Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) : Une banque comme les autres ?

Par : Tallel
 

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Par
Tallel
BAHOURY

 

bfme.jpgLe Centre
des jeunes dirigeants (CJD) a débuté ses petits déjeunés mensuels pour
l’année 2006 par un sujet au cœur de la stratégie de développement de la
Tunisie, à savoir la création d’emploi et des PME. C’est pourquoi l’invité
d’honneur fut M. Abdessalem MANSOUR, P-DG de la jeune Banque de financement
des petites et moyennes entreprises (BFPME).

Mais avant de passer la parole à l’invité du jour, Abdelaziz Dargouth,
président du CJD, a fait une présentation parallèle du Groupe OSEO BDPME
(Banque de développement des PME en France), créée en 1997, dont le rôle
essentiel est d’accompagner le entreprises petites et moyennes dans chacune
des étapes de leur existence, en favorisant leur accès au financement.

La BDPME regroupe les activités de crédit d’équipement des petites et
moyennes entreprises et de la Société française de garantie des financements
des petites et moyennes entreprises (SOFARIS) ; alors que la création de l’OSEO
remonte seulement à juin dernier par le rapprochement de la BDPME de l’ANVAR
(Agence française de l’innovation) et le GIE (Agence des PME).

On a également appris que la mission de la BDPME repose sur l’idée de
‘’partage du risque’’, en s’appuyant sur des techniques d’intervention,
principalement la garantie, le cofinancement et la consolidation.

En outre, la BDPME intervient en partenariat avec le système bancaire, soit
en partageant le financement mis en place, soit en garantissant
partiellement le remboursement de ce financement, soit en consolidant la
structure de bilan de la PME. Au final, l’intervention de la BDPME permet
aux PME d’accéder à des financements dont elles n’auraient pas bénéficié
spontanément compte tenu du coût du risque et du coût unitaire du traitement
des dossiers.

Concernant la Banque de financement des PME, il faut dire qu’elle a un
actionnariat cent pour cent public (l’Etat tunisien, Tunisie Télécom, le
Groupe chimique, l’Office de l’Aviation civile et des aéroports, l’Office du
commerce de Tunisie ainsi que la Société tunisienne de garantie).

A l’instar de la BDPME, la constitution de la BFPME s’inscrit dans le cadre
de la loi N°65-2001 du 1er mars 2005, avec un capital social à la
souscription de 50 millions de dinars.

La BFPME a deux missions principales, à savoir :
– compléter le dispositif de financement actuel afin de dynamiser le rythme
de croissance de l’investissement et de soutenir l’initiative privée en
favorisant l’émergence de projets innovants ;
– apporter l’assistance et le soutien nécessaires pour faciliter la création
de PME et favoriser le développement des PME existantes en finançant les
opérations d’extension.

Concernant les résultats, il faut dire que la banque a déjà à son actif 54
projets cofinancés par la BFPME (avec un montant total des approbations de
15,985 MDT) et 15 autres banques de la place (38,274 MDT), alors que 16
SICAR ont participé aux fonds propres de ces projets à hauteur de 8,932 MDT
; à préciser que le montant total des investissements de ces projets s’élève
à 65,403 millions de dinars tunisiens.

En outre, plus de 150 autres projets seraient à l’étude dont le coût total
d’investissement est estimé à près de 161 millions de dinars tunisiens.

A travers ces données, on aura compris que la BFPME –banque d’investissement
par essence- est obligée de s’allier aux banques commerciales et
institutions financières dans le financement des nouveaux projets, afin de
permettre de dégager des fonds de roulement pour les nouveaux promoteurs.

Jusque là tout va bien, ou presque, sauf qu’elle est loin de répondre aux
attentes réelles des nouveaux promoteurs dans ces conditions. Et pour cause
!

Concernant les taux d’intérêts, par exemple, la BFPME applique ceux
appliqués par les autres banques. Or, les nouveaux promoteurs de projets ont
du mal à supporter ces taux jugés par tous comme élevés.

Dans ce cas, pourquoi la BFPME n’a pas opté pour une autre solution compte
tenu de sa mission particulière qu’est celle ‘’d’apporter l’assistance et le
soutien nécessaires pour faciliter la création de PME et favoriser le
développement des PME existantes en finançant les opérations d’extension’’ ?
‘’Nous ne sommes pas venus concurrencer les autres banques, mais apporter
quelque chose de nouveau’’, a répondu d’emblée le patron de la banque. Sans
commentaires…

Concernant les fonds propres, là également tout semble corsé d’avance, parce
que le PDG de la BFPME a souligné qu’il est nécessaire que les fonds
apportés par le promoteur soient conséquents par rapport au budget
d’investissement global du projet. Que faut-il entendre par là ? Que le
promoteur devra apporter l’essentiel des fonds nécessaires à
l’investissement. Pourtant, on peut avoir une idée portant sur un créneau
porteur, mais les fonds, c’est une autre histoire !

Alors, comment situer l’apport de cette banque ? Au niveau des garanties, de
la souplesse, etc. ? Peut-être. Toutefois, nous pensons qu’il suffirait d’un
petit effort de la part des autres banques de la place pour jouer le même
rôle que la BFPME. Et ce même si un membre du CJD a conclu, peut-être de
façon hâtive, en disant que la BFPME est ‘’une banque qui ne prête qu’aux
intelligents’’, contrairement à l’adage selon lequel ‘’les banques ne
prêtent qu’aux riches’’. Mais quelle banque ou institution financière
pourrait se priver d’un projet bien ficelé et de surcroît concernant un
créneau porteur ? Va chercher !

Comme on peut le deviner, les débats furent houleux entre les jeunes
dirigeants et le patron de la BFPME M. Abdessalem MANSOUR, ce dernier ayant
tenté de convaincre l’assistance que la BFPME n’est pas une banque comme les
autres même si la collaboration avec ces dernières demeure indispensable…
compte tenu de sa nature.

Ainsi, sauf les questions ayant porté sur le rôle de la SOTUGAR (Société
tunisienne de garantie) et le financement de projets NTIC -auxquelles le
patron de la banque a apporté des réponses plus ou moins convaincantes, en
disant que la BFPME peut les financer-, la question se rapportant aux taux
d’intérêts et surtout celle concernant la participation des PME aux appels
d’offres publics n’ont pas semblé trouver les réponses attendues.

Car, comme on l’a souligné plus haut, sur les taux d’intérêt, rien à dire,
puisque la banque s’allie sur ceux du marché monétaire. Et c’est un des
reproches formulés à son égard, au vu de sa mission à un moment où la
création d’entreprises –et donc de l’emploi- est au cœur de la stratégie
nationale.

Quant au rôle de la SOTUGAR, à laquelle toutes les banques de la place sont
affiliées, il demeure méconnu par certaines agences bancaires qui refusent
même d’en entendre parler, aux dires de certains jeunes dirigeants.

A ce propos d’ailleurs, M. MANSOUR espère regrouper un jour sous la bannière
de la BFPME aussi bien la SOTUGAR que le Fonds d’amorçage (dont la loi et
les décrets d’application viennent d’être votés par l’Assemblée nationale).

En outre, on peut craindre que la banque se retrouve un jour dans une
impasse du fait de vouloir solliciter soit des crédits ou de participation
des instituions financières, telles que la BEI (Banque européenne
d’investissement) et la JBCI du Japon, dans son capital… Puisque, dans ces
conditions, il est clair que les conditions de crédit seront de plus en plus
difficiles pour les jeunes promoteurs. D’où notre crainte de voir la banque
rencontrer des difficultés dans l’accomplissement de sa mission, et ce même
si son patron rassure en disant que la BFPME étant un projet présidentiel,
elle a l’obligation de réussir.

 

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