Le Centre
des jeunes dirigeants (CJD) a effectué un sondage d’opinion auprès des
jeunes dirigeants d’entreprise, âgés de moins de 40 ans. Ce sondage a été
dirigé, il faut le souligner, par la Commission ‘’investissement et secteurs
porteurs’’ du CJD. Vous constaterez la similitude qu’il y a entre les
résultats de ce sondage et ceux de la dernière enquête de l’Institut arabe
des chefs d’entreprise (IACE).
Plantons d’abords le décor :
– Echantillon : 80 jeunes dirigeants d’entreprise de moins de 40 ans ;
– Période : début décembre ;
– Profil des sondés
o 1ère catégorie : entreprises de type promoteurs, 61% – familiales 39% ;
o 2ème catégorie : gestionnaires, 43%, ingénieurs 20% et autres 37%.
– Répartition des sondés par catégorie : industrie (33%), services (25%),
NTIC (20%), bâtiment (13%) et commerce (9%).
La
question ‘’Est-ce que vous vous sentez concerné par l’investissement en
Tunisie’’ a recueilli un oui auprès de cent pour cent des sondés. Ils
estiment dans leur majorité que ‘’je suis un investisseur potentiel’’, que
l’investissement ‘’c’est le moteur de l’économie’’, et que ‘’c’est le moteur
de mon activité’’.
Par contre, si on leur demande ce qu’ils pensent de ‘’l’investissement privé
en Tunisie’’, leurs réponses sont plutôt inquiétantes, parce que 71% des
sondés ont un avis plutôt négatif, contre 25% d’avis favorables ou positifs
: pour 35%, l’investissement ‘’n’évolue pas suffisamment’’, 23% considèrent
qu’il ‘’stagne’’, 13% estiment qu’il ‘’baisse’’.
Rappelons à ce stade que l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) a
publié récemment une enquête dans laquelle les chefs d’entreprise
considèrent, eux aussi, que ‘’le climat des affaires ne s’améliore pas ’’.
Ce qui signifie que le sondage du CJD –même s’il n’obéit pas aux mêmes
critères, présente des résultats similaires.
Et au sujet du climat des affaires en Tunisie, 61% le trouvent favorable
(très favorable: 2%, favorable: 18%, assez favorable: 41%) et plutôt
défavorable ou très défavorable pour 39% des sondés.
A la question ‘’Avez-vous confiance en l’économie tunisienne ?’’, 63%
déclarent être ‘’assez confiant’’ (58%) ou « très confiant » (5%), alors que
42% des jeunes dirigeants d’entreprise ont une opinion défavorable, car ils
sont 7% à répondre ‘’pas du tout confiant’’, et 30% ‘’peu confiant’’.
En outre, si 55% des sondés ont affirmé avoir réalisé un nouvel
investissement, 45% ont répondu par la négative. Là aussi, les raisons
invoquées sont de type «manque de confiance en la conjoncture économique»
(46%), «manque de financement» (24%), «manques d’idées innovantes» (12%),
«manque d’efficacité administrative» (9%), «manque d’informations» (9%).
Concernant les sources d’informations et leurs disponibilités, 79%
considèrent que les études stratégiques et les informations économiques sont
peu ou pas disponibles ; quant aux sources d’informations, 36% de ceux qui
ont participé au sondage déclarent la trouver sur le web, contre 16% pour la
presse et l’audiovisuel.
Alors, ‘’quels sont les obstacles à l’investissement privé en Tunisie ?’’.
Là, les réponses des sondés diffèrent de celles de l’enquête de l’IACE, 29%
l’imputent à ‘’la taille du marché’’, alors que 24% des jeunes dirigeants
mettent en avant ‘’l’inefficacité ou la rigidité administrative’’, 21% ‘’le
marché parallèle’’, 18% le ‘’manque de financement’’ et 8% le ‘’manque
d’idées’’.
Mais là où cela devient plus inquiétant, en tout cas selon les résultats de
ce sondage CJD, c’est lorsque les sondés pensent que, ‘’pour réussir un
investissement en Tunisie, il est indispensable d’avoir des relations, bien
avant l’expérience, l’idée innovatrice, la formation adéquate, ou le goût du
risque ; le financement venant en 5ème position. Voilà qui confirmerait, une
fois de plus, cette morosité au niveau du climat des affaires.
Concernant les secteurs porteurs, les NTIC et les services se partagent les
faveurs des jeunes dirigeants (35% chacun), allant de la logistique à la
domotique, en passant par la monétique, l’agroalimentaire, les énergies
renouvelables, l’intelligence artificielle, ou les logiciels/web/mobilité,
etc.
Enfin, à la question de savoir ‘’comment l’Etat pourrait-il encourager ces
secteurs ?’’, ils sont 77% à mettre en exergue les avantages : fiscaux
(29%), financiers (24%) et sociaux (24%), contre 10% estimant nécessaire
‘’la création d’une banque d’idées virtuelles’’ et 13% ‘’le financement des
études de faisabilité’’.
Grosso modo, les résultats de ce sondage de la CJD montrent, à l’instar de
l’enquête de l’IACE, ce qui suit :
– que le climat des affaires, c’est-à-dire l’investissement, n’est pas au
beau fixe ;
– que les jeunes dirigeants se sentent concernés par l’investissement en
Tunisie mais que ce dernier n’évolue pas convenablement ;
– que les jeunes dirigeants d’entreprise souhaitent une réduction des
obstacles, notamment d’ordre administratif et relationnel ;
– que les secteurs porteurs demeurent les services et les NTIC pour lesquels
il est nécessaire de créer des conditions plus propices à leur
développement.
La similitude des résultats du sondage d’opinion réalisé par le Centre des
jeunes dirigeants (CJD) et ceux de l’enquête de l’IACE montre que le climat
des affaires n’incite pas à l’optimisme, et par conséquent des réponses
devraient être apportées pour permettre à l’économie nationale d’accéder à
des paliers supérieurs, notamment en matière de compétitivité.