Aden et après

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Pa
r Ibtissem

apne1_100306.jpgDe
Sanaa à Aden, il y a environ 400 km et une dénivelée de 2200 m ; la
route, en parfait état, descend inexorablement vers l’un des plus grands
ports du monde que la perfide Albion a occupé plus de 135 ans. Parmi les
choses les plus amusantes : le long de cette route que l’on parcourt en 6
heures, ce sont les ralentisseurs en terre que les vendeurs astucieux de “qat”
mettent en place pour vous obliger à ralentir et vous rendre compte de leur
présence, une manière comme une autre d’accrocher le client, et il semble
que ça marche.

Aden, ville portuaire et totalement différente de la capitale ; ressemble à n’importe quelle ville occidentale n’eut été les silhouettes
féminines furtives et filiformes dont on n’aperçoit que les yeux que le khôl
met en évidence et qui donnent toute l’expression au visage.

Aden semble, de par sa position géographique, avoir freiné les coulées de
lave, et les montages qui la bordent y créent des criques superbes où se
nichent des hôtels de luxe fréquentés par des touristes épris d’exotisme.

Aden a toujours fait l’objet de toutes les convoitises de par sa
situation stratégique à l’entrée de Bab El Mendeb, ce détroit de 10 km entre
le Yémen et Djibouti et par où passent les bateaux qui traversent le canal de Suez avant
de rejoindre l’Océan indien et le monde.

Aden est aussi une ville qui recherche son âme après avoir subi plus d’un
siècle d’occupation dont, semble-t-il, ne reste aucune trace positive si ce
n’est la frondeur affichée de jeunes yéménites se trémoussent sur les pistes des clubs des hôtels touristiques de
la région. Le spectacle est surréaliste et ….triste, mais plein d’espoir !

D’ailleurs, dans ces palaces, il y a une hiérarchie bien claire, les tables
situées au bord des pistes sont réservées aux riches saoudiens, ensuite
viennent les touristes, enfin les locaux, et la garniture des tables est
conséquente ainsi que le nombre de billets de banque qui virevoltent sur les
chanteurs et danseuses orientales, tradition fort spécifique qui,
semble-t-il, sert à faire payer l’orchestre et les animateurs de la soirée.

Pour revenir à la hiérarchie, le pays, qui balance entre un rigorisme
“sanaaen” et une ouverture “adesniste”, est structuré en 3 couches sociales bien
distinctes qui me rappellent mes cours d’histoire quand mes ancêtres étaient
des Gaulois aux yeux bleus :

– les
gueux, qui balaient les rues et nettoient les villes, ils habitent
généralement dans des tentes de fortune en plastique –en bleu !
– les métiers –coiffeurs, bouchers, et autres…,
– la race des descendants du Prophète.

Ces
couches sont ou seraient imperméables et dans un pays de 30 millions
d’habitants, où il y a plus de 3 millions d’élèves scolarisés –les filles et
les garçons séparément–, il ne peut y avoir que de l’espoir, car ce que j’ai
pu constater, c’est que ce pays travaille, et les Yéménites créent des
projets, font des erreurs et cherchent des remèdes et avancent, avancent ….

Enfin, pour conclure, quand vous discutez avec un Yéménite de race, il
arbore fièrement son poignard à la lame recourbée qu’il porte autour de la
ceinture et on constate que ce bel instrument est essentiellement décoratif;
un objet chargé d’histoire dans un pays qui tient à son passé tout en se
tournant résolument vers l’avenir.

Tout est encore à découvrir et on ne peut qu’y revenir….