On ne
parle plus que de cela ces derniers jours à Tunis : l’annulation des
retraits de permis de conduire et autres cartes grises. La décision a été
prise par le président de la République. Et, avouons-le, elle est salutaire.
Car on sait tous le dépit qu’on a quand on voit son permis ou sa carte grise
confisqué. Un dépit parce qu’on a commis une gaffe et qu’on ne
pouvait nous en vouloir qu’à nous-mêmes, et qui est fortement accentué quand
on a l’impression de ne pas avoir commis une faute ou, du moins, pas une
faute grave justifiant ce retrait. Griller un feu orange par exemple quand
la voie est dégagée.
Rien ne justifie d’enfreindre le code de la route, c’est indéniable, mais le
fait de se voir confisquer son petit sésame nous semble tout simplement
humiliant, éreintant et surtout contraignant et coûteux.
On connaît les gros problèmes rencontrés par les chauffeurs d’entreprises,
de taxis et de tous ceux dont le permis de conduire est leur outil de
travail. Les mesures radicales (retrait) servaient essentiellement à
dissuader ces automobilistes et camionneurs à enfreindre le code, mais qui
n’a jamais commis d’erreur ? L’erreur, sans gros dégâts pour les uns, peut
être fatale pour les autres. Et donc ce retrait du retrait est salvateur
pour plus d’un.
Seulement voilà, il ne faut pas, seulement, compter sur le civisme du citoyen après
cette décision fortement humaine, pour que le code de la route soit enfreint
à tort et à travers. De par leur exiguïté, nos rues sont déjà sujettes à de
vrais bouchons, imaginons alors que l’on a un sentiment d’impunité !
Le législateur, qui est en train d préparer les textes réglementant les
nouvelles procédures, prévoit des amendes à régler aux recettes
des finances. Mais ceci, à notre avis, n’est pas fortement dissuasif,
notamment pour certaines bourses aisées. Qu’est-ce qu’une amende de 100, 200
ou même 500 dinars pour un automobiliste roulant dans un luxueux 4×4 ?
L’amende qui peut déstabiliser totalement le budget d’un père de famille
roulant en voiture populaire, n’a pas le même impact sur un chef
d’entreprise. Il faudrait donc penser à mettre en application la
réglementation du permis à point. Une forte amende assortie de retrait de
quelques points du permis sert, à notre sens, à dissuader tous les
automobilistes. Après deux feux grillés et un excès de vitesse sur
autoroute, le chauffard doit voir automatiquement son permis retiré.
Il faudrait penser également à ceux qui constituent un vrai danger sur la
route : un chauffard avec un fort taux d’alcoolémie, une voiture en état
déplorable n’ayant pas passé sa visite technique depuis belle lurette, un
excès de vitesse important (en autoroute à 200 à l’heure par exemple).
Une réglementation prenant en considération ces excès est, à notre avis,
nécessaire pour ne pas voir les accidents de la route accroître, tout en
ménageant les pères de famille et autres conducteurs qui ne commettent une
infraction que par … accident !