La nouvelle aérogare charter à Tunis-Carthage scelle-elle l’avenir de l’aéroport d’Enfidha ?

Par : Tallel
 

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avionaf1.jpgComme
nous l’annoncions, il y a deux semaines (22/12/05), l’office de l’Aviation
Civile et des Aéroports (OACA) vient de lancer un appel d’offres national
(N°65/2005) pour le contrôle technique de construction d’une aérogare
charter à l’aéroport international de Tunis-Carthage. La date limite est
fixée au 13 janvier 2006 pour la remise des offres.

En fait, il s’agit de l’extension de l’aérogare existante pour les pèlerins
à travers une technologie de bâtiments préfabriqués.

Mais une question essentielle se pose à ce niveau : Est-ce le signe du gel
du projet de l’aéroport d’Enfidha ?

Le nouvel aéroport a été programmé pour combler la saturation de l’aéroport
de Tunis-Carthage, sur une superficie de 6.000 hectares, et avec une
capacité de 7 millions de passagers /an, pour la première tranche et 30
millions de passagers/an en l’an 2012.
Le coût de la première tranche serait estimé à 400 millions de DT, tandis
que celui des études se monterait à 12 millions de DT.

Ce méga projet, dont le démarrage était programmé en 2005 et dont le coût
global est estimé à 600 millions de DT, est le plus gros investissement
étranger jamais réalisé en Tunisie, après celui de British Gaz, dans le
gisement du golfe de Gabès.
La formule préconisée est le BOT pour Build operate and Transfer, qui a déjà
été utilisé pour la construction et l’exploitation de la Centrale électrique
de Radès par le consortium américano-japonais PSEG-MARUBNI.

Le projet d’Enfidha vise une concession de 40 ans et les études techniques
du projet architectural sont déjà achevés, reste à attribuer la
concession.
Côté localisation, le futur aéroport est situé à côté des axes ferroviaires
et autoroutiers et des zones touristiques de Nabeul-Hammamet et
Sousse-Mahdia.

Actuellement, la Tunisie dispose de 7 aéroports, avec 10 millions de
passagers par an, dont 40% pour Tunis-Carthage. A titre de comparaison,
l’Algérie accueille 7 millions de voyageurs/an et le Maroc 8 millions/an.

La Tunisie étant la première destination touristique au Maghreb, avec une
croissance des voyageurs de 7%/an en moyenne, ce qui fera en 2020, que la
capacité aéroportuaire actuelle sera saturée, surtout que l’aéroport de
Tunis-Carthage, intégré dans le tissu urbain, n’est plus extensible.

Le projet de l’aéroport d’Enfidha –dont six entreprises seraient intéressées
pour la concession- a pour objectif de doper la croissance du trafic
passagers et principalement touristique charter, mais la proximité de
l’aéroport de Monastir Habib Bourguiba pose problèmes, avec un trafic de 3,5
millions de passagers en 2004, ayant engendré des rentrées de devises à l’OACA
de plus de 50 millions de DT. C’est ce qui pourrait expliquer le retard dans la
réalisation de ce projet.

Dans ce cas, peut-on dire que la proximité de l’aéroport de Monastir ou la
construction de la nouvelle aérogare charter à Tunis-Carthage hypothèquerait
quelque part l’avenir du futur aéroport d’Enfidha ?

Par ailleurs, d’aucuns pensent que l’OACA pourrait financer lui-même ce
projet et qu’on n’est pas obligé de faire appel à l’investissement étranger.
On saura la suite qui sera donnée à ce projet dans le courant de l’année
2006, surtout qu’il a été constitué d’une unité de suivi des grands projets,
ce qui traduit clairement la stratégie de la Tunisie, de faire aboutir les
projets programmés.

 


T.B.