En
marge des Journées de l’entreprise, organisées par l’IACE, les 2 et 3
décembre à Sousse, Mme Jehanne Annik, directrice commerciale de Quelle/Karstadt
–la 2ème entreprise de vente par correspondance au monde- a fait une
intervention remarquée. Elle a accepté de se prêter aux questions de
Webmanagecenter.
Est-ce que,
techniquement, vos fournisseurs vous donnent satisfaction ?
Je dirais
que je ne suis pas spécialiste de la production, mais comme je l’ai expliqué
hier, on ne veut pas rentrer dans l’analyse des technologies de production
de nos fabricants/fournisseurs. Ce qui nous intéresse, c’est le résultat,
mais surtout si leur façon de travailler correspond aux nôtres, c’est-à-dire
s’ils ont une capacité à fabriquer de nouveaux produits, de
produire des échantillons pour qu’on puisse les photographier,
d’autant plus que nous faisons de la vente à distance. Alors, s’ils ont la
capacité de respecter tous le process, dans ce cas, on peut
travailler ensemble. Respect des délais, des process de développement, du
rythme et de la qualité sont des conditions de base.
Nous
travaillons déjà avec les Marocains depuis de longue date, mais les
Tunisiens c’est très récent, et pour le moment nous en sommes satisfaits.
Quels efforts
doivent faire les fabricants tunisiens en matière de stratégie commerciale ?
Pour ce
qui est des efforts à faire, c’est dans le relationnel, les échanges, la
compréhension des marchés, autrement dit, il faut que les entreprises
tunisiennes viennent beaucoup plus souvent rencontrer leurs clients.
Aujourd’hui, on voit davantage les Indiens que les Marocains ou les
Tunisiens ; ce n’est pas normal alors que les premiers ont huit heures
d’avion, et les seconds seulement deux heures. Ce dialogue permanent entre
clients et fournisseurs permet des optimisations au niveau de l’organisation
de l’entreprise qui peut générer d’importantes économies. Donc, les progrès
à réaliser se trouvent de ce côté.
Y a-t-il assez d’investissements
dans les équipements dans les pays émergents ?
Du côté
des entreprises chinoises, oui, elles font des investissements massifs ;
j’ai vu des usines entièrement neuves, immenses, qui emploient facilement
10.000 personnes, c’est assez impressionnant quand on sait ce que coûte ce
type d’investissement industriel. Par contre, l’Inde est beaucoup plus en retard
concernant l’équipement en machine –elle utilise encore sa main-d’œuvre qui
travaille avec la méthode artisanale-, mais elle a beaucoup investi dans la
technologie amont ; c’est d’ailleurs en Inde que j’ai vu les premières
machines d’impression numérique il y a plusieurs années. Donc, les Indiens
ont surtout investi dans tout l’aspect design du produit, alors que les
Chinois l’ont fait dans la modélisation du produit, c’est-à-dire dans
l’échantillon. Autrement dit, si vous savez ce que vous voulez, il suffit
d’envoyer en Chine via Internet une photo, un prototype et plus d’éléments
possible, ils vous renverraient des échantillons étudiés et dans les plus
brefs délais.
Que répondez à
ceux qui disent que les produits chinois ne sont pas toujours de bonne
qualité ?
Ce n’est
absolument pas vrai. Les Chinois ont maintenant des équipements up to date
qui dépassent souvent ceux qu’on trouve en Méditerranée, et surtout une
organisation interne de leur personnel extrêmement rodé et efficace ainsi
que des
contrôles efficaces. Au final, vous avez un respect absolu de la qualité du
produit commandé. Ceci dit, on peut y trouver des fournisseurs plus ou moins
sérieux, c’est fort possible, mais ceci n’est pas l’apanage des Chinois.
Que
conseilleriez-vous aux industriels textiles méditerranéens ?
Je crois
que cela a été dit plusieurs fois au cours de ces journées : il est
absolument nécessaire de passer le plus rapidement possible aux produits
finis. Il est clair aussi que tout le monde n’en sera pas capable, il faudra alors que chacun comprenne les limites de ses capacités, ce
qui pourrait engendrer un phénomène d’intégration/absorption, c’est-à-dire
des moyennes qui rachètent des petites, des grosses des moyennes, etc.
En tout
cas, ce qui est certain, c’est qu’à l’avenir, aucun distributeur ne pourra
plus travailler avec un atelier de 100 ou 150 personnes, cette période est
complètement révolue, car dorénavant, il faudra une capacité de
développement produit qui nécessite des investissements lourds qui ne
peuvent s’amorcer sur une petite unité de 100 personnes. Alors, chacun devra
faire son bilan et voir s’il est capable d’avancer ou non, tout en sachant
que personne ne sera capable d’avancer tout seul.
Pour les
Tunisiens, il est nécessaires qu’ils sortent de leurs usines et aillent voir
leurs partenaires et fournisseurs tissus, car plusieurs partenariats sont
en train de se mettre en place. Il ne faudrait passer à côté de ce
mouvement…