L’assemblée générale extraordinaire de Tunisie Lait, qui se tient jeudi 15
décembre, devrait avaliser le plan de redressement de l’entreprise –déjà
accepté par le Tribunal de Première Instance de Tunis- prévoyant sa reprise
par les groupes Doghri et Ben Jemaa.
Pour les 230 employés de Tunisie Lait, le 15 décembre 2005 devrait marquer
la renaissance de leur entreprise, grâce à l’entrée dans le capital de
l’entreprise de deux nouveaux actionnaires de poids, en l’occurrence les
groupes Béchir Doghri et Béchir Ben Jemaa, dont l’arrivée devrait permettre
à cet ancien fleuron de l’industrie laitière qu’était Tunisie Lait de
retrouver une seconde jeunesse.
Le tandem Doghri-Ben Jemaa avait déjà, en juillet dernier, acheté la
Centrale Laitière Tunisienne et l’Arab Food Industrie, deux sociétés du
groupe Inesfood appartenant à l’homme d’affaires Jalel Ben Aissa. Après la
première acquisition, les Doghri et les Ben Jemaa «ont ressenti la nécessité
de disposer d’une deuxième unité laitière» pour pouvoir occuper une place
importante dans cette branche, explique M.Salah Dhibi, administrateur
judiciaire de Tunisie Lait.
Cette deuxième acquisition, en six mois, fait de la Société Tunisienne pour
le Lait et Dérivés (L.T.D.), au capital de 4 millions de dinars, -créée en
juillet 2005 par les groupe Doghri et Ben Jemaa – le troisième pôle de
l’industrie laitière, avec Délice-Danone et le groupe S.F.B.T.
Les Doghri-Ben Jemaa seront majoritaires, tout de suite, à hauteur de 52%
mais pourront monter à 74% sur une période de sept ans –le reste du capital
étant contrôlé par les anciens actionnaires (B.N.A., B.I.D., CTAMA, etc.).
Le plan de redressement soumis à l’assemblée générale extraordinaire du 15
décembre prévoit, notamment, une réduction du capital de 16 à 6,4 millions
de dinars, puis son augmentation à 25 millions de dinars, l’abandon de près
des deux tiers de la dette qui s’élève à 44,9 millions de dinars, le
rééchelonnement de 14 millions de dinars sur douze ans (plus deux ans de
grâce) et le remboursement immédiat aux banques de 3 millions grâce à la
cession d’éléments d’actifs. De plus, et avant sa cession, l’entreprise a été
dégraissée de 64 emplois sur un total de 294.
Créée en 1974 et entrée en production quatre ans plus tard, Tunisie Lait
occupait jusqu’en 2004 une honorable deuxième position –il est vrai loin-
derrière le leader Délice. Mais malgré «un appareil de production moderne,
une grande capacité de production, une large gamme de produits laitiers de
qualité supérieure et un personnel compétent doté d’un savoir-faire en
démarche qualité (certification ISO 9001) », l’entreprise s’est trouvée
confrontée à des difficultés qu’un rapport de l’administrateur judiciaire
impute notamment à une sous-exploitation de la capacité de production,
découlant d’une baisse de la réception de lait crû, et à «un manque de
notoriété de la marque à cause du faible effort commercial et de
communication ».
Toutefois, Tunisie Lait, dont les pertes s’élevaient à 16 millions de dinars
au 31 décembre 2004, a les moyens de rebondir. Et il faudra pour cela que
«les nouveaux actionnaires recrutent pour renforcer l’encadrement de
l’entreprise en particulier dans le domaine commercial et en matière d’audit
interne et de contrôle de gestion », ajoute M.Salah Dhibi.