Piratages : La Tunisie veut s’attaquer aux racines du mal

 

___________________________________

Par
Moncef
MAHROUG

 


piratge.jpgLe
ministre des Technologies de la Communication a clamé, du haut de la tribune
de la journée de sensibilisation organisée avec la Business Software
Alliance, que le moment est venu de «passer à une deuxième étape et de
sensibiliser les différents utilisateurs à la nécessité de respecter la
propriété intellectuelle».

Longtemps sujet plus ou moins tabou, la contrefaçon -notamment de logiciels-
est aujourd’hui sur la table. La journée de sensibilisation sur «la
protection de la propriété intellectuelle levier du développement de
l’économie et du secteur des technologies de la communication», organisée
mardi 24 janvier par le ministère des Technologies de la Communication et
Business Software Alliance (BSA), l’organisme défendant les intérêts des
grands éditeurs de logiciels, semble marquer un tournant dans ce dossier.

Certes, comme l’a rappelé M.
Montassar Ouaïli, ministre des Technologies de la Communication, en
ouverture de cette manifestation, la Tunisie est le premier pays africain à
s’être doté d’une loi sur la protection de la propriété intellectuelle et
avoir signé les conventions internationales s’y rapportant, et cela dès
1994. Mais au plan pratique rien, ou presque, n’a depuis été fait, puisque
la copie illégale de logiciels -mais aussi de CD musicaux et de DVD-
demeure, onze ans après, une pratique très répandue dans le pays, au point
que certains en font un gagne-pain et que dans le monde de l’entreprise et
même de l’administration certains n’imaginent pas d’autre manière d’acquérir
du software.

Toutefois, le gouvernement semble aujourd’hui décidé à vouloir prendre
le taureau, de la contrefaçon, par les cornes. Outre le contact établi avec BSA
-qui s’est fait représenter à la journée de sensibilisation par M. Laurent
Masson, vice-président pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et Mme
Nadia Ben Bahtane, porte-parole pour l’Afrique du Nord-, le discours que le
gouvernement tient désormais sur cette question, est assez clair.

Rappelant que cette première manifestation s’inscrit dans la continuité de
la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (Tunis,
16-18 novembre 2005), M.Ouaïli a martelé qu’on ne pouvait construire une
économie du savoir -objectif proclamé de la Tunisie- «sans une production
intellectuelle à haute valeur ajoutée, donc, sans une protection des
producteurs et créateurs dans ce domaine». Ce dont la Tunisie peut d’autant
moins faire l’économie, qu’elle ambitionne de porter la part de cette
nouvelle économie dans le produit intérieur brut à 18% – dont 8% pour le
seul secteur des technologies de la communication.

Aussi, souligne le ministre, le moment est venu de «passer à une deuxième
étape et de sensibiliser les différents utilisateurs à la nécessité de
respecter la propriété intellectuelle». Ce qui ne peut que renforcer
l’innovation, observe M.Ouaïli. Même si «on pourrait à court et moyen terme
se focaliser sur la question du coût» du respect de la propriété
intellectuelle. Auquel cas, et si on ne peut supporter le coût de l’utilisation
des logiciels propriétaires, certains pourraient se rabattre sur les
logiciels libre.

Mais l’objectif stratégique étant désormais d’instaurer «une culture de la
protection de la
propriété intellectuelle”, le ministre des Technologies de la Communication a
ainsi
invité les entreprises à y contribuer en donnant l’exemple.