La subvention
annuelle que réserve l’Etat Tunisien relative au pétrole importé est passée
de 200 millions de DT en 2003 à 1 100 millions DT en 2005, suite aux
flambées du prix du pétrole brut sur les marchés internationaux.
C’est seulement par une maîtrise de la consommation de l’énergie et par une
substitution du pétrole par des énergies renouvelables, notre pays pourrait
poursuivre son oeuvre de développement.
Si au contraire, l’on continuait à agir comme si de rien n’était; si on
n’essayait pas de circonscrire les effets qui en résulteraient le « pétrole
» mettrait en danger l’ensemble de notre tissu économique et certains de nos
acquis nationaux, surtout que les spécialistes s’attendent à des prix du
baril frôlant les 100 $ pour les mois prochains.
L’énergie éolienne, hydraulique, solaire et la biomasse ont un point commun
la «matière première» est pratiquement gratuite, inépuisable et indéfiniment
disponible. En revanche, le coût de son utilisation exige (du moins
jusqu’ici) de gros capitaux.
En bref, faire prévaloir l’esprit civique et responsable, faire des efforts
d’ingéniosité pour réussir le Plan national de maîtrise d’énergie, et
optimiser au maximum les ressources du pays relèvent désormais du
«patriotisme économique» pour ne pas hypothéquer notre croissance et pour ne
pas compromettre notre bien être et notre cohésion sociale.
Avoir
accès à l’énergie est une condition préalable à la lutte contre le sous
développement. L’objectif des Nations Unies est de réduire de moitié, d’ici
à 2015, la proportion de personnes vivant dans la pauvreté. Aujourd’hui deux
milliards de personnes n’ont pas encore accès à l’énergie électrique. Pour
réduire la pauvreté, l’accès à l’énergie est décisif ; et le développement
ne pourra se réaliser qu’avec suffisamment d’énergie.
Grâce à la flambée du prix de l’or noir, qui a triplé depuis 2000, l’UE vise
à doubler d’ici à 2010, la part des énergies renouvelables, passant de 7% à
environ 12,5%. Si la Suède et la Finlande utilisent entre 20 et 30% de
sources renouvelables, ce taux est en dessous des 5% pour l’Espagne, la
Grèce… tandis que la France en fait 8%. La source renouvelable la plus
utilisée y est de loin l’hydro-électricité (65% de la production totale de
l’énergie propre) ; elle est suivie par la biomasse (près de 30%); au moment
où les autres sources réunies (éolienne, solaire, géo-thermie…) font
ensemble 5%.
En Allemagne, plus de 135 000 emplois ont été créés dans le secteur de
l’énergie douce ou renouvelable dont le chiffre d’affaires s’élève à environ
10 milliards d’Euros. Ce sont surtout les régions rurales qui s’assurent
ainsi une nouvelle source de revenus décentralisée. Les énergies
renouvelables ou « vertes » n’émettent pratiquement pas de matières
toxiques. L’Allemagne est en passe de cette manière de réaliser l’objectif
de réduction de ses émissions, fixé en droit international par le protocole
de Kyoto sur les changements climatiques.
Le monde est désormais obligé de poursuivre le développement des énergies
alternatives, car la sortie mondiale du nucléaire est déjà amorcée. Plus
grave encore, l’ère de « l’après-pétrole » commence à s’inscrire dans les
horizons par les prix galopants du baril de pétrole.
Déjà le Sommet mondial du développement durable des Nations
Unies tenu à Johannesburg a
suscité un grand intérêt à l’échelle mondiale quant à la tentative de
promouvoir concrètement le développement des énergies renouvelables. Le
monde place de très grands espoirs dans ces énergies nouvelles.
Construire pour les deux milliards de personnes exprivés d’électricité un
système énergétique basé sur le charbon et le pétrole dépasserait non
seulement les ressources financières de nombreux Etats, mais porterait un
coup mortel au climat mondial. Nous devons veiller à ce que le climat ne se
réchauffe pas de plus de 2°C, avertissent les spécialistes, sinon, les
écosystèmes ne pourront plus s’adapter.
L’énergie est un facteur de paix ; en dessalant l’eau par les centrales
solaires installées dans les régions ensoleillées de la terre, l’on pourrait
en effet prévenir l’émergence de conflits armés locaux pour la précieuse eau
potable.
On a toutefois déjà proposé des solutions à ce problème. Les expériences
faites en Allemagne sont particulièrement édifiantes. C’est l’Etat qui
subventionne ces nouvelles énergies en achetant au même prix du marché les
surplus de production des ménages et des entreprises. Ce qui assure la
rentabilité même des éoliennes.
Les énergies renouvelables peuvent aussi servir dans les transports en
commun en donnant l’exemple d’une circulation non polluante.
La stratégie énergétique en Tunisie
La Tunisie, consciente des enjeux que pose la maîtrise de l’énergie, s’est
dotée d’un ensemble cohérent de mécanismes, de structures et d’institutions
en plus d’un cadre juridique approprié en vue de promouvoir et encourager
les initiatives, actions et programmes pour une exploitation rationnelle de
l’énergie.
Cette option d’avenir vient d’être consacrée par la promulgation de la loi
relative à la maîtrise d’énergie qui prépare la voie à la Tunisie pour
passer dans ce domaine à un palier supérieur en ce qui concerne
l’utilisation des énergies renouvelables et en premier lieu l’énergie
solaire et éolienne.
Pour toutes ces raisons, La stratégie tunisienne pour solutionner cette
situation s’article autour de trois volets:
– le renforcement des mesures d’économie d’énergie,
– la promotion des énergies renouvelables et enfin
– le remplacement des hydrocarbures par le gaz naturel.
Pour ce qui est de la maîtrise de l’énergie, le plan national prévoyant 5
mesures multiformes s’impose plus que jamais et consiste à:
1- Développer les ressources nationales d’hydrocarbures
2- Orienter la consommation vers les produits énergétiques les moins coûteux
comme le gaz naturel.
3- Utiliser rationnellement l’énergie.
4- Promouvoir les énergies renouvelables.
5-
Renforcer la sensibilisation et appeler le sens civique des consommateurs.
D’ores et déjà, les programmes et projets réalisés à ce jour dans notre pays
ont démontré des perspectives prometteuses, à la faveur d’un encouragement
et d’un encadrement efficaces prodigués par l’État .
S’inscrivant en tant que l’un des paramètres essentiels de la bonne
gouvernance énergétique, la diversification des sources d’énergie fait ainsi
désormais partie intégrante de l’approche globale de la Tunisie de se doter
de tous les atouts pour aborder avec assurance et détermination la nouvelle
étape de son développement et du bien être de sa société.
Avec un record absolu du prix du baril de pétrole brut de 73 dollars,
l’énergie devient le thème le plus brûlant de l’actualité mondiale.
Le souci
de l’État Tunisien, face à la hausse vertigineuse des prix du pétrole brut
sur le marché international, est de mettre en place des incitations
motivantes afin que l’impact réducteur soit à la fois fort et durable.
L’objectif principal est d’économiser 1,25 millions de T.E.P (tonne
équivalent pétrole) sur trois ans, soit 220 millions de D.T de subventions
au rythme de 70 MD par an ( 2005 2008).
Le mécanisme qui est mis en place accorde 20% de subvention pour l’économie
d’énergie dans l’industrie, la connexion des ménages au gaz naturel,
l’installation de stations diagnostic moteurs et les chauffe-eau solaires…
La subvention sera de 140 DT pour le raccordement du gaz et de 700 DT pour
le mètre carré de chauffe eau solaire. Le financement sera effectué par un
système de taxes sur l’immatriculation des véhicules neufs et sur la vente
de climatiseurs.
Afin d’assurer la consolidation de la production pétrolière, le Ministère de
l’Industrie et de l’Énergie a accordé durant les dix premiers mois de
l’année en cours jusqu’à 12 permis de prospection pour les hydrocarbures
dont 8 ont été déjà lancés au cours du premier trimestre 2005. Il faut
reconnaître que la contribution des nouveaux gisements dans la consommation
nationale est estimée à 25%, de l’ensemble, avec une progression de 5% par
an.
Le gaz naturel:
Pour ce qui est du développement de la consommation de gaz naturel,
l’objectif est de parvenir à 500.000 abonnés à l’horizon 2009. Le rythme
annuel de connexion de 40.000 par an devrait passer à 70.000 nouveaux
abonnés en 2009. Il s’agit de remplacer progressivement le G.P.L,énergie
coûteuse et fortement subventionnée:la consommation nationale est de l’ordre
de 1 million de bonbonnes de gaz pétrole liquéfié (G.P.L) soit 1,4 million
de subventions.
A elle seule, la Tunisie dispose de quoi couvrir ses besoins en gaz naturel
à concurrence des 2/3. L’autre tiers, elle le doit à deux pipelines qui
traversent son sol depuis l’Algérie jusqu’à l’Italie. Ce passage est
évidemment source de royalties dont le pays bénéficie en gaz naturel.
Mais le plus important à retenir, c’est que le pays s’est engagé dans une
révolution gazière tous azimuts en vue d’amortir un tant soit peu le choc
pétrolier.
L’énergie solaire et éolienne
Pour les capteurs solaires, l’objectif national pour 2009 est de passer de
125.000 m2 actuels à 500.000 m2.
D’un autre côté, l’énergie éolienne est produite par la force exercée par le
vent sur les pales d’une hélice. Cette hélice transforme l’énergie mécanique
en énergie électrique. La puissance du vent augmente avec cube de sa
vitesse, par exemple un doublement de la vitesse entraîne une puissance
multipliée par 8! Cette énergie est transformée en électricité grâce à un
rotor (ou hélice) couplé à un générateur d’électricité. Le vent est une
ressource inépuisable et d’une puissance énorme… Contrairement à l’énergie
solaire photovoltaïque qui fournit une énergie continue, l’énergie fournit
par le générateur nécessite d’être régulée, et dans le cas des partie Tiers,
elle doit être stockée dans des batteries. La majorité des éoliennes sur le
marché aujourd’hui ont une garantie de 10 ans.
Pour de nombreuses applications, l’énergie éolienne est un bon complément
aux systèmes solaire électriques surtout pour les sites isolés, car en hiver
il y a souvent
plus de vent que de soleil…
Pour l’énergie éolienne la capacité nationale devrait passer à 200 Mégawatts
en 2009, répartie entre la STEG et des producteurs privés.