Depuis quelques temps, les langues se délient sur le concept ‘’de l’économie
du savoir’’. Sans dénier le bien-fondé de cette notion, le président de
l’université privée ‘’TIMES Université’’, M. Mohamed Damak a voulu donner
son point de vue sur la question.
D’emblée, il pose la question qu’il considère comme essentielle, à savoir :
‘’comment peut-on contribuer à améliorer la fécondité de la relation
économie du savoir et création d’entreprises et donc d’emplois ?’’. Voilà
qui nous place au cœur de la problématique.
Pour lui, il est indispensable de ‘’renforcer le principe de décloisonnement
entre l’autorité de tutelle du savoir, à savoir le ministère de
l’Enseignement supérieur, et celle du savoir-faire, c’est-à-dire de la
formation continue qui, elle, relève du ministère de l’Education et de la
Formation, ce qui signifie que nous avons deux autorités de tutelle’’,
souligne M. Damak. Mais selon lui, la formation continue constitue le relais
essentiel à même de favoriser la relation avec l’économie du savoir.
Cela implique davantage le secteur privé dans la contribution à la création
du PIB, contribution qui se situe aux alentours de 55%… Bien entendu, à ce
niveau, on touche, au sein de l’entreprise, à la structure de la R&D et cette
application pourrait être de l’ordre de 1% au même titre que l’Etat, et du
coup, on aura 2% comme budget national pour la R&D.
Voilà le préalable fondamental, puisqu’il va permettre de rendre féconde
cette relation entre l’entreprise et l’université, mais également inciter
les entreprises à séparer les structures du métier et celles de production ;
les premières étant chargées de la gestion du quotidien (administration,
gestion financière, ..), alors que la structure production ou projet
devrait, normalement, avoir du recul pour s’occuper de la gestion
investissement, donc de la R&D, permettant ainsi d’améliorer la visibilité
de l’entreprise en matière de développement, de veille technologique, de
stratégie, etc.
A partir de là, il est clair que l’entreprise va s’impliquer de manière
directe aux programmes de formation universitaire. ‘’Imaginons qu’on arrive
à s’inscrire dans un processus de généralisation de structure projet,
autrement dit de structure R&D au sein de l’entreprise, cela voudrait dire
qu’on va disposer, dans un certain temps, d’une information spécifique qui
nous indiquera, par rapport à l’ensemble du secteur économique, ce qu’il
faudra faire : dans 2-3 ans par exemple, on va avoir à réaliser une centaine
de projets dans le secteur agroalimentaire, une vingtaine dans le secteur
électrique et mécanique, une cinquantaine d’autres dans tel autre secteur,
etc.’’, souligne le président de TIMES Université.
A partir de ce qui précède, M. Damak tire une conclusion qui ne souffre
d’aucune équivoque : ‘’L’information étant disponible, l’entreprise devient
du coup demanderesse de projets, et elle va se diriger vers l’université
laquelle va traiter des projets qui répondent à l’attente réelle de
l’entreprise… A mon avis, c’est la seule manière qui permette d’établir un
lien fécond entre l’entreprise et l’université et qui produise de nouveaux
projets (soit investir, soit créer des filiales, soit externaliser, d’où des
vecteurs de création d’entreprise)’’.
Prenant à contre-courant ceux qui mettent en avant la création d’entreprises
par les jeunes, M. Damak considère que ‘’les jeunes n’ont pas suffisamment
de visibilité pour s’engager dans un processus réussi de création
d’entreprise alors qu’ils manquent d’expérience’’. De ce fait, il estime
plus judicieux de les encadrer au sein des entreprises (pendant 2, 3 ou 4
années) afin qu’ils puissent acquérir les mécanismes d’un professionnel, ce
qui est de nature à garantir le succès éventuel de leur projet.
Tout ceci pour dire enfin que, la relation entre l’entreprise et
l’université va permettre de produire des créateurs d’entreprises et donc
d’emplois.
Par ailleurs, le président de TIMES Université souligne la nécessité de
mettre en place des structures tripartites sectorielles qui regrouperaient
des représentants de l’UTICA, de l’université et des différents départements
ministériels ; des structures qui auront pour charge le traitement de
l’information. ‘’Car, encore une fois, ce dont ont besoin les entreprises,
c’est l’amélioration de leur visibilité qui ne peut se faire que par
l’information. Parce que la finalité ultime pour l’économie du savoir, c’est
l’entreprise, elle-même qui devrait pouvoir disposer d’une structure accueillante de
lancement et d’encadrement de projets, notamment une structure projet, un
concept qui mérite, à mon sens, d’être développé afin qu’il puisse gérer de
façon efficace la fonction investissement et R&D’’, dit-il.
Mais M. Damak a le don d’aller au bout de son raisonnement. De ce fait, et
puisque l’économie du savoir touche à tout ce qui a trait à la formation du
capital humain, R&D, communication, et il ne s’agit donc pas d’un concept
figé, il considère qu’il va falloir ‘’repenser le code d’incitations aux
l’investissements, car les avantages fiscaux et financiers, pour
l’enseignement privé par exemple, ne s’appliquent pas à l’investissement
immatériel ; on donne des avantages uniquement pour les investissements
matériels ; ce qui n’est pas le cas de la mise à niveau. Du coup, on se
retrouve en Tunisie dans une situation où nous avons un secteur qui
bénéficie d’incitations immatérielles et d’autres non’’.
Pour lui donc, il y a quelques
défaillances ou incohérences dans le code d’incitations aux investissements
qu’il est nécessaire de corriger… D’autant plus que, ‘’si la réglementation
en vigueur n’est pas cohérente, il est difficile de généraliser
l’intégration de l’économie du savoir au sein de l’entreprise. Je pense que
la refonte de ce code est indispensable, puisqu’il constitue, d’une manière
ou d’une autre, un frein à la généralisation de l’économie du savoir au sein
de l’entreprise…’’, conclut-il.