Comme il
faut commencer à apprendre l’anglais, je demanderai un petit effort à mes
lecteurs pour traduire le titre et je voudrais continuer à parler de mon
séjour parisien :
Le hasard a voulu qu’un ami me prête un livre écrit d’une manière fort
agréable par Claude Allègre, professeur, membre de l’Académie des sciences
et qui a joué un rôle non négligeable dans l’évolution du système
universitaire français. Ce livre de 400 pages expliquait très simplement des
mécanismes physiques complexes comme l’indique son titre «Un peu de science
pour tout le monde».
J’avoue avoir commencé à lire cet ouvrage très bien écrit avec plaisir et
j’ai eu en cours de lecture quelques doutes : l’auteur sautait allégrement –
sic- de l’époque romaine ou grecque à Newton ou Galilée et shuntait
plusieurs siècles sans pour autant expliquer ni comment la chimie était née
ni comment s’est faite l’apparition de l’algèbre ; quant à la création des
chiffres, ce fut de la génération spontanée ….- pour ceux qui ne le savent
pas chiffre vient de “SIFR”.
Concomitamment en prenant le métro, je voyais le mot arabe sur des grandes
affiches, ce qui est tout à fait inhabituel, ce mot sentant généralement le
beurre ranci. Or il s’agissait d’une exposition à l’Institut du Monde Arabe
sur l’âge d’or des sciences arabes ….Il y a des sciences arabes ? Je ne
savais pas, allons voir ….. L’IMA est un beau bâtiment sur les quais et à 2
pas de la place Monge célèbre astronome, et j’accédai à cette manifestation
avec une certaine appréhension. Ce qui m’a tout d’abord surpris, c’est le
nombre de visiteurs et tous ou presque des toubabs.
Et ce fut absolument merveilleux d’écouter ces archéologues passionnés regarder ces équipements de mesures , ces outils de médecine, admirer ces
livres scientifiques sur la médecine, sur la chimie, ces astrolabes, ces
abaques, ces premières cartes, ces instruments de musique, de voir ces
automates fonctionner et tout un monde dont je ne soupçonnais même pas
l’existence –on m’avait toujours appris que la langue arabe ne pouvait pas
être scientifique, or combien de mots techniques viennent de cette langue :
chiffres , alambic, chimie, algèbre, alcool, etc.- et je regardai les
visiteurs qui étaient aussi abasourdis que je ne l’étais découvrir une autre
planète.
Devant un magnifique outil en ivoire sur lequel étaient dessinées des
abaques qui servaient à mesurer les angles, les distances et les hauteurs ,
réalisé avec une telle finesse il y a plus de 800 ans et qui peut encore
servir …que les larmes me vinrent aux yeux ; j’entendais une dame d’une
cinquantaine d’années –qui me précisai ensuite qu’elle était Belge et
professeur de technologie– soupirer et dire «mais pourquoi ils nous ont
caché tout ça, dorénavant je ne croirai même plus le bulletin météo à la
télé».
La description de cette exposition demanderait des pages et des pages et je
ne comprends pas pourquoi il a fallu que j’aille demander un visa, prendre
l’avion, chercher un hôtel pour aller voir une part de notre passé et quel
passé, et je ne comprends pas pourquoi nos agences de voyages et les
institutions concernées n’organisent pas des visites de ce trésor, qui
malheureusement ne pouvait être exposée qu’en terrain neutre …..J’espère
qu’ARTE rattrapera ça par de beaux documentaires
Et c’est ça Paris où la misère intellectuelle croise des trésors
incommensurables, l’on a traité M. Eiffel de fou quand il a construit son
«tas de ferraille» qui, encore à ce jour du haut de ces 300 mètres, illumine
le ciel de Paris et du Monde ….
Du coup j’ai oublié M. Allègre et son livre, je lui conseillerai d’aller
visiter cette exposition et d’ajouter un correctif pour tenir compte de l’arab
jump à son ouvrage, car comme nous le technological gap le guette – les
spécialistes français rédigent actuellement en anglais pour se faire
comprendre dans le monde de la science –et je dirai à cet éminent
scientifique que l’histoire est aussi une science– comme l’a écrit Ibn
Khaldoun l’un de nos 5 plus célèbres tunisiens qui ont marqué l’histoire, et
la terre elle tourne et peut-être dans quelques temps, peut être un siècle
voire plus, nos descendants iront visiter une exposition sur l’âge d’or des
sciences françaises mais il faudrait qu’ils comprennent le chinois ….