Qu’elles
soient chefs d’entreprise, cadres supérieurs, ingénieurs ou à toute autre
fonction, les femmes tunisiennes vivent dans un cadre privilégié qui leur
permet de prétendre aux premières places. Néanmoins, comme cette situation
est propice à la multiplication des ambitions, il nous semble opportun de
s’interroger sur ce qu’elles voudraient de plus dans l’immédiat pour se
sentir totalement heureuses.
Nous avons posé la question à quatre de nos consœurs cadres, dont trois
femmes mariées qui ont des enfants. Leurs réponses sont assez
impressionnantes.
Pour Mme Mouna, ce qui manque aux femmes tunisiennes c’est un travail
supplémentaire qui mise sur l’évolution de la mentalité des hommes pour
faire qu’ils soient moins ‘’macho’’. Pour Mlle Imen, elle déplore que, quel
que soit le niveau de l’homme, son regard à l’adresse des femmes persiste à
la prendre de haut et elle estime que c’est une attitude plus respectueuse
qui manque à la femme tunisienne. Même son de cloche pour Mme Abir qui
dénonce un phénomène persistant de ‘’Sî Sayyed’’ (du nom d’un personnage qui
menait une double vie dans un roman du prix Nobel de la littérature Néjib
Mahfoudh) avec des hommes qui se comportent comme des seigneurs à la maison
et qui n’aident à rien. Quant à Mme Zohra, elle insiste sur le fait que les
hommes ont démissionné et qu’ils se reposent complètement sur la femme pour
tout ce qui touche à la famille avec ce résultat qu’elle se retrouve, de
facto, avec deux ‘’boulots’’ ; l’un professionnel et l’autre familial.
Ce qu’il faut relever dans les témoignages de ces quatre jeunes femmes
tunisiennes, c’est qu’elles ont dirigé leurs observations vers des questions
qualitatives de considération, de respect et de partage. Pas de doléances
sur des inégalités, ni sur des embûches professionnelles dues à leur
‘’genre’’ (comme dirait l’ONU), ni encore sur les perspectives de carrière…
Ministres, ambassadrices, PDG, n°1 de banques, hauts fonctionnaires… les
femmes tunisiennes ont toujours été à l’avant-garde dans le monde arabe et,
aujourd’hui, ce qui leur manque c’est apparemment la… nuance !