En
avril 2001, le cabinet Gide Loyrette Nouel a ouvert une filiale en Tunisie
dans laquelle certains opérateurs locaux ont vu un «ogre» venu pour dominer
le marché local du conseil et services juridiques. Réaction de M. Kamel Ben
Salah, associé au cabinet français et patron de son antenne tunisienne.
WMC : Gide Loyrette
Nouel opère en Tunisie depuis cinq ans. Comment se présente le bilan de ces
cinq années ?
Kamel Ben Salah : Effectivement, nous exerçons en Tunisie depuis 2001. Nous
sommes une société de conseils et de services juridiques intervenant
essentiellement dans le droit des affaires. Notre clientèle est très
diversifiée mais principalement étrangère.
Toutefois, nous intervenons pour le compte du gouvernement tunisien que nous
assistons sur les aspects juridiques de certains dossiers de nature
internationale. Ces dossiers ont trait aux concessions et à la privatisation
où l’apport de Gide peut être assez apprécié compte tenu de l’expérience que
le cabinet peut apporter dans le domaine international.
Nous intervenons sur pratiquement tous les grands projets comme la centrale
électrique de Radès –nous l’avons fait du côté des financiers japonais-,
l’octroi de la deuxième licence GSM et l’aéroport d’Enfidha -un projet en
gestation -où nous étions le conseil du gouvernement.
Nous étions également impliqués dans les deux seuls dossiers de
privatisation de banques publiques. Et, heureusement, nous étions toujours
du côté du gagnant. En effet, nous avons conseillé la Société Générale au
moment de l’acquisition des 52% du capital de l’Union
Internationale de Banque (UIB) et le groupement constitué de Banco Santander
et Attijariwafa Bank dans la reprise d’un bloc d’actions public et privé de
la Banque du Sud.
Nous opérons également dans le secteur gazier comme conseil de plusieurs
entreprises dont, en particulier, British Gas et dans le domaine financier
pour prodiguer les conseils nécessaires à des établissements financiers
étrangers à propos de l’introduction de certains produits en Tunisie
-notamment des produits structurés et dérivés, mais également d’autres comme
la titrisation.
Actuellement, nous intervenons pour le gouvernement pour la mise sur le
marché d’une partie du capital de Tunisie Télécom.
Depuis l’ouverture du bureau, notre chiffre d’affaires a pratiquement
progressé tous les ans, de même que notre effectif composé essentiellement
de juristes tunisiens ayant une formation internationale, et
franco-tunisiens ayant la double nationalité. Nos équipes maîtrisent
l’arabe, le français et l’anglais à la perfection.
Après la Tunisie,
Gide s’est implanté au Maroc puis, plus récemment, en Algérie. Quel est
aujourd’hui le poids du Maghreb dans l’activité de Gide ?
Elle
devient de plus en plus importante. Gide couvre aujourd’hui l’Europe de
l’Est, l’Asie, les pays anglo-saxons, l’Afrique et le Maghreb. Notre
présence au Maghreb s’inscrit dans un cadre méditerranéen
puisque nous avons un bureau en Turquie.
Le Maghreb a de plus en plus de
poids au sein de la structure. Gide Maghreb contribue dans une très large
part à l’activité de Gide International, tant en termes de pouvoir de
décision, d’activité, et de clientèle. Et nous arrivons à créer une
dynamique extrêmement intéressante dans le réseau international.
Le fait d’être présent en même dans les trois pays constitue un plus
considérable, parce que de nombreux groupes étrangers importants embrassent
les trois pays lorsqu’ils s’intéressent à notre région. Un investisseur peut
commencer par la Tunisie, mais demain il vous posera la question de savoir
s’il peut également investir en Algérie ou au Maroc. D’ailleurs, nous
présentons d’habitude un seul et même interlocuteur pour les trois pays et,
après, nous gérons les trois pays en interne comme nous le souhaitons. Mais
vis-à-vis du client, et pour lui faciliter les choses, nous présentons des
rapports synthétiques et comparatifs concernant les avantages et
inconvénients d’un certain secteur dans les trois pays.
Depuis la levée de
l’embargo des nations unies, l’intérêt pour la Libye s’est accru de manière
spectaculaire. Ce pays entre-t-il dans les projets de Gide ?
Clairement, le marché libyen est en train de bouger, notamment par rapport
aux grands projets d’infrastructures et énergétiques, et également dans le
domaine des privatisations dans le secteur financier. Nous suivons cela avec
beaucoup d’intérêt.
Nous assistons aux manifestations internationales les plus importantes qui
ont lieu en Libye ou en Europe. Nous sommes en train d’étudier le marché de
très près avec l’objectif de suivre ce marché éventuellement à travers la
Tunisie, parce que c’est plus logique. La décision n’est pas encore prise,
mais nous tendons vers cela.
Qu’en est-il de la
Mauritanie ?
En
Mauritanie, nous intervenons de manière ponctuelle. Nous l’avons fait pour
le gouvernement dans un programme de privatisation. Je pense que le marché
n’a pas encore atteint un degré de maturité tel, comme en Tunisie, au Maroc
ou en Algérie, qu’il nous permette de prendre la décision de le suivre d’une
manière plus régulière, voire permanente.