Mme Salwa
Smaoui, la nouvelle directrice générale de Microsoft Tunisie, vient de
souligner sans la moindre ambiguïté que le numéro Un mondial du logiciel
affirmait, plus que jamais, son engagement de continuer à protéger ses
clients et partenaires contre les risques du piratage. La chose est tout à
fait compréhensible mais, dans ce chapitre, nous suggérons à Microsoft de
jeter un regard neuf sur ses relations avec les pays en développement où le
pouvoir d’achat interdit pratiquement l’accès aux originaux.
Il faut d’abord clairement comprendre que personne ne met en cause le statut
de Microsoft, ni de tous les éditeurs de logiciels commerciaux. Nous avons
toujours été convaincus qu’au moins en ce qui concerne les entreprises, les
administrations, les institutions de toutes sortes…, les logiciels portant
la garantie d’un fournisseur reconnu étaient incontournables. Si le système
d’information d’une banque, par exemple, tombait en rade, celle-ci n’aurait
aucun recours si elle utilise des logiciels libres. Si, par contre, elle se
fournissait chez Microsoft ou consorts, elle aurait automatiquement un
vis-à-vis auquel elle pourrait demander des comptes.
Seulement, nous nous trouvons, de fait, devant une logique complètement
différente sitôt qu’il s’agit de monsieur-tout-le-monde. Tiraillé entre les
logiciels libres (qui sont presque gratuits mais généralement difficiles à
mettre en œuvre) et les logiciels commerciaux (qui sont améliorés en
permanence pour le confort de l’utilisateur mais qui coûtent comparativement
très cher), cet utilisateur individuel de base devient automatiquement la
cible facile des produits piratés.
Ce n’est évidemment pas par ‘’déviation criminelle’’ que les gens paraissent
ignorer les dossiers internationaux de propriété intellectuelle mais pour
une simple question de faiblesse du pouvoir d’achat. Mais la solution
existe. Elle consiste simplement en un effort de Microsoft à proposer des
produits à prix étudiés pour les pays en développement. Et ce n’est pas une
première puisque de nombreuses multinationales, particulièrement dans le
domaine des médicaments, pratiquent ce genre de ‘’ségrégation positive’’
pour proposer le même produit à des prix complètement différents, qu’il
s’agisse de les écouler par exemple en Europe de l’Ouest ou en Afrique
sub-saharienne.