«Mais
Madame, je ne veux pas acheter la boulangerie», car la brave boulangère
parisienne m’avait demandé pour 2 baguettes de pain 3,6 DT, soit l’équivalent
de 20 baguettes à Tunis de quoi nourrir un régiment, et ça c’est pour la
baguette, et pour le reste je ne vous dis pas, les euros défilent, défilent
et vous brûlent les doigts, et la pauvre allocation touristique se dilue
dans les méandres d’une économie trop riche pour des gens trop pauvres …
Avant, on connaissait le franc, on multipliait par 2, mais on se retrouve
maintenant avec leur équivalence européenne, c’est nettement plus compliqué
et beaucoup de Français ne se retrouvent pas dans cette étrange monnaie qui
rogne, rogne le pouvoir d’achat des gens, et attention à la consommation,
vous vous mettez à 2 dans un café et vous demandez 2 cafés et paf c’est 8
DT, vous allez au restaurant et le minimum c’est une gargote de chez nous et
c’est 10 DT, et dès que vous allez du côté des 2 magots ou vous rentrez dans
une boutique, calculez en euros et oubliez le temps d’une semaine votre
monnaie, sinon vous allez attraper des nausées. Il paraît par contre que les
seuls gagnants dans cette affaire ce sont les mendiants et les SDF, ils sont
payés en euros et plus en francs, soit 7 fois plus ….
Pour revenir au niveau de vie et à son coût, on reste interloqué devant les
écarts qu’il peut y avoir d’un quartier à un autre –sauf évidement pour les
produits de base– et dans Paris vous pouvez trouver dans un quartier un pull
à un euro et dans un autre quartier un pull à 100 euros, une fois enfilés,
seuls les experts font la différence. Pour le logement, c’est du pareil au
même, près de la tour Eiffel le mètre carré à l’achat est de 30.000 DT et
dans d’autres zones plus clémentes il est à 10.000 DT. Et quand un de vos
compatriotes achète un appartement, il doit mette 500 briques pour 30 à 50
m², la superficie de ma cuisine quoi ; et dire que là dedans ils arrivent à
loger les chambres, la cuisine, les toilettes, la salle de bain et même un
salon, je reste ébahie …
Quant aux hôtels, n’en parlons pas : un 3 étoiles relativement bien situé
est plus cher que le meilleur de nos hôtels, et le petit déjeuner n’est pas
compris. Ce sont des petits hôtels très conviviaux –moins de 100 lits– et
ils sont toujours pleins et la force de Paris ce sont ces hôtels qui sont
intégrés totalement à leur circuit économique et situés toujours à 2 pas
d’un point où l’on ne peut que dépenser de l’argent.
Car le maître mot de tout cela, c’est que tant que vous êtes dans cette
ville, votre main doit faire des aller et retour incessants entre votre
poche et la caissière qui vous tend un ticket, et si vous dépensez 1000
euros, vous avez mis systématiquement dans la poche du receveur des impôts
140 euros de TVA ; et alors, j’avoue qu’au retour, il ne me reste que
quelques pièces fatiguées dont je me débarrasse au free shop ou j’aurai au
moins économisé la TVA pour acheter des choses inutiles … Et retrouver mon
dinar, je le fais avec plaisir, bien qu’il glisse, glisse sur la pente
savonneuse pour que, tôt ou tard, il faille 2 dinars pour avoir un euro ….