Récemment,
en visite en Algérie, où il était accompagné par une brochette de grands
patrons français présents dans le secteur de l’énergie, comme le PDG de
Total, Thierry Desmarest, et celui de Gaz de France, Jean-François Cirelli,
mais aussi de la construction et du secteur bancaire et financier, le
ministre français de l’Economie, Thierry Breton, a invité les entreprises
françaises à renforcer leur présence en Algérie un pays aux ressources
considérables. Il y a en Algérie “un champ important de coopération, pas
seulement pour les grandes entreprises, mais aussi pour les PME, avec plus
1.200 entreprises à privatiser”, a-t-il dit.
Cependant, tous les observateurs à dire que, malgré le potentiel qui existe
dans de nombreux domaines en Algérie, les freins à l’investissement restent
nombreux dans ce pays.
Reconnaissant à demi-mot cette réalité, le ministre algérien des Finances,
Mourad Medelci, a tout de même insisté sur le fait que “l’environnement
offert aux investisseurs s’améliore de manière régulière’’.
Il faut dire que l’Algérie, grâce aux hydrocarbures (pétrole et gaz),
dispose de réserves de changes considérables: 55 milliards de dollars à ce
jour.
En outre, le gouvernement algérien a lancé un programme pluriannuel
d’investissements d’un montant équivalent à ses réserves de changes, qui
prévoit notamment la réalisation de 1.200 kilomètres d’autoroutes, la
modernisation et l’extension des voies ferrées ou encore la construction
d’un million de logements.
De quoi aiguisé l’appétit des patrons français qui accompagnaient M. Breton
qui n’hésiteront sans doute pas à saisir ces opportunités, à l’instar
d’Antoine Zacharias, le PDG du groupe de construction et services Vinci, qui
a montré son intérêt pour les autoroutes, ou de celui de Cetelem (crédit à
la consommation), François Villeroy de Galhau, qui a signé le 2ème jour de
la visite un accord qui permettra à son entreprise de proposer dès le début
de l’an prochain “plusieurs dizaines de milliers de prêts par an” aux
Algériens, directement sur les points de vente ou chez les concessionnaires
automobiles.
Par ailleurs, certes on note une ouverture progressive de l’économie du
pays, mais investir et s’implanter en Algérie reste épineux. Cette situation
est imputable aux hydrocarbures qui génèrent près de 70% des revenus
d’exportation de l’Algérie. Ainsi, il a fallu à Suez Environnement, par
exemple, plusieurs années pour obtenir un contrat de 120 millions d’euros
sur cinq ans, portant sur la gestion du service d’eau et d’assainissement
d’Alger.
Et les investisseurs étrangers reconnaissent les mêmes écueils : complexité
administrative, système bancaire inadapté bien qu’en voie de modernisation,
système foncier verrouillé qui interdit d’acheter des terrains. Ce qui
s’ajoute au “manque de compétences et de qualifications”, à charge pour les
employeurs de former leurs salariés qui risquent ensuite de partir tenter
leur chance ailleurs.
Ceci étant, le gouvernement français compte fermer les yeux sur certains
détails pour éviter que les entreprises françaises soient doublées par leurs
concurrentes chinoises ou espagnoles. De ce fait, les gouvernements algérien
et français négocieraient par étapes la conversion d’une partie de la dette
algérienne à l’égard de la France en investissements directs, dont
profiteraient les entreprises françaises. Cet accord s’ajoute à celui déjà
trouvé sur une tranche de 61 millions d’euros, a annoncé M. Breton au cours
de son séjour, tout en se disant prêt à ouvrir les négociations sur une
nouvelle tranche qui pourrait être plus particulièrement ciblée sur les PME.