Entreprises : Besoin de transparence !!

 

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Par
Maryam
OMAR

 

administration1_.jpgPourquoi
la Centrale patronale vient-elle de publier, justement maintenant, sur son
site une étude sur le financement de l’entreprise où elle fait
étalage des maux qui sapent l’évolution de notre secteur privé avec un ton
aussi dur ? Car, à notre connaissance, les termes de description
utilisés dans cette étude n’ont pas de réel précédent.

On y lit, par exemple, que les entreprises tunisiennes ont trois bilans : un
pour la banque, un pour le fisc, et un pour l’entreprise et que les
banquiers eux-mêmes reconnaissent volontiers le peu de fiabilité des comptes
qui leurs sont présentés. Les entreprises, en privé, allant jusqu’à
reconnaître avoir un Chiffre d’affaires non déclaré. Force donc est de constater que la
transparence des entreprises est aujourd’hui, en général, réduite (une étude
présentée par le CMF faisait apparaître qu’aucune entreprise cotée ne
mentionnait dans ses communiqués «les changements de structure de
l’entreprise, les regroupements, les acquisitions ou les cessions de
filiales, les restructurations et les abandons d’activité», et nous parlons
ici d’entreprises parmi les plus importantes du pays).

Par ailleurs, les notes aux Etats Financiers, qui sont censées donner des
indications fondamentales aux investisseurs, sont extrêmement pauvres
lorsqu’elles existent, et rarement publiées par les entreprises. Enfin, le
rapport annuel, à l’exception des sociétés cotées, est très difficile à
obtenir en Tunisie. Or, la transparence est un enjeu, pas uniquement pour
les financiers de l’entreprises (banques ou autres), mais également pour
l’entreprise. Car elle lui permet d’abord d’avoir une image fiable sur sa
situation et comparable dans le temps, comme elle permet la nécessaire
discipline (forces de rappel). Certaines faillites récentes de grandes
sociétés auraient pu être évitées si ces forces de rappel avaient pu jouer.
Elle permet enfin d’élargir les sources de financement autres que bancaires
(recours au marché financier).

Mais ce n’est pas tout. On nous rappelle également que l’entreprise
tunisienne reste familiale. Contrôlée par un père fondateur, ou par une
famille, elle a, généralement, commencé petite, sans traditions de
management moderne; elle a obtenu des financements le plus souvent sur la
base de garanties réelles offertes que sur la base d’états financiers
fiables et sincères ; et pour des raisons fiscales (fiscalité très lourde
durant les années 1970), elle a pratiqué à grande échelle la non-transparence indispensable à l’évasion. Le résultat est que cette
entreprise est aujourd’hui mal organisée en termes de répartition des tâches
et de délégation de pouvoirs (concentration aux mains de quelques personnes)
; elle ne s’est pas dotée de moyens de suivi de sa gestion (tableaux de
bord, encore moins de comptabilité analytique, qui reste très rare, même
dans les grands groupes) ; ses comptes sont insuffisamment fiables ; et le
taux d’encadrement reste peu élevé, et elle fait rarement recours aux
conseils externes (tendance récente et qui reste limitée à quelques grands
groupes).

Edifiant !! Et, d’ailleurs, nous n’avons pas de commentaire à faire, hormis
le suivant : l’UTICA a peut-être enfin choisi de mettre bas les masques et
de signifier aux entreprises tunisiennes qu’il était grand temps qu’elles
prennent leur responsabilités.