Dans bon
nombre de pays développés, le marché des équipements électroniques et
informatiques est presque totalement saturé. C’est le cas notamment du
G.S.M. dont la densité, par exemple dans les pays nordiques, atteint un taux
de 200% -c’est-à-dire deux lignes par personne. «Ce qui veut dire qu’il est
très difficile d’aller au-delà. Alors qu’en Afrique le marché de la
téléphonie mobile progresse de 20% par an, parce que le déficit dans ce
domaine y est énorme. Idem dans les systèmes d’information», analyse Mondher
Ben Ayed, PDG de Tunisie Micro Informatique (T.M.I.),
et coordinateur du pavillon du secteur privé lors de la deuxième phase du
Sommet mondial sur la société de l’information (S.M.S.I., Tunis, 16-18
novembre 2005). Un rendez-vous d’une grande importance à l’occasion duquel
la Tunisie a essayé de se «vendre», tant à ses hôtes africains qu’aux
responsables des 108 multinationales présents à Tunis à cette occasion,
comme un acteur technologique certes encore émergeant mais ayant l’ambition
de devenir important.
Le patron de T.M.I. trouve d’ailleurs le moment particulièrement favorable
pour un positionnement de la Tunisie comme «une plaque tournante vers
l’Afrique». D’autant que «plusieurs entreprises sont en train de mettre en
place une stratégie en direction du continent africain». Certaines
commencent même à s’installer en Afrique du Sud ou au Maroc, alors que la
plupart «servaient jusque-là mal l’Afrique à partir de Dubaï ou de
l’Europe». Or, estime Mondher Ben Ayed, la Tunisie est mieux à même
d’attirer ces sociétés. Pour au moins trois raisons.
D’abord, «avec ses infrastructures, son environnement ouvert, un pays où il est agréable de vivre,
pour les expatriés et leurs familles». Ensuite, elle offre des ressources
humaines bien formées. Alors que «d’autres pays africains sont confrontés à
une pénurie de compétences dans l’informatique et les technologies de la
communication, la Tunisie va commencer d’ici une année à produire 10.000
diplômés par an dans ces secteurs», argumente Mondher Ben Ayed. Et, de
surcroît, ces ressources sont moins chères qu’en Europe.
De même, le fait d’avoir pu obtenir une participation massive des chefs
d’Etat africains –qui voit dans la Tunisie «un exemple de réussite»- à la
deuxième phase du S.M.S.I. atteste de la capacité de notre pays «à drainer
les Africains». Ce qui, souligne le patron de T.M.I., constitue «un atout,
car si les multinationales vont venir en Tunisie, ce n’est pas pour le
marché local mais en vue de cibler l’Afrique». D’ailleurs, assure Mondher
Ben Ayed, qui était le principal interlocuteur des sociétés étrangères
pendant le S.M.S.I., «beaucoup n’ont pas caché qu’elles trouvaient la
Tunisie intéressante» et «certaines songent» à s’y implanter.
Mais pour que ce potentiel se réalise, «nous devons continuer à assouplir
nos procédures administratives, surtout en matière d’établissement de
conventions-cadres», suggère notre interlocuteur. Car «pour ces
multinationales, le temps est aujourd’hui plus important que l’argent». De
ce fait, ces sociétés «veulent venir négocier autour d’une table, signer et
réaliser. Plus tard, on ne pourra donc pas leur dire qu’il y a tel texte,
comité ou formalité, etc. C’est vrai que c’est là notre manière de faire,
mais ces gens-là ne peuvent pas le comprendre aujourd’hui», avertit Mondher
Ben Ayed. Qui admet qu’il y ait «des intérêts à défendre. On n’est pas
obligé de tout accepter quand on se met autour d’une table. On peut même
dicter ses conditions. Mais une fois un accord est conclu, il ne pourra plus
être entravé plus tard par des formalités».