Interview du directeur du projet euromed transport.Ralph-Michael Kaltheir
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Où en êtes
vous dans le projet ?
On vient de finir l’étude de diagnostic et le livre bleu qui renferme la
stratégie politique et institutionnelle commune pour le développement du
secteur des transports dans la région. Le tout est inspiré de l’expérience
européenne mais adapté aux spécificités de la région sud-méditerranéenne. Le
livre bleu couvre tous les domaines réglementaires et institutionnels comme
la privatisation, les normes de sécurité, la participation du secteur privé
ou les douanes. Le document doit être officialisé lors de la conférence des
ministres des Transports de la région, prévue en décembre à Marrakech au
Maroc. Après, on va passer au plan d’action.
Quels
résultats concrets attendez vous de votre projet ?
Un des
objectifs du programme MEDA, c’est l’intégration économique et commerciale
des pays méditerranéens. Les systèmes de transport en constituent une
composante essentielle. C’est vrai qu’il y a des projets et accords
bilatéraux entre l’UE et divers pays de la rive sud de la Méditerranée, mais
le plus important c’est de coordonner toutes les actions entre les 25 pays
de VUE et les 10 Partenaires Méditerranéens. D’ailleurs, un des principaux
objectifs d’Euromed Transport est ainsi de forger un nouvel esprit régional
multilatéral qui permettrait de développer davantage les échanges notamment
entre les pays de la rive sud de la Méditerranée.
Le commerce régional pourrait grandement bénéficier d’une amélioration de
la politique des transports…
La région renferme d’énormes potentialités dans le domaine commercial. Les
échanges sud sud restent toutefois très faibles avec 6% seulement du total
des échanges de la région euro-méditerranéenne, contre près de 60% entre VUE
et les Pays Partenaires Méditerranéens. Une infrastructure développée et une
politique de transport moderne et adaptée aux réalités de la région pourront
contribuer à l’amélioration des échanges sud sud méditerranéens. Il faut
surtout renforcer la participation du secteur privé.
Le transport est considéré comme un secteur stratégique pour beaucoup de
pays. Est ce que vous pensez que les pays de la région seront prêts à céder
cette activité au secteur privé ?
La privatisation des transports, notamment portuaires et des chemins de fer,
n’est pas un dogme, même en Europe. C’est un dossier sensible qu’il faut
traiter avec beaucoup d’attention. On peut déjà dire que le secteur privé
commence à jouer un rôle important dans ce domaine. Certains pays, tel que
la Tunisie et le Maroc, ont fait des progrès notamment en ce qui concerne le
transport aérien et maritime. Le transport routier est par contre dans la
main du privé mais il faut aussi le consolider et mieux organiser la
profession.
Que faut il donc faire pour développer le secteur ?
Il faut
donner la possibilité au secteur privé de participer, permettre aux sociétés
étrangères d’investir et de transférer leurs revenus Il faut aussi qu’il y
ait une autorité indépendante pour régulariser et organiser l’accès du
secteur privé, notamment dans le secteur portuaire. Les nouvelles politiques
sont orientées surtout vers la concession des infrastructures portuaires et
aéroportuaires. C’est vrai que ce mode de privatisation est très profitable,
mais à moyen terme.