Pour
qu’il y ait demande de marketing sportif, donc de sponsoring, il faut qu’il
y ait forte concurrence économique. De ce fait, avec l’ouverture économique,
la Tunisie va être confrontée à une concurrence de plus en plus forte», et
va donc devoir «jouer son premier match dans le marketing sportif»,
pronostique Philippe Boone.
La
Fédération Tunisienne de Tennis (F.T.T.), que dirige M. Tarak Chérif, ne
pense pas qu’au Tennis. En marge de la Coupe d’Afrique des Nations 2005
(6-12 novembre) qu’elle organise, à la Cité Nationale Sportive d’El Menzah,
avec la Fédération Internationale de Tennis (F.I.T.) et la Confédération
Africaine de Tennis (C.A.T.), la F.T.T. a organisé un séminaire sur un thème
concernant toutes les disciplines et pas seulement le tennis : le marketing
sportif, un domaine où, nous autres Tunisiens en particulier et Africains
d’une façon générale, avons encore tout à apprendre. Et le constat est aussi
bien valable pour les associations et fédérations sportives que pour les
professionnels du marketing.
D’ailleurs, l’assistance à ce séminaire principalement par M. Philippe
Boone, un spécialiste belge qui prête ses services -depuis juillet 2005 et
pour quatre ans- à la C.A.T., à travers sa société MCCConcept.
Le
marketing sportif n’est pas seulement important mais vital car «le sport a
besoin d’argent pour se développer», rappelle le conférencier en citant son
compatriote et ancien patron au Comité olympique belge, M. Jacques Rogge,
actuel président du Comité International Olympique (C.I.O.). Quelques
chiffres suffisent pour le démontrer.
Vérité
valable, d’abord, pour les sportives qui tirent aujourd’hui l’essentiel de
leurs revenus du sponsoring. Maria Sharapova, par exemple, gagne 2 millions
de dollars par an dans les tournois mais tire dix fois plus, c’est-à-dire 20
millions de dollars, du sponsoring. Idem pour les associations et
fédérations sportives. L’Open de Tennis a généré zéro dollar de recettes par
la billetterie –parce qu’on avait fait le choix de la gratuité d’entrée-
mais a réalisé 500.000 dollars de recettes de sponsoring.
Le
sponsoring est important, enfin, pour les entreprises, même si, souligne
Philippe Boone, on ne peut établir de lien direct entre investissements dans
le sponsoring et progression du chiffre d’affaires des entreprises. Un
«flou» qui n’empêche pas ces dernières d’investir, parfois massivement, dans
le sponsoring des disciplines sportives et des tournois qui coïncident le
plus avec leurs objectifs.
BNP
Paribas, l’un des principaux et plus anciens sponsors de Roland Garos,
investit 21,6 millions de dollars par an dans le tennis, dont la moitié en
France. Lors de la dernière édition de ce tournoi, le sponsoring lui a
permis de toucher 3 milliards de téléspectateurs dans 193 pays.
En
général, le sponsoring représente moins de 10% des dépenses marketing des
entreprises et moins de 1% de leur chiffre d’affaires -même s’il arrive que
certaines y consacrent plus et se situent dans la fourchette des 2,5-10%. Ce
qui fait parfois des sommes assez coquettes. Comme pour Puma, sponsor des
équipes nationales de foot de Tunisie, du Cameroun, du Togo et du Ghana, et
qui a alloué à ce dernier 12 millions de dollars pour un contrat de trois
ans.
Mais pour
qu’il y ait demande de marketing sportif, donc de sponsoring, il faut qu’il
y ait forte concurrence économique. De ce fait, avec l’ouverture économique,
la Tunisie va être confrontée à une concurrence de plus en plus forte», et
va donc devoir «jouer son premier match dans le marketing sportif»,
pronostique Philippe Boone. Mais si on peut, au début, faire -comme M.
Jourdain pour la poésie- du marketing sportif sans le savoir, il faut à
terme confier la conception et la conduite des opérations à des
professionnels, recommande l’expert belge.