Ahmed El Karm : Rien n’exclut le recours d’Amen Bank à une notation
Ahmed El Karm
Rien n’exclut le recours d’Amen Bank à une notation
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Le
passage à Bâle II nécessite de la préparation, donc du temps, souligne le
Vice-pdg de l’Amen Bank. Qui rappelle ce que fait sa banque dans la
perspective de cette échéance.
Lors d’un séminaire sur les «réglementations bancaires comparées et le
passage à Bâle II», M. Taoufik Baccar, Gouverneur de la Banque Centrale a
déclaré que «l’action des autorités tend à se focaliser sur un renforcement
des normes existantes en matière de gestion des risques pour préparer
l’adoption, sans heurt, de toutes les nouvelles exigences de Bâle II». Ce
qui veut dire que les banques tunisiennes ne sont pas encore prêtes pour
passer à Bâle II. Partagez-vous cette analyse ?
Ce qu’a dit le Gouverneur de la Banque Centrale est tout à fait vrai. Des
réformes profondes ont été menées pour assainir la situation du système
bancaire tunisien. Ces réformes sont en train de donner leurs fruits. Mais,
inévitablement, l’œuvre demande du temps. Et les conditions d’une entrée en
vigueur des règles de Bâle II sont en train de se mettre en place
progressivement. Je pense qu’au moment opportun, toutes les banques seraient
prêtes pour assumer ces nouvelles règles prudentielles conçues, d’ailleurs,
principalement pour les banques à activité internationale.
Mais l’assainissement ne prend-il
pas plus de temps que prévu ?
Non. Au contraire, en Tunisie, les autorités monétaires ont préféré agir
rapidement. Regardons le cas d’autres pays, comme le Chili, le Japon, etc.
Au Chili, par exemple, les autorités ont donné aux banques un siècle pour
assainir leurs situations. Dans ce domaine, des délais de trente ou quarante
ans sont tout à fait courants. A défaut, ce sont les pouvoirs publics qui
apportent un important soutien financier pour régulariser la situation des
banques en difficulté.
Donc, on peut dire qu’en Tunisie les autorités monétaires ont voulu agir
vite pour pouvoir présenter un système bancaire respectant,
réellement, les normes internationales dans les délais les plus courts.
Que reste-t-il encore à faire pour
que le système bancaire soit en mesure de se conformer aux règles de Bâle II
?
La situation des banques s’améliore d’année en année. Bien sûr, la situation
diffère d’une
institution à l’autre et on ne peut pas, effectivement, traiter toutes les
banques de la même manière. Mais le fait que les autorités tunisiennes aient
privatisé certaines banques de la place signifie qu’elles cherchent à les
installer dans un processus de restructuration serein et dynamique. Le fait
également que les banques montrent une volonté réelle pour accélérer le
provisionnement des créances classées en y réservant une bonne part du
produit net bancaire montre un souci évident pour donner la priorité à une
couverture suffisante des créances classées.
Certaines banques de la place vont même jusqu’à renoncer à annoncer des
bénéfices préférant affecter tous leurs résultats aux provisions. Ces
mesures montrent clairement qu’il y a une plus
grande prise de conscience pour donner la priorité à la consolidation des
assises financières des banques.
Peut-on avancer une échéance pour le
passage à Bâle II ?
On peut difficilement le faire, le dossier se gère d’une manière
pragmatique. L’essentiel est de
constater que l’évolution est désormais positive. La préparation en vue du
passage aux normes de Bâle II s’opère d’une manière cohérente. Il y a
notamment la réforme du système d’information des banques pour qu’il puisse
supporter les exigences de Bâle II avec ce que cela nécessite, comme
l’existence d’un système de notation.
La préparation se manifeste également à travers le souci de mettre en place
un système efficace d’audit et de contrôle des engagements et des procédures
bancaires. Bâle II implique une nouvelle culture qui rompt avec les
anciennes pratiques. De ce fait, il ne faut pas brusquer les comportements
pour ne pas avoir d’effets pervers. Il vaut mieux planifier les mutations de
manière sereine pour être sûr d’atteindre les objectifs visés.
Où en est l’Amen Bank en matière de
mise à niveau ?
Amen Bank a fait un important effort pour moderniser son système
d’information. Nous disposons aujourd’hui d’un système d’information qui n’a
rien à envier à ceux des banques internationales. Pour certains métiers,
Amen Bank est à la pointe du progrès. Par exemple, chez Amen Bank, la chaîne
‘’financement’’ fonctionne d’une manière totalement électronique, sans
support papier. Tous les niveaux de responsabilité contribuent à la décision
de financement sans avoir à attendre le transfert des documents et confirme
leurs décisions par recours à la signature électronique.
De même, au niveau de l’Internet, Amen Bank propose des solutions de banque
directe largement étendues et totalement sécurisées.
Et en matière d’assainissement du
portefeuille ?
Nous continuons à le faire. D’abord, nous veillons à ce que les nouveaux
risques se prennent
d’après des règles orthodoxes. Ensuite, nous activons le recouvrement des
créances par l’utilisation des mécanismes novateurs. Enfin, nous fournissons
un effort important de provisionnement pour assurer une couverture
suffisante des risques et ce, indépendamment des garanties constituées.
Est-ce en raison de leur inaptitude
actuelle à se mettre aux normes de Bâle que les banques tunisiennes évitent
de se faire noter par des agences de rating ?
Non, les banques se font noter.
Pas toutes.
Effectivement. Mais l’absence de notation n’a pas empêché Amen Bank, par
exemple, d’obtenir l’accord pour sortir sur le marché financier
international pour lever l’équivalent de 50 millions d’euros, à des
conditions très intéressantes et surtout, sans recours à la garantie de
l’Etat. L’opération n’a pas encore été réalisée à cause d’un problème de
couverture du risque de change.
En effet, l’objectif est d’arriver à ce que les ressources mobilisées en
devises nourrissent des
crédits en dinars à des taux au moins équivalents à ceux pratiqués sur le
marché domestique. Cela exige que la commission censée couvrir le risque de
change ne vienne pas grever, outre mesure, le coût final du crédit pour
l’entreprise utilisatrice.
Ceci étant, le fait de pouvoir sortir sur le marché financier international,
parrainé par des banques européennes de premier ordre, suppose que bien que
non notée, Amen Bank est évaluée positivement par les bailleurs des fonds.
D’ailleurs, rien n’exclut le recours d’Amen Bank à une notation volontaire
et ce, dans les délais les plus rapprochés.