et services et la compétitivité des entreprises».
En tout cas, en organisant cette conférence, l’École nationale supérieure du
pétrole et de moteurs de l’Institut français du pétrole de Paris fixe déjà
un jalon important dans la recherche de solutions aux difficultés
énergétiques de l’Afrique subsaharienne. Car nul n’est besoin de rappeler
que les faiblesses du secteur énergétique en Afrique se caractérisent par la
difficulté d’accès des populations aux énergies modernes, la cherté des
coûts de revient de l’énergie, une insuffisance de la fourniture
d’électricité et la vétusté des équipements de productions et de
distribution de l’énergie. Pourtant, le continent recèle d’importantes
réserves de pétrole et de gaz, d’énergie solaire et éolienne (l’Afrique
détiendrait les 10% des réserves mondiales en pétrole). Elle détient
également un formidable potentiel hydroélectrique, estimé à 1.300 tonnes
watts/heure (Twh) par an, dont seuls les 6% sont valorisés à ce jour.
Cependant, la satisfaction des besoins en énergie nécessite une coopération
étroite entre les publics, les investisseurs privés et les organismes de
développement. C’est pour cette raison, et afin de faire face aux
difficultés d’accès à l’énergie, qu’il faudrait peut-être prendre en compte
la proposition du président sénégalais, M. Abdoulaye Wade, relative à
l’institutionnalisation d’une Commission spéciale des produits pétroliers.
Celle-ci aurait pour tâche d’harmoniser les législations sur le secteur,
d’adopter une attitude commune face aux ressources du pétrole et d’engager
une réflexion sur les moyens de faire face aux coûts du produit, en mettant
un fonds de stabilisation des prix des produits pétroliers.
Pour le directeur du Centre économie et gestion de l’Institut français du
pétrole (Ifp), Jean-Pierre Favennec, l’accès à l’énergie -qui est un facteur
clé du développement économique- demeure difficile pour la plupart des pays
importateurs du pétrole qui sont littéralement étranglés par la hausse des
cours de ce produit. Il note que «l’énergie est une affaire brûlante» qui
représente une charge importante pour les pays et les consommateurs.
Toutes ces raisons et bien d’autres justifient la mise en place d’une de
l’Association pour le développement de l’énergie en Afrique (Adea) avec des
objectifs clairement définis. Mais…
Ceci dit, on pourrait se poser de tas de questions sur la viabilité de cet
organisme, d’autant plus que même dans les pays africains producteurs de
l’or noir les problèmes ne manquent. Nous pensons, pour notre part que les
pouvoirs publics africains –et cela ne date pas d’aujourd’hui- manquent de
visibilité, de projet de société, et donc de schéma de développement. En
Afrique on a l’impression que ceux qui arrivent au pouvoir sont chargés
d’expédier les affaires courantes. Et cela a toujours été ainsi, tout est
devenu, aujourd’hui, priorité, au point qu’on a du mal à savoir par quoi
commencer.
Combien de générations sacrifiées, combien de millions détournés, combien
d’intellectuels forcés à l’exil, incarcérés, torturés voire tués pour avoir
osé sonner un autre son de cloche que celui voulu par le pouvoir en place !
Même M. Dumont fut voué aux gémonies pour avoir dénoncé les prémices de ce
qu’allait être aujourd’hui l’Afrique, en disant «l’Afrique est mal partie».
Rappelez-vous, c’est dans les années soixante. Hélas, l’histoire lui a
largement donné raison.